…. et la fin des Partis ?
En s’en tenant au principe que le plus long cycle témoigne du courant collectif le plus déterminant, c’est le sextile Neptune-Pluton qui doit dominer notre fin de siècle (Astrologique n°18). La question posée est de savoir ce qu’il faut en attendre. Les astrologues répondent selon des connaissances et un langage qui ne sont pas forcément accordés aux messages célestes.
D’où la diversité des réponses et le crédit relatif qu’il faut leur accorder.
Crise d’énergie, crise de civilisation… l’ambiance du bateau est au tangage. Sous l’échéancier des horloges ultra-lentes, les hommes sont invités à réfléchir, et si possible à changer de style. J’ose espérer que personne n’incline à croire que les pollutions, violences, massacres et festivités humaines du même acabit sont les fruits saignants du ciel et des planètes. Ni Mars, ni Pluton, ne sont responsables de nos crimes et erreurs. Ils ne nous en laveront pas.
Les planètes-horloges posent des problèmes d’équilibre et d’adaptation.
Ce sont les hommes seuls qui donnent les réponses. Jusqu’à présent, on ne peut pas dire qu’elles aient été judicieuses. C’est que l’équilibre est une position difficile à trouver lorsqu’il faut tout concilier, tout prendre et ne rien lâcher. La pluralité des tempéraments entraîne, face à des situations identiques, des réponses divergentes. Les dominateurs étant des gens pressés, les réponses aux problèmes collectifs ont été historiquement le fait de caractères individualistes, exclusivement doués pour l’immédiat, le court terme. Inutile de faire un dessin sur les conséquences. La planète est généralement sous emprise des vues courtes et mémoires brèves, parce qu’elles décident vite… du sort des autres.
Les « longs termes », moins dominateurs, laissent paître le mérinos. Leur paradis n’est pas sur Terre, et du haut de la sagesse, on est toujours aux premières loges pour assister, au jour qui en vaut un autre, à la déculottée des mémoires courtes. Cette logique des implications, je ne l’ai que trop dit, découle du modèle R.E.T. (Représentation-Existence-Transcendance), le niveau des mots (« Représentation ») étant à la fois celui du pouvoir et du court terme, le niveau des choses (« Existence ») celui des confrontations et du moyen terme, le niveau des inconnus (« Transcendance ») celui des réalités complexes et du long terme.
Ce langage véritablement astrologique, parce qu’adapté aux signaux planétaires, nous permet de comprendre pourquoi les décisions majeures prises par les dominateurs ne répondent pas aux besoins du long terme et finissent par léser aussi bien les sources d’équilibre complexe que les aspirations spirituelles de l’ordre de la contemplation, la non-efficacité, le non-pouvoir, le droit à l’absence et la mort tranquille.
Les mémoires brèves ont mis la Terre au bord du gouffre à force de rationalisations primaires, de délire technocratique, de triomphalisme débile. Les mémoires longues, introverties, se sont jusqu’ici retirées sur des montagnes, laissant la Terre aux bâtards de Prométhée. Il reste aux mémoires du moyen terme à se remuer pour éviter qu’en cette échéance céleste de Neptune-Pluton, les courtes vues n’imposent encore leurs manigances.
L’interprétation de l’aspect dominant du siècle est sans fioriture. Neptune, dont la formule est le passage du niveau complexe (long terme) au niveau Mars du duo-duel (moyen terme) incite davantage les mémoires longues à intervenir dans le temporel. C’est pourquoi nous assistons au retour du sacré, à l’activisme du prêtre, à la montée de nouvelles sectes, chapelles et églises, proposant leurs solutions à l’égard du monde réel et non plus à l’égard de l’intemporel.
Les natures sélectivement sensibles aux incitateurs célestes du pouvoir personnel sont battues en brèche, parfois vidées, éjectées, comme des malpropres. A l’heure de Neptune, notre planète n’a plus besoin des seigneurs et maîtres de la courte vue. Les dominateurs n’ont pas le renoncement facile. Au moment où les hommes sont mis en condition de trouver remède aux déséquilibres des erreurs prométhéennes, le don de métamorphose du pouvoir peut encore lui permettre de se maquiller en révolution spirituelle. Interrogez-vous sur la commercialisation des vies futures et antérieures, des Ovnis et du paranormal.
La possibilité qui s’offre à nous n’a rien à voir avec ces charognards de l’esprit. Elle est
« Marsienne », tournée vers la conquête d’un réel à la fois raison-déraison, cause-effet, pensée-acte. Le réel n’est pas fait seulement de tables tournantes, il est aussi fait de moments où elles ne tournent pas. La réalité de l’homme est dans le couple dynamisant de forces antagonistes et ces forces ne sont pas des idées fixes.
Dans le contexte d’un réalisme Neptunien dévissant les courtes portées de nos simplifications, que vont devenir les partis ? Par définition, un parti est polarisateur organisateur de la comple-xité. Il la réduit à un emblème, un mot d’ordre, un comité. Il va, de bas en haut, d’une base créatrice sans autorité à un sommet autoritaire sans créativité. Les partis sont des pyramides, dures ou molles, avec une structure de déséquilibre constant entre ceux qui créent et ne décident pas, ceux qui décident et ne créent pas.
En ces jours de déstabilisation, les partis ont le réel aux trousses. Il les pousse, les trahit, les prend de court, leur gâche l’absolu de la doctrine du court terme paré d’éternité. Voyez chaque affaire un peu délicate où il y a une nouvelle invention « diabolique » du réel, c’est-à-dire la vie imprévisible sauf pour ceux qui connaissent son relief face aux platitudes dogmatiques. Le cadre conceptuel de chaque parti éclate, les brebis s’égarent et font du mauvais lait pendant que les bergers ajustent leurs réponses au réel en ayant soin de faire comme si De Gaulle, Karl Marx, Mao, ensemble, séparément ou deux à deux, avaient parfaitement prévu le coup et son remède. Parce que des hommes, minorité mouvante, commencent à savoir lire dans le réel et reconnaître, quelle que soit l’annonce, le fruit avant l’arbre, les partis battent de l’aile, cherchant de nouveaux discours, de nouveaux trompe-l’oeil.
Une mi-gauche joue un peu de droite, une mi-droite clignote sur sa gauche… et se dire « radical » par les temps qui courent c’est assuré-ment vouloir assurer le gagne-pain des chansonniers. A moins d’adopter des structures archi-souples, des mots d’ordre ambigus, les partis qui visent le pouvoir ou leur propre survie sont voués au naufrage. L’avenir est à la bi-polarisation. Il est surtout à un nouveau-réalisme défiant à l’égard des papes du discours. La révolution Neptunienne, si elle réussit, implique une mentalité collective plus ouverte au langage des comportements qu’à celui des rhétoriques.
Y aura-t-il des partis, assez intuitifs pour prendre le vent avant que d’autres formes de communautés humaines ne se créent pour les dépasser ?
Au ciel les problèmes, aux hommes les solutions… mais le problème est devenu trop grave pour admettre les solutions des mémoires brèves.
Si les partis veulent survivre il leur faudra adopter une autre mémoire…