¬ Entretien avec Patrick Le Guen

Patrick Le Guen : Jean-Pierre, en tant que chercheur en cosmogonie et initiateur d’une astrologie « moderne », tu as su réactualiser il y a déjà près d’un demi-siècle (La Condition solaire est parue en 1964) les contenus de l’astrologie classique et symboliste en les dépoussiérant de leurs approximations théoriques et de leur savoir en grande partie éculé. Les novateurs ou découvreurs sont rarement reconnus ou acceptés tant ils bousculent les paradigmes d’une époque, d’une culture. Avec le recul de l’ « homme sage » – tu vas bientôt avoir 86 ans – comment vis-tu et quel regard portes-tu aujourd’hui sur cette position de précurseur et novateur dans une discipline encore très ancrée dans le passé et si peu ouverte sur les savoirs de notre époque (du moins en France) ?

Jean-Pierre Nicola : Sans remonter au déluge, étant né en 1929 (année de crise, déjà !), puisque tu évoques le regard d’un « ancien de 86 ans » sur son bilan, j’en profite pour parler de la théorie des âges, une superbe preuve, exempte de statistiques, de l’adaptation de l’espèce humaine aux cycles majeurs, ceux qui forment l’ensemble ordonné du système solaire. Tu connais la formule qui relie thème d’âge (Th.âge), thème natal (Th.natal), thème céleste post natal (Th.céleste), celui des transits à une date donnée après la naissance. En ne considérant que les positions écliptiques, géocentriques pour les praticiens, géocentriques et héliocentriques pour les chercheurs et praticiens, on pose :

Th.âge = Th.céleste – Th.natal,

Concrètement : à partir d’une date de départ, on calcule les différences angulaires, de 0° à 360°, entre les positions d’origine et les positions d’arrivée (thème céleste). On reporte les résultats sur un cercle gradué, en évitant de le confondre au zodiaque car il n’est question que des angles, particuliers lorsqu’il s’agit d’aspects. Une planète de retour à sa position de départ, sa révolution sidérale en héliocentrique, se place à 0°du thème d’âge, son demi-cycle à 180°, son quart à 90°, son trois-quarts à 270°, etc. S’il y a, selon l’âge, plusieurs tours, le dernier incomplet, on ne tient pas compte des tours, mais de la partie fractionnaire. C’est ce qu’on appelle la mathématique de l’horloge, on efface les heures, on garde les minutes.

Ainsi que dans la pratique des transits, auxquels le thème d’âge est associé, les avances des planètes lentes au-delà du premier retour de Mars (1,88 an) gagnent en importance, l’ordre des vitesses angulaires étant le premier fondement astrométrique de l’astrologie naturelle (de la Lune à Pluton à la naissance, de Pluton à la Lune pour les transits). Contrairement à une critique délibérément hostile, le thème d’âge s’applique à toutes les planètes. En calculant le thème d’âge pour le 3ème mois on constatera que les planètes lentes n’ont guère avancé ! La dominante revient à la planète qui progresse vers la fin de son premier tour avant les autres, nullement éliminées puisqu’elles prennent successivement la suite. Cette hiérarchisation universelle n’exclut pas la hiérarchisation natale, indispensable à une interprétation affinée des transits, par conséquent du thème d’âge. A 84 ans, malgré Jupiter dans ses heures fortes à la naissance, on ne consomme et ne dépense pas l’énergie d’un gamin parloteur, toujours en mouvement, plein d’appétits et de projets à court terme. Au seuil de l’au-delà, l’extraversion, la compétition, le paraître, n’ont ni cibles, ni impacts. Cependant, sans souci du ridicule, certains persistent dans les fanfaronnades et les plans d’avenir. Les fonctions planétaires s’interprètent et se vivent différemment selon leurs rangs, dans la hiérarchie natale et dans l’universelle. Une interférence qu’on ne saurait figer dans les typologies caricaturales des âges de la vie, inappliquées et inapplicables.

Né à l’heure forte de Neptune au plus bas de sa course quotidienne (Fond-du-Ciel, azimut plein nord), à 85 ans, pour un premier tour dont je ne verrais pas la fin, ma 2e dominante natale, ayant accompli son demi-cycle (164,8 / 2 = 82,4 ) a pris le relais d’Uranus (cycle de 84, 02 années) en transitant le plus haut de sa course quotidienne, azimut plein sud.

La question devient : qu’as-tu fait de ta vie et que fais-tu (fétu de paille) de ce transit de Neptune, de son renversement des hauteurs et des pôles ignoré des symbolistes ? L’horizon devant soi étant limité, on regarde en arrière. A partir de ma seizième année où j’ai rencontré l’astrologie sur les quais du cours d’eau qui traverse Nice, je revois mon parcours du combattant sur une patinoire. Une suite de tribulations de chercheur marginal, car j’ai compris très tôt que les constats positifs de l’astrologie (je laisse les négatifs aux prévisionnistes de fins du monde successives) ne seraient reconnus qu’avec une explicative naturelle cohérente, au moins admissible. En général, et surtout en France, une conviction qui n’est pas du goût des astrologues. D’où, dans la majorité franco-latine, une indifférence attentive à ne pas démentir les contrevérités d’un anti-conditionaliste vengeur. Chacun pour soi dans les querelles de palais. Mieux vaut copier, emprunter, pasticher, que contrarier un devin aigre, millésimé cassandre mal embouché. Dans le milieu que j’ai fréquenté, j’ai cru que La condition solaire, publiée en 1964 (cinq années d’écriture, premier semestre dans le Hoggar) entraînerait quelques astrologues clairvoyants à oublier leurs divisions, pour défendre et pratiquer l’astrologie sur les bases réalistes des astronomes-astrologues fondateurs. Réactions authentiques : le zodiaque photopériodique n’est qu’une vue de l’esprit, un replâtrage de façade, et d’ailleurs, en Russie, Freud a supplanté les étroits couloirs de la réflexologie de Pavlov. En fait de rassemblement, La condition solaire est à l’origine de ma rupture avec l’ex-Centre International d’Astrologie et les membres de son bureau. Les conditionalistes ont resserré les rangs et nous avons fondé le COMAC, aussitôt qualifié de chapelle sans avenir par un fidèle d’Empedocle.

Au terme de la demi-boucle de Neptune en secteur X (Représentation de référentiel Objet, en définition conditionaliste), les états d’âme n’ont guère d’intérêt. La goutte d’eau qui fait déborder le vase a du mérite mais reste une goutte d’eau. Continuateur des premiers conditionalistes, Ptolémée, Cardan, Kepler, et même Morin de Villefranche, en revenant à l’astronomie d’observation, j’ai remis l’astrologie sur pied, en contact avec la Terre et sa gravité liée à celle de toutes les planètes ; augmenté l’envergure de ses ailes pour voyager (d’un coup d’aile jusqu’à Université d’Hawaïi par exemple.), s’affranchir de l’enfermement dans un référentiel exclusif, notamment d’un Sujet cloisonné au centre d’un horoscope d’idéogrammes et de papier, comme si le ciel et les sciences humaines étaient étrangères à toute physique. Des ailes pour aller au-devant d’autres savoirs (biophysique, neurobiologie notamment) reprendre place dans les universités libres de tout dogmatisme.

Claude Olievenstein, auteur de Naissance de la vieillesse (Ed.Odile Jacob, Paris 2000) met en symétrie, évidemment à son insu, Saturne et Neptune de formules inverses dans le R.E.T, la fonction de reproduction (adolescence, Saturne) et la fonction de transgénération (Neptune oblatif dans les meilleurs cas, succédant à Uranus fin de cycle). Je le cite : Nous recevons de nos parents pour donner à nos enfants. La vieillesse devient ainsi un passage transgénérationnel. Elle a une mission. Elle n’est pas que subie. Elle participe de tout le genre humain dans la longue chaîne de la vie. L’autre écoute puis parle. Il nous dit comme nous lui disons. Alors, nous ne sommes pas ici pour la seule reproduction. Nous sommes créateurs d’histoire, donc de sens. La naissance de la vieillesse, c’est l’entrée dans l’âge où la transmission peut s’accomplir.

Nous voici rendus à une interrogation partagée par ennemis et amis du changement : la rupture épistémologique introduite par le conditionalisme (je cite Max Lejbowicz) sera-t-elle enterrée ou pérennisée après la fin biologique de son ré-novateur ? L’espérance et la crainte s’affrontent et changent de sens en changeant de camp. Il y a une trentaine d’années, selon un traditionaliste quasi-intégriste, le R.E.T. devait mourir avec le mental de son auteur. Aujourd’hui, Hadès le bien nommé, aurait plus à craindre qu’à espérer. Depuis La condition solaire de 1964 jusqu’à la parution du Ballet des coïncidences pour son cinquantenaire, les héritiers disposent de nombreuses publications déposées à la Bnf (une sacristie ), d’articles de formateurs, d’archives de magazines ; sur Internet la ‘chapelle’ signalée par Wikipédia, est présentée de façon intelligente, les sites se sont multipliés… et ton cours a du succès auprès d’élèves étonnés de découvrir une astrologie différente des astromancies mercantiles et des falsifications de l’anti-astrologie militante.

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PLG : L’Astrologie Conditionaliste est de plus en plus citée, de plus en plus recherchée et appréciée pour la rigueur et le réalisme de son approche. Mais elle dérange aussi, car elle ne cède pas aux modes, ni à la culture du fantastique et de l’immédiateté, elle ne donne pas de recettes, bref elle ne fait pas dans le facile et la séduction. Est-elle à ce point à contre-courant et de son époque et de la culture astrologique dominante ?

JPN : Le contre-courant conditionaliste s’oppose à un courant dominant médiatisé qui, en fait, ne présente pas un front uni. Plutôt qu’un courant évoquant un flux dynamique, je parlerai d’un marécage, avec une faune et une flore romanesques, pas du tout dangereux pour les promeneurs et les technocrates qui voudraient bien l’assécher. Avec le Tour de France on a l’image d’un courant de cyclistes suivant le même parcours. Rien de comparable chez les astrologues. Chacun trace son parcours, tout le monde arrive premier. Je ne plaisante pas, les intéressés le reconnaissent : il y a autant d’astrologies que d’astrologues. Par contre, leurs adversaires, astronomes et scientifiques rivalisent dans une voie unique vers le même but : le triomphe de la science. Les novateurs d’abord rejetés, une fois morts sont encensés ou oubliés, selon la conjoncture. Il faut s’instruire de l’histoire des sciences (je conseille une collection récente « Grandes idées de la science ») pour comprendre pourquoi, comment la science, de référentiel Objet, a construit son hégémonie en éliminant les référentiels rivaux : l’Intégration, ses religions et ses métaphysiques, le Sujet et ses psychologismes variés. En emboîtant les acquis successifs, purgés des suicides aux squelettes encombrants, l’Objet à l’état pur est transmissible sans problème de morale. Face à cette unité froidement organisée, la multiplicité des écoles astrologiques s’explique par les tentatives d’imitation. Les astrologues conscients de l’insuffisance de l’héritage traditionnel (Eléments, Maisons, Signes) s’efforcent de les moderniser en s’appuyant sur les théories psychanalytiques, philosophiques, qui ont rénové le symbolisme. Si intéressantes soient-elles, dans ces rénovations le Sujet reste omnipotent, l’astrométrie indigente. Or, et dans Le Ballet des coïncidences, j’ai insisté : il apparaît historiquement que les systèmes de pensée, les idéologies mystiques ou laïques, qui prétendraient fonder la globalité sur un référentiel unique sont condamnés à l’échec ou à se transformer en leur contraire ! La science causaliste, devenue probabiliste, coexiste avec la religion, bête noire du siècle dernier. De grands scientifiques n’en font plus mystère et d’aucuns pensent que les Sciences et les Arts sont promis à des mariages féconds.

L’évolution est mère de la diversification. Internet a précipité l’évolution dans une diversité prolifique mêlant informations et désinformations, le vrai-vrai au faux-faux, le faux-vrai au vrai-faux. Retenons le positif d’une liberté d’expression exceptionnelle : les astrolophobes ne peuvent plus faire autorité de leurs phobies. Ils s’exposent à être lus par des internautes avertis qui vérifient leurs fables et ripostent sans être censurés comme le font les chaînes de TV pour les débats en différé lorsqu’un astrologue a la langue trop bien pendue. Ceci vaut pour les débats entre écoles astrologiques rivales. Livrés à eux-mêmes, les internautes surfent ou approfondissent selon leur tempérament. Ils ne subissent aucune pression extérieure autre que leur humeur ou leur désir de vérité. La sélection est sévère, les ricaneurs continuent à ricaner, les curieux ont des chances d’apprendre tout ce qu’on leur a toujours caché.

Le conditionalisme n’a pas rompu avec le langage traditionnel. Il l’a dépassé par un langage abstrait, contemporain. Loin d’une simple substitution, il enrichit la pratique de l’interprète autant que sa culture générale. Le R.E.T. n’est pas une typologie « parmi d’autres » (je cite). Ce modèle de globalisation code et décode les typologies en usage, certaines usagées. Le zodiaque noologique, les référentiels du S.O.R.I (Sujet, Objet, Relation, Intégration) en créent de nouvelles. On fait du sur mesure avec une formule personnalisant chaque thème, en hiérarchisant dominantes, sous-dominantes, non-dominantes dans le modèle du « Héros et son Ombre ». Prenons le zodiaque traditionnel. Les auteurs de collections grand public, n’ont que les critères des Eléments et des maîtrises planétaires pour diversifier les portraits – types. Le Bélier est « Marsien », de Feu Chaud et sec. Au maximum on dualise, le Bélier se dédouble en mouton, le Taureau combatif en vache à traire, le Gémeaux est Castor ou Pollux, le Cancer bourgeois ou bohême, le Lion Hercule ou Apollon, etc. La définition des Signes par les processus fondamentaux d’excitation-inhibition, variables en force, mobilité, équilibre (phases), change le zodiaque « externe » (cycle photopériodique ou déclinaisons Nord/Sud) en zodiaque « interne » des réponses neurologiques et de leurs expressions, symbolisations humaines. Pour chaque Signe, les formules entraînent six facettes et divers scénarios de comportements décrits dans les ouvrages conditionalistes (cf. publications).

Il est normal que les traditionalistes insensibles aux discours négateurs s’intéressent aux avancées conditionalistes, sans modifier leurs méthodes et convictions. S’ils les adoptent ou les adaptent en citant leur source, il n’y a rien à interdire d’un progrès souhaitable pour leurs consultants. Je n’ai fait de procès qu’aux faussaires et provocateurs (contrefaçons juridiquement reconnues). Celui, ceux qui écrivent que le conditionalisme s’oppose au symbolisme, dressent la logique contre la pensée analogique (cf. les grands livres des planètes). Ils ont choisi de diviser parce que le postulat symboles et signaux communiquent, impossible à renier dans un modèle globalisant, est fatal aux symboles vieillis, coupés de leurs racines nourricières. Ces partisans perdent un pouvoir construit sur des châteaux de cartes. On comprend leur acharnement à défendre des emblèmes, aussi symboliques que le franc du même nom indemnisant le gagnant d’un procès fumeux.

Pour résumer ma réponse à la question des courants, je pense que le conditionalisme a rénové ce qu’il y a d’essentiel dans l’héritage des astrologues-astronomes. Il a déglingué d’autant les arguments anti-astrologiques. Leurs militants s’en sont aperçus en appuyant sur les médias pour censurer, minimiser ou ricaner, mais il y a des insoumis chez les astronomes. De ceux que j’ai rencontré, je me souviens de M.X…, à l’époque d’Astrologique, astronome représentatif, commentant un concentré de la théorie des âges associant cycles héliocentriques et maturation humaine. Texto : « C’est la première fois que j’entends quelque chose de cohérent en astrologie ». Des observateurs neutres l’admettent, l’argument « rien de nouveau en astrologie depuis plus de 2000 ans » est désormais anachronique. Ce souvenir des années 76 – 79, m’en rappelle un négatif dans notre camp. A l’occasion d’un colloque à Bruxelles, après mon exposé des grandes lignes du conditionalisme, j’ai surpris les propos d’un petit cercle d’astrologues : toutes ces théories sont inutiles, chaque astrologue interprète un thème à sa façon, et çà marche.

La situation est claire, la voie à suivre toute tracée. Contre les astromanciens et astrolophobes, pour les esprits libres, astrologues ou astronomes ouverts aux idées neuves quelles qu’en soient les origines, il n’y a qu’à développer les concepts conditionalistes, multiplier les exemples d’applications astrologiques et extra-astrologiques envisageables (psychothérapies notamment). 0rageuses ou harmonieuses les collaborations seront alors possibles ; les polémiques ne seront plus stériles car les compétiteurs devront œuvrer dans une voie commune excluant les tours de France personnalisés.

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PLG : Certains astrologues affirment que l’astrologie n’est pas influencielle au sens physique du terme mais « agirait » dans un rapport de correspondances entre « le haut et le bas » sans causes naturelles, ce qui revient à lui renier tout soubassement matériel comme si la colombe pouvait s’affranchir des lois de la pesanteur pour prendre de la hauteur ! Sans la contrainte que la résistance de l’air lui oppose la colombe ne serait pas une colombe et tout l’imaginaire poétique qu’elle suscite s’envolerait du même coup ! Entre l’homme et les lois du système solaire y a-t-il mariage ou divorce ? Et ne crois-tu pas que l’astrologie d’aujourd’hui risque de se couper les ailes en ne basant son discours que sur des lois surnaturelles indémontrables ?

JPN : Les symbolistes d’aujourd’hui qui se réclament haut et fort de la Tradition intouchable, fondée sur les Eléments, oublient que pour Empédocle d’Agrigente et son continuateur Aristote, le Feu, l’Air, la Terre et l’Eau, constitués par la combinaison binaire du chaud, du froid, du sec et l’humide, n’étaient pas strictement des symboles mais des concepts explicatifs de la physique du monde s’opposant à toute autre théorie, telle celle des atomes (rudimentaire) défendue par Démocrite et Platon. De ce choix physicaliste, il n’en est rien sorti de remarquable assure Arthur Koestler dans Les Somnambules (éd.Calman-Lévy, 1960). Grâce à ses manipulations, l’alchimie, avec le même langage quelquefois mêlé de haute spiritualité (l’adepte évolue avec son grand œuvre vers l’illumination), a obtenu au cours des siècles des résultats notables que l’on trouve toujours chez les droguistes. Toutefois Newton n’a pas réussi à changer le plomb en or. Au final : l’alchimie et l’astrologie seront, en raison de leur caractère irrationnel, réunies dans la même opprobre, par les premiers chimistes du XVIIe siècle. (De l’Alchimie à la Chimie, Olivier Lafont, Ed. ellipses, Paris, 2000). Le dossier astrologie-alchimie n’est pas fermé, encore moins celui de « l’irrationnel ».

Ecartée de la création (1666) de l’Académie Royale des Sciences sans texte officiel de condamnation (cf. Une condamnation sans trace officielle, article de Max Lejbowicz, Astrologique n°2, juin 1976, Paris), l’astrologie esseulée n’a pas suivi les progrès accélérés des sciences. L’atomistique a pulvérisé les quatre Eléments. On en compte 92 aux propriétés révélatrices d’une classification naturelle, découverte par Dimitri Mendeleïev (1834-1907) chimiste russe, natif du Verseau défini « Fixe, Signe d’Air » et de « Structure ouverte » en conditionalisme (Que choisir ?). Divorcée ou répudiée, l’astrologie s’est coupée du réel, de la physique et l’astrométrie, en emportant ses quatre Eléments vers des destinées tout à fait honorables. Les ésotéristes, les artistes, les gens de Lettres, l’ont accueillie bras ouverts. Son blason a repris des couleurs avec les psychologies rénovant (ravalement de façade ?) l’interprétation des rêves et le symbolisme en général. Le langage traditionnel n’a pas changé et le fossé de la ‘Reine des sciences’ d’autrefois, avec les sciences d’aujourd’hui, s’est élargi au point de brandir les symboles de l’âme contre l’étroitesse de la pensée et ses rationalistes bornés.

Je ne fais pas le procès du symbolisme. Il suffit de lire mes analogies et correspondances inédites dans les Livres des planètes. Et j’ai écrit que le symbolisme est le langage de l’enfance, à dépasser et ne jamais oublier lorsqu’on devient adulte. Or, je crois, justement, que l’astrologie n’a pas progressé depuis son éviction sans trace parce que ses protecteurs sont intéressés à la maintenir en enfance, ne serait-ce que par un vocabulaire qui ne communique plus avec la réalité. Notre-Dame des Eléments peine à convaincre les astronomes que l’astre Jupiter est « Chaud et Humide », ainsi que les acteurs et politiques qui naissent à ses heures fortes. Que la virilité des sportifs, savants et hommes de guerre s’explique par leur dominante statistique marsienne « Chaud et sec », tandis que la féminité Vénusienne est « Chaude et humide » à un moindre degré que Jupiter. Les prévisions mondiales se justifient-elles par les qualités (et défauts) Elémentaires ? En ce cas, on comprend leurs échecs. L’été 2014 a été marqué par une recrudescence des fureurs guerrières (Ukraine) sous les conjonctions de Soleil-Jupiter (25 juillet, 2° du Lion), Vénus-Jupiter (18 août, 7° Lion). Après cette ardeur léonine des bénéfiques la conjonction Soleil-Vénus (25 octobre, 2° du Scorpion) n’a rien arrangé. On objectera que Saturne, froid et sec, en Scorpion, froid et humide, a refroidi les colombes de la Paix. De 1666 à notre siècle et suivants, quelles Académies souscriraient à ces correspondances versatiles ?

Pour les enfants et les poètes tout est possible. Les astrologues symbolistes persistent, avec l’appui de statistiques qui éliminent le zodiaque, saisonnier quoique symbolique, à solliciter une reconnaissance officielle, un département dans les sciences humaines, lesquelles fortes de nouvelles techniques élaborent des théories comblant l’écart supposé entre Jung et Pavlov. Il serait plus sage, pour ceux qui préfèrent l’enfance, de solliciter un minimum de tolérance. Un respect de l’histoire et de la mémoire des morts, que les conditionalistes, dans leurs articles sur l’anti-astrologie, revendiquent avec plus de vigueur que leurs héritiers de mémoire sélective.

Conclusions, j’en vois deux : a) la théorie des âges suffirait à elle seule à démontrer qu’il y a « mariage et non divorce » de l’homme avec le système solaire, et cette théorie est soutenue par des relations chiffrées entre le microcosme, les orbitales de l’atome d’hydrogène, et le macrocosme des demi-grands axes, orbites des planètes principales. b) la situation difficile de l’astrologie confirme que les enfants de divorcés ont statistiquement des problèmes d’adaptation sociale.

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PLG : Si l’homme et le ciel participent d’une même réalité naturelle, la pertinence de l’Astrologie Conditionaliste n’est-elle pas sur ce point dérangeante pour une culture astrologique à large tendance symboliste. N’est-ce pas au fond ce que les astrologues spiritualistes ou symbolistes te reprochent ? D’avoir oser penser l’astrologie hors du paradigme surnaturel et d’avoir cherché à lui donner des fondements naturels et, par là, l’avoir ouverte à l’examen de la raison et de la recherche scientifique ?

JPN : Le naturel et le surnaturel ne sont pas aussi faciles à séparer et distinguer qu’on l’imagine. S’il faut en croire Spinoza, Dieu étant identique à son œuvre, ils seraient inséparables. Ils le sont pour l’enfant et le primitif. L’environnement de l’enfant et des premiers hommes, la pluie, le beau temps, le vent, le Soleil et la Lune, tous les phénomènes de la Nature, sont des puissances personnifiées, enrôlées dans des scénarios qu’on appelle des Mythes aux interprétations inépuisables. Plus tard, l’adulte oublie ses rêveries et si l’environnement d’un naturel monotone l’ennuie, l’attrait du surnaturel se fixe dans des croyances, justifiées ou illusoires, l’ailleurs des extra-terrestres, l’au-delà de la vie. Ici-bas, quoi de plus naturel ?

En 1980, j’ai profité de ma collaboration, avec Françoise Hardy, à l’édition des douze Signes du Destin (éditions du Rocher/radio Monte-Carlo) pour présenter les symboles, les légendes qui leur sont associés, comme des allégories, illustrant, chez la plupart, les déclinaisons ou les phases du jour et de la nuit. On connaît la Balance pour l’égalité de leurs durées, le Cancer (Ecrevisse) pour le recul de la durée du jour. On sait moins, un savant astronome l’ignore, que l‘animal fabuleux mi-chèvre mi-poisson, trône au solstice d’hiver parce que la déclinaison 0° Capricorne (23°,5 Sud) trempe la queue du poisson dans l’hémisphère Sud, hémisphère à dominante aquatique, tandis que, pour l’hémisphère Nord, la chèvre, de nature grimpeuse, illustre en même temps le départ de la remontée du Soleil. Ce n’est pas une divagation d’astrologue, l’explication des deux solstices est donnée dans le très sérieux Aide-mémoire Dunod de métrologie générale (Tome I, 1970). Les astronomes devraient le consulter.

A ces classiques, j’ai ajouté le Bélier volant Chrysomallos, à l’heure printanière où le disque solaire s’élève au-dessus de l’équateur céleste, ligne de partage des hémisphères célestes Nord/Sud. Persévérant dans le déchiffrement, sous le Signe des Gémeaux, la mort de Castor marque la fin de la croissance du jour en hémisphère Nord ; sous le signe du Sagittaire, celle d’Hercule à la fin du cycle diurne annuel. Sous le Signe de la Vierge, au dernier jour d’été, le jour ayant cessé de dominer, Perséphone est enlevée par Pluton, maître de la Nuit. Sous le Signe du Verseau, au cœur de l’hiver, l’Aigle emportant Ganymède vers Jupiter rappelle que le Soleil a gagné en hauteur. Enfin, en mars sa montée accélérée le porte jusqu’à l’équateur céleste symbolisé par le fil qui réunit deux poissons tête-bêche, de tailles égales telles les durées du jour et de la nuit aux directions temporelles opposées. Pour étrange qu’elle paraisse, cette interprétation me semble plus proche de la réalité que la version de Camille Flammarion jugeant que l’apparence des étoiles en fil de pêche méritait d’y mettre un poisson à chaque extrémité.

Comme les légendes liées aux Signes, en dehors des observations empiriques concernant la vie collective, ses récoltes et famines, ses reines, ses rois, guerres et paix, les caractères mythiques des dieux planétaires doivent beaucoup aux informations visuelles. Ce qui saute aux yeux pour le Soleil et la Lune, s’applique aux différences d’éclat, de couleur, d’heures et conditions d’apparition et visibilité pour Vénus et Mercure. Les astronomes ne sont pas réticents à admettre que Mercure est le dieu des voleurs, courtisans, voyageurs, gens de passage, à cause de ses coucous étincelants avant ou après les levers et couchers du Soleil. Qui n’a pas remarqué l’éclat somptueux de Jupiter aux périodes d’oppositions au Soleil et le rouge de Mars en contraste avec le jaune pâle de Saturne ? La superficialité de ces informations ne cautionne pas une astrologie physicienne, et les astronomes les citent pour en montrer l’inanité. Mais les apparences sont trompeuses, il arrive que des raisons d’un égarement se dévoile un chemin de vérité. Ce qui permet aux scientifiques qui, à maintes reprises, se sont plantés joyeusement, de s’enorgueillir des corrections apportées à leurs errements, jusqu’au jour où une fausse route débouchera sur un précipice.

L’approfondissement des informations visuelles, si précieuses aux alchimistes, s’étant avéré infructueux pour les astrologues, les mythes les ont occultées. Décrochant des manipulations concrètes, impuissante devant l’inexplicable, l’astrologie s’est retranchée dans sa partie divinatoire et une métaphysique au-dessus des innovations sacrilèges. Confusion totale. Les symboles ayant supplanté les signaux, pour les naissances d’hémisphère Sud, au nom des saisons aux signaux réels aléatoires, certains suggèrent néanmoins d’inverser les Signes qu’ils ont momifiés en symboles graphiques. On n’inverse pas les déclinaisons du zodiaque malgré leurs effets différents selon les latitudes géographiques. Autre dérive paradoxale : Signes et planètes étant symboliquement masculins ou féminins (à part une ou deux planètes hermaphrodites), il fut une époque où l’engouement pour les psychanalyses a conduit des praticiens à juger si, un nouveau-né, d’après son thème, était bien ou mal sexué. Je ne parlerai pas de la traque au diagnostic d’homosexualité latente ou manifeste. Un sport désormais démodé, remplacé par la traque aux thèmes de drogués addicts.

Un astrologue, Wilhelm Knappich, engagé dans le symbolisme intégral, termine son Histoire de l’astrologie (Editions Vernal/Ph.Lebaud, 1986) par l’apologie des héros injustement méconnus « qui ont rejeté les forces physiques de l’horoscope (je souligne). Pour certains astrologues, ce fut vraiment un exploit de portée copernicienne que d’arriver à se séparer courageusement d’objets matériels devenus chers et d’arriver à comprendre que l’astrologie n’a qu’un caractère purement symbolique, une vérité qui demandera peut-être des décennies, voire des siècles pour être admise par tous, comme ce fut le cas avec le système héliocentrique. »

Cet éloge devrait s’étendre aux héros de l’astrologie onomantique basée sur des correspondances hébraïques entre les lettres et les nombres, à la géomancie, la cartomancie, le Yi-king. L’astrologie se référant aux éphémérides de configurations observables, ne serait donc qu’un système divinatoire à prétention scientifique. Un vernis contre la concurrence.

De quel crime suis-je coupable ? Il est écrit sur la Table d’Emeraude des ésotéristes et alchimistes que le macrocosme est à l’image du microcosme. Effectivement, je le répète et je reviendrai en détail sur cette analogie qui n’en est plus une, à partir des nombres (entiers naturels) gouvernant les transitions énergétiques de l’atome d’hydrogène, un lycéen et sa calculette vérifiera une relation inédite avec les demi-grands axes des planètes de Mercure à Pluton, Cérès incluse. Le crime vient sans doute du pourcentage d’écart, autour de ± 1 %. Ce qui est grave, car le symbole est absolu, tandis que le réel combine le flou à l’impeccable. Et ce n’est pas ma seule hérésie : en traitant nos consœurs célestes comme des pendules circulaires sans fil, avec les demi-grands axes, les rayons et les masses, on obtient des périodes de l’ordre des exoplanètes, couplées comme les fonctions du R.E.T, du moins pour notre système.

Loin de culpabiliser, je crois que le chant de gloire de l’historien du symbolisme anti-signaux est le chant d’un pressentiment funèbre. Ce disant, j’espère que ceux qui ont imaginé que mon doctorat sur Jung et l’astrologie conditionaliste serait le fruit d’un retour repenti au symbolisme – à leur symbolisme – auront l’honnêteté de manger leur chapeau, à défaut de réfléchir sur un postulat jamais renié : symboles et signaux communiquent. Tant qu’ils sont vivants et non artificiellement séparés.

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PLG : Les outils théoriques (modèle R.E.T., zodiaques photopériodique et réflexologique, théorie des âges, le S.O.R.I.) de l’Astrologie Conditionaliste que tu as forgés depuis cinq décennies sont issus du résultats de tes recherches en cosmogonie mais aussi de ta pratique de la consultation. En apportant un savoir nouveau et en réactualisant les contenus de l’astrologie traditionnelle l’Astrologie conditionaliste a-t-elle également réactualisé la pratique de la consultation et sa visée ?

JPN : Le nombre d’écoles est plus restreint que celui des interprètes, chacun(e) ayant au sein de la sienne, son opinion, son art d’interpréter, son expérience et ses à priori. On peut réduire à trois grands courants : le symbolisme anti-signal, le scientisme statisticien peu ou prou anti-symboliste, le conditionalisme aux modèles globalisants. Les interprètes inclassables sont de tous les bords et extra-bords en usant, par exemple, d’un pendule de radiesthésiste pour trouver une heure de naissance inconnue ou en complétant le ciel par les cartes du Tarot. L’important, selon l’opinion des astromanciens cités plus haut, est que çà marche et que le demandeur soit suffisamment satisfait pour revenir. Je ne suis pas sûr que les consultants soient toujours attirés par l’astrologue qui convient à leur attente. Avant d’être déçus ou fidélisés beaucoup testent les praticiens à l’aveuglette.

Les sociologues prétendent répartir la clientèle des astrologues dans la découpe de leur typologie composée de croyants, d’inquiets, d’angoissés, de semi-érudits, de femmes à mentalité magique fraîchement sorties de la préhistoire. Par politesse, je m’abstiendrai de classer les sociologues. Leur explicative de la croyance astrologique par une inquiétude irrationnelle procède de causes qu’ils se gardent d’examiner de près, pourtant très instructives quant à la pression du contexte social conditionnel. Aujourd’hui, les raisons d’être inquiets au point de consulter voyants et astrologues, concernent le travail, les aléas du métier (stabilité, promotion, salaire, relations avec les confrères), le bien-être matériel, la sécurité, la santé psychique et physique, l’avenir des enfants dans un monde déboussolé, la résistance aux harcèlements ambiants (publicités, informations agressives, etc.). Depuis la loi Simone Veil (1979), les consultations sur les interruptions de grossesses clandestines sont caduques et avec les divorces faciles, les questions sur les durées de vie d’un(e) partenaire encombrant superflues. Autrefois, les configurations fâcheuses inclinaient à prédire la mort, aujourd’hui, les astrologues proclament que la mort ne s’inscrit pas dans le thème. Effectivement. Pourquoi feindre d’ignorer les progrès de la médecine ? Les maléfiques qui « déterminaient » la mort sont combattues par les remèdes modernes, de meilleures règles d’hygiène, d’alimentation, de vie paisible, si possible. Aussi, pour les fatalistes-opportunistes, la Maison VIII (secteur de la sphère locale chargé de gros nuages) n’est plus celle de la mort mais des crises.

De ce fouillis non exhaustif, il est hasardeux de dégager un modèle de consultation idéal. Il ne faut pas désespérer, on peut choisir le plus proche de ce que permet de dire l’astrologie. La méthode d’interprétation que j’ai apprise, en 1947, de mon premier livre d’astrologie Encyclopédie Astrologique Française (Janduz, éd.Niclaus, 1940, Paris) est traditionnelle, toujours pratiquée. Il suffit de suivre l’ordre des Maisons, traiter pour chacune des Signes, planètes, aspects, maîtrises qui s’y rapportent, faire ainsi le tour des domaines du monde qui intéressent le consultant. Avec les maîtrises, les significations du Maître d’une Maison dans l’une des douze autres, les réussites justifiées après coup sont inévitables, ce qui explique la persistance du système. En revanche, le succès des prédictions formulées avant leur réalisation est incertain car le système divinatoire se prête aux emballements de l’imagination aux précisions risquées. On enterre les échecs ; les réussites entrent dans l’histoire en hommage à leur exemplarité. Le trictrac du Maître en Maisons, lorsque le Maître est dans la Maison opposée, entraîne des absurdités. Par exemple, Janduz, interprétant le Maître de VII en I, écrit : Jupiter, Vénus, Mercure, bien disposés (je souligne) Maîtres de VII et placés en I présagent une épouse (ou un mari) affectueuse, dévouée, un foyer harmonieux, heureux – Soleil et Lune, un conjoint de leur sexe de haute lignée, ou mis en évidence par son mérite, sa valeur ou sa beauté … ». Si la planète maîtrise la Maison VII, le Signe de cette Maison est son domicile traditionnel, et le Signe de la Maison I qu’elle occupe est celui de sa chute et, par conséquent, « mal disposée ». Le raisonnement vaut pour tous les Maîtres de Maison placés dans la Maison opposée à celle qu’ils maîtrisent. Ainsi, une planète maîtresse de X (la profession et les honneurs) en IV (domicile, famille, patrimoine) n’augure rien de bon pour ceux qui travaillent chez eux ou en famille. L’auteure prévient la critique en se rabattant sur les Signes interceptés. On fera l’économie d’une statistique avec une collection personnelle. Les progrès en astrologie, c’est-à-dire les changements d’école (avec des maîtres aux maîtrises différentes) sont indissolubles de l’expérience des consultations.

L’encyclopédie de Janduz (pseudo de J.Duzéa) est une somme remarquable de la Tradition divinatoire morcelant le Sujet dans les diverses orientations de la rose des vents et les épines des douze Maisons. J’ai retenu de ce livre la règle d’interprétation en trois niveaux : supérieur, moyen, inférieur. Si ces niveaux ne sont pas dévoilés par le thème, d’où peuvent-ils provenir sinon du Sujet lui-même, de sa qualité de récepteur ? Janduz esquive la question autant que la réponse. Wilhelm Knappich évite de se tracasser sur un éventuel conditionnement social lorsqu’il cite l’astrologie mexicaine qui « ne connaissait pas de déterminisme absolu » (je souligne) et classait les présages selon « une hiérarchie particulière » : En premier lieu venaient les présages pour
« les gens de qualité »
, puis ceux destinés aux gens du peuple, enfin ceux réservés aux femmes et aux naissances féminines. Un classement indéchiffrable dans un horoscope.

L’astropsychologie a remplacé le Sujet dans le monde en douze Maisons par les douze Maisons dans le monde du Sujet. L’argent de la Maison II n’est plus sonnant et trébuchant mais le ressenti subjectif envers les biens matériels : désir ou dédain des avoirs. Un Soleil en Maison II n’apportera pas le faste mais le goût du faste, qui peut conduire, malgré tout, à faire fortune. Ainsi, la rupture de l’astropsychologie entre prédire et prévenir, événements et tendances potentielles, est imprécise. Comme pour les éphémérides, un vernis, un discours de chauve-souris. Si le pronostic ne se réalise pas, la psychologie est sauve, s’il se réalise, l’astrologue change de casquette et pose au prophète, argument commercial d’impact supérieur à l’enseigne d’astrologue-conseil.

A part les maîtrises sujettes à des variantes, voire des abandons, l’astropsychologie conserve les éléments traditionnels. Son apport consiste en une surabondance de typologies qui habillent la multiplicité des « moi-je » de costumes différents, à la mode ou démodés, suivant la vogue des tailleurs. Concernant le zodiaque, la pluralité des typologies attachées à un Signe, s’explique par le découpage d’un phénomène astrométrique unique : la variation des durées jour/nuit (arcs diurnes/nocturnes et leurs rapports). La matrice-mère des diverses filiations est dans la fécondité du réel. Précision : parler de quelqu’un de froid en conditionalisme ne se rapporte pas à sa température mais à son attitude « inhibée », ce qui s’observe par la rétraction-contraction musculaire ou la neuro-imagerie tandis que la froideur de la symbolique traditionnelle ne se lit pas sur un thermomètre.

Dans les consultations orales aux questions pratiques, le portrait du consultant est secondaire. Les études comparatives, ententes/mésententes, justifiées par les affinités des Signes et planètes selon la Tradition, rendent les typologies accessoires, à peine utilisées. Avec les cycles, la théorie des âges, le R.E.T, il est plus facile d’exposer les différences de caractère à la base des conflits, attirances et malentendus. Tandis que les typologies demandent des lectures spécialisées, à moins d’être d’esprit obtus (ou anti-conditionaliste résolu) les problèmes de l’enfant, de l’adolescent, de l’adulte, du vétéran, se comprennent à grands traits. Ceux qui ne comprennent pas peuvent repasser le film du cours et décours de leur vie en comparant aux étapes de maturation de leurs enfants. La théorie des âges met les fonctions planétaires en situations, et pour les âges au-delà de l’existence, nous avons les personnifications collectives, celles de nos mémoires, les archétypes, les fantasmes, les modèles qui nous hantent, les héritages culturels, les croyances, les dialogues avec l’invisible, Dieu et ses Saint(e)s.

L’image globalisante du R.E.T complète le panorama. Cette « typologie parmi d’autres » (je cite) s’explique en trois minutes par le « simple », le « moins simple », le « complexe » et leurs combinaisons. Quelle que soit sa culture, un consultant normalement constitué sait distinguer, sans le secours d’une typologie savante, les situations claires des compliquées, les caractères qui simplifient les problèmes, à tort ou à raison, de ceux qui les obscurcissent à plaisir.

Le modèle d’interprétation du « Héros et son Ombre » inspiré de la psychologie analytique (C.G.Jung) classe dans un schéma ordonné les formules zodiacales, du R.E.T, des référentiels Sujet, Objet, Relation, Intégration, (S.O.R.I) qui définissent forces et faiblesses des dominantes, sous-dominantes, non-dominantes d’un ciel donné. Ceci pour les études comparatives approfondies et les questions délicates. Conformément à ses concepts, dans les cas complexes, l’astrologue conditionaliste demande les coordonnées des acteurs en cause, directement au premier plan ou indirectement. C’est une application du S.O.R.I. La prépondérance du référentiel Relation va de soi dès lors, qu’au lieu d’un destin tout tracé, on admet une histoire conditionnelle. Les inévitables échéances biologiques n’excluent pas les interactions entre bagages célestes et bagages terrestres. J’ai gâché l’enquête d’une chaîne de TV scientiste-conformiste par une déclaration incongrue : à la limite, l’horoscope est ce qu’on en fait selon ses moyens. Ce n’est pas la planète qui diversifie les réponses mais les propriétés biologiques du récepteur humain en général et de son hérédité en particulier (cf. les niveaux de Janduz). La diffusion du reportage a été reportée sine die. Une enquête « grand public » ne doit rien savoir d’une astrologie inédite, donc interdite.

Dans les consultations 1er degré (niveau R) ou 2e (niveau E), plus faciles parce que les intrigues et les protagonistes ne cachent rien de leurs intentions, les hiérarchisations des fonctions planétaires reportées sur les diagrammes du R.E.T suffisent à ouvrir le consultant à une écoute attentive. La démonstration des conseils raisonnés et illustrés, conduit à une discussion sur la meilleure décision à adopter. En introduction à une recherche commune toutes les consultations – les miennes l’étaient – sont assorties d’un mini-cours d’astrologie conditionaliste. Le langage commun facilite cette recherche et la solution retenue apporte au consultant le sentiment d’être son propre astrologue. Il dispose, en supplément technique, des dates communiquées pour persévérer dans sa décision ou bifurquer. L’avenir n’étant pas entièrement écrit dans les éphémérides, le praticien non-fataliste énonce des probabilités, à saisir lorsqu’elles sont propices, à contourner lorsqu’elles sont peu engageantes. Quitte à me répéter : il revient à l’homme de trouver les solutions aux problèmes que leur pose le ciel. Et encore : La liberté s’exerce dans le choix, le déterminisme dans ses conséquences. D’où l’utilité d’un échéancier. Comme l’écrit Spinoza, l’ignorance des rouages d’un déterminisme absolu permet d’agir comme si nous étions libres.

A l’occasion des études comparatives, des analyses pour un « travail sur soi » à partir du thème natal, j’ai constaté que le diagramme en losange où l’on reporte la hiérarchisation des planètes dans les cellules de 1 à 10 avait beaucoup de succès. Plutôt que les thèmes aux symboles hermétiques, certains consultants préfèrent repartir avec leur diagramme et ceux des personnes liées aux questions qui les préoccupent. Le diagramme concentre le thème en une figure simple. Il rappelle un talisman, le carré magique d’ordre 3, une carte d’identité astrale que l’on porte tel un pendentif. Les amateurs de joaillerie numérologique qui trouveraient l’idée séduisante, remplaceront les symboles des planètes par leur classement dans le diagramme universel, côté verso et leur classement dans le diagramme personnel, au recto. Les artistes adopteront les formules colorées. Trois couleurs suffisent à représenter les trois régions du RET et les impacts des planètes (représentée par des cercles) dans leur zone de gravitation. L’analogie de référence est celle des cailloux de tailles différentes dans un cours d’eau fort, moyen, faible, de la source au flux agité au flux régulier d’arrivée.

La visée pratique est d’éclairer le consultant sur les solutions possibles à ses problèmes terrestres en prenant connaissance des données célestes invisibles, non évidentes mais aussi actives que les terrestres. Un praticien conscient des dommages qu’entraînerait une erreur de jugement, se doit d’adopter des méthodes qui ont fait leurs preuves, de les améliorer sans cesse. Il est de son devoir de prévenir le consultant que l’astrologie n’est pas sans défaut malgré ceux qui entretiennent l’illusion d’une fatalité dont ils seraient les messagers infaillibles, en partie les auteurs, tels les fustigeurs fouillant les « mauvais transits » du ciel de leurs adversaires pour les en menacer.

La conséquence indirecte d’une consultation réussie ouvre à un sentiment d’intégration à un univers plus proche de l’humain que l’amour du néant que prêchent les sciences réfractaires à toute philosophie teintée de morale, de religion, alors que les créateurs, découvreurs ou inventeurs, sont en majorité des rationnels imprégnés de mysticisme.

Pour atteindre ce but d’équilibre, normalement générateur d’apaisement dans les relations humaines et d’une meilleure compréhension du « destin » de chacun dans l’ordre du monde, pour une astrologie aux jugements fiables, il faut fonder nos concepts et techniques sur des bases sûres. Je n’ai pas eu d’autre souci dans ma recherche et j’invite les conditionalistes à continuer. Il reste beaucoup à faire.

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PLG : Dans ton ouvrage dernièrement paru Opéra conditionaliste, le ballet des coïncidences (2014, Ed COMAC) et qui fut pour toi un long chantier, tu proposes un nouveau vocable pour désigner l’astrologie conditionaliste : la cosmonoologie. Peux-tu nous dire de quoi il en retourne ?

JPN : « Cosmo » vient de la racine grecque kosmos signifiant univers. Le sens premier de kosmos écrivent Jean Bouffartigue et Anne-Marie Delrieu (Trésors des racines grecques, Ed. Belin, Paris, 1921) « était ordre, et c’est l’ordonnance harmonieuse de l’univers que les Grecs ont évoquée par ce mot ». Je souligne le sens qui me séduit. Il s’applique au bilan de la recherche conditionaliste sur le zodiaque et le système solaire, mieux qu’astro » de astron qui signifie étoile. D’un système solaire ordonné à un univers qui pourrait l’être de bas en haut, du microcosme au macrocosme, il n’y a qu’un pas à franchir.

Noologique vient du grec nous, esprit, et logos, science. Le terme noologique a différents sens. En parcourant Internet, au site CNRTL (Centre National de Ressources Textuelles et Lexicales) on trouvera : « Science qui étudie le monde de l’esprit, de la pensée. Synonyme de psychologie. » La noologie concerne également « l’organisation des idées »« l’étude du comportement ». Il s’agit bien de psychologie, mais d’un psychisme cérébralisé en rapport avec la pensée. François Mentré, Docteur ès Lettres, auteur des Espèces et variétés d’intelligences (Ed. Bossard, Paris, 1920) préfère la distinguer de la Psychologie qui est, je le cite, « la science des phénomènes psychiques et de leurs lois ». Selon lui, « elle diffère de la Logique, qui est la technique de l’intelligence, l’art de raisonner juste et de prouver ses assertions ».

A l’image du mystère de Dieu en trois personnes, l’unité corps-âme-esprit contredit les séparations radicales. Il est bien connu qu’un corps en parfaite santé favorise les idées claires et une humeur sereine. Dans ce ménage à trois qui porte la culotte ? Ceux qui privilégient le « soma » professent des typologies où les différents tempéraments reflètent leur humeur et leur morphologie dans leurs façons de penser. Le ternaire fonctionne sous un principe unique. Ce qui coïncide mal avec les leçons (préceptes) des écoles de morphopsychologie où la prépondérance du corps, de l’âme ou de l’esprit, se remarquerait par celle d’un étage du visage, inférieur pour le corps, médian pour l’âme, supérieur pour l’esprit.

Si le corps est gouverné qui le gouverne ? La neurologie, et d’I.P.Pavlov pour la typologie, nous tirent d’embarras. Le cerveau en deux hémisphères et trois étages gère le corps, le psychisme, et les manifestations de la pensée dépendent de son état de marche. Il constitue la pièce maîtresse de nos relations avec l’environnement. L’identité entre les types zodiacaux empiriquement observés et l’axiomatique de Pavlov, déduite de l’activité nerveuse supérieure, n’a donc rien d’étonnant. Côté signal, nous avons le photopériodisme dont j’ai retiré la définition abstraite de « cycle de variations des rapports d’un couple de contraires » dans la perspective d’une extension à une gamme d’antinomiques. Côté récepteur, les réponses d’adaptation/inadaptation déroulent un cycle de formules que j’ai d’abord appelé « zodiaque réflexologique », converti en « noologique », en Occident le réflexe étant réduit à l’acception étroite d’une réaction segmentaire, équivalente à celle du genou, alors que pour Pavlov et les pavloviens authentiques c’est une réaction qui s’étend aux activités supérieures. Jean-François Le Ny, qu’on ne lit pas, écrit : « Toute activité psychique est en définitive constituée de réactions conditionnelles » ; « Il n’est pas d’activité psychique qui ne soit, en définitive, une réponse à une stimulation. » (Jean-François Le Ny, Le conditionnement, PUF, Paris, 1966).

On ne peut pas rêver d’un zodiaque mieux indiqué que celui-ci pour enseigner l’union, chère à Pavlov, du subjectif et l’objectif. La psychologie pavlovienne rejoint la noologie en tant qu’étude des comportements. De ce point de vue, une formule zodiacale, une fonction planétaire, s’appliquent aussi bien à des comportements physiques, qu’affectifs ou intellectuels au sens figuré. Emile Zola, natif du Bélier (cinq planètes dans ce Signe) est célèbre pour son « J’accuse ». A sa véhémence affective qui fait le bonheur de l’astropsychologie, s’ajoute une déclaration noologique d’un « sens des contraires » trop explicite pour être ignoré, quoique absent des typologies zodiacales courantes : « Dire du bien de ceux qu’on aime, ce n’est point assez ; il faut dire du mal de ceux qu’on hait. » Chez René Descartes, natif d’un amas de cinq planètes en Bélier la déclaration noologique « je pense donc je suis » l’emporte apparemment sur l’affectivité. L’intellect conscient a parlé, son « sens des contraires » exclut ceux qui ne pensent pas méthodiquement comme lui, radicalisant le doute préalable pour aboutir aux certitudes inébranlables : les animaux ne pensent pas, Dieu existe (il est démontrable). Etre c’est penser…penser contre. Contre le passé, les traditions, l’imagination trompeuse, l’expérience purement sensible. L’affectivité, d’une nature différente que chez Zola est en arrière-plan.

A l’intention des connaisseurs, précisons que l’amas planétaire de Descartes : Soleil, Jupiter, Uranus, Pluton, Mercure en Bélier, suivi de Lune, Vénus, se résume pour les cinq premières à un petit « r » (trio Soleil, Jupiter, Uranus de la représentation intensive, au complet) + groupe du discours (quatuor, Soleil, Pluton, Uranus, Mercure, au complet). Tandis que chez Zola, la suite Soleil, Lune, Pluton, Mars, Mercure, réunit les pouvoirs extensif (Soleil, Pluton, Mars) et intensif (Lune) et deux fonctions Pluton, Mercure, du groupe « t » de la transcendance intensive qu’un trigone de Saturne Ascendant soutient et complète. Je donne ici deux exemples partiels d’une méthode (cartésienne ?) d’ordonnancement des idées et des fonctions qui n’a plus rien de comparable avec la multiplication des « moi ».

Les exemples abondent pour marquer la rupture entre une cosmonoologie qui inclut la psychologie et une astropsychologie étrangère à la noologie. La trinité Corps – Ame – Esprit n’est pas un ternaire de pavillons indépendants, horizontalement côte à côte, mais un bâtiment de trois étages verticalement interdépendants. A moins d’être mort ou gravement endommagé dans l’un des trois étages, il suffit qu’un seul soit stimulé pour que les deux autres réagissent à des degrés différents. Il n’est pas commode de concentrer cette unité dans une figure semblable aux cercles du R.E.T, afin de symboliser les connexions entre les trois étages, car le langage ne se plie pas toujours à notre volonté. La transition de l’Existence à la Représentation, formule de Jupiter « représentation de l’Existence », et la formule symétrique de Vénus « existence de la Représentation » ont un sens, en accord avec leurs attributions générales, alors que « le corps de l’esprit » et « l’esprit du corps » ne signifient rien. Les pasticheurs qui reprennent le R.E.T avec les instances de Freud, Çà, Moi, Surmoi, obtiennent ce qu’ils méritent : du galimatias. La hiérarchisation des instances freudiennes ou des étages corps-âme-esprit ne nous apprendrait rien. Celle des fonctions planétaires, outre la fonction « d’appel », induite par les symétries du diagramme R.E.T permet un profil astrologique original. A comparer au profil réel, car l’astrologie n’intègre pas les conditionnements terrestres.

Si l’on se contente de la structure ternaire 1, 2, 4, symbolisant l’unicité, la dualité, la pluralité, les fonctions planétaires deviennent purement noologiques, ouvertes à des corrélations plus proches de la phénoménologie du cerveau, observable grâce à l’imagerie cérébrale, que les théories psychologiques inadéquates au « langage astral », langage de signaux.

Il apparaît de ce tour d’horizon qu’il valait mieux se démarquer des écoles symbolistes réfractaires aux essais d’explicatives rationnelles. La cosmonoologie ne remplace pas l’astrologie conditionaliste. Elle dépasse et outrepasse les applications de ses concepts, R.E.T, S.O.R.I, théorie des âges, zodiaque noologique. Ce nouveau champ d’investigations, déjà largement exploré par Jean-Paul Citron (cf. L’Astrologie et Vivant, Ed. Comac. 2002) s’offre à tous les développements extra-astrologiques, recherches et acquisitions sur les relations entre cosmos, ordonnance de l’environnement étendu à l’univers, et noologie, méthodes et moyens d’exploration de l’esprit de découverte. Les mystères de l’astrologie seront en tout ou partie élucidés lorsque ceux du cerveau et de la gravité (rebelle de la physique des forces de l’univers) le seront, en tout ou partie.

J’ai écrit mon premier article de cosmonoologie dans la revue créée par des élèves du CEFA, Carré n°4 (1er trimestre 1973), L’astrologie physique a-t-elle une âme ? Puisqu’elle a un corps pourquoi pas une âme aussi ? L’argument ne varie pas : en présence d’une cohérence, celle du système solaire en est une, à plus forte raison d’une organisation complexe harmonieuse, on est en droit de supputer une forme mécanique d’intelligence car l’intelligible, de référentiel Relation, appelle l’intelligence, de la plus élémentaire à la plus élaborée. L’idée d’émergence du non-vivant au vivant par un supplément d’organisation n’est pas nouvelle. Selon James Lovelock, scientifique anglais, auteur de l’hypothèse Gaïa, la Terre, la complexité des interrelations qui s’y déroulent, est semblable à un organisme vivant. J.Kepler est allé plus loin en lui donnant une âme répercutant les configurations célestes sur les êtres vivants, notamment les humains qui l’habitent.

L’opposition entre les hypothèses scientifiques « unitaristes » et les intuitions des penseurs, avant et après J.Kepler, qualifiés de mystiques, commencent à s’estomper, non sans crises dans la communauté savante. Toutefois, il se passera longtemps avant que les hommes, enfants de Gaïa, acceptent de se connaître et reconnaître dans un passé commun, minéral, végétal, animal…et céleste. Pour que cesse la barbarie des locataires d’étages différents, faudrait-il une humanité de robots ? Nourris d’énergie solaire, n’ayant ni faim, ni soif, ni à se reproduire sexuellement, ils deviendraient justes et pacifistes.

La fonction « Mars » est au centre du R.E.T. La compétition duo-duelle, existentielle, est de rigueur. Les lois de la sélection naturelle se sont amplifiées et perverties dans les sociétés où tous les coups sont permis. En réponse aux prétentions d’une science dominatrice, « amorale, irresponsable » (je cite un scientifique de haut niveau), pour sauvegarder les espèces marginales il serait sage d’élargir l’astrologie à tous les savoirs libérateurs. Via Internet, sans attendre le secours des extra-terrestres.

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PLG : Tu as enseigné l’Astrologie Conditionaliste dans les années 70 au sein du CEFA, si je ne me trompe. Quels conseils avisés donnerais-tu aux enseignants d’une part, et aux étudiants d’autre part, qui se lancent avec ferveur dans l’enseignement et l’apprentissage de l’astrologie ?

JPN : Théorie et pratique entrent dans la classe des « opposés complémentaires ». Tel les arcs diurnes/nocturnes du zodiaque photopériodique, en moins ordonné ce couple s’apparente au cycle de variation des rapports des contraires. Une bonne théorie s’enrichit d’une pratique aux erreurs instructives. Mais la proportion de l’alliage entre l’idée et la chose est instable, à la merci des phénomènes insoumis aux modèles. Beaucoup de théories sont fragmentaires, illusoires sous la parure d’évidences déformantes. Là aussi les auteurs d’explicatives théoriques en compétition courent après le réel qu’exercent les praticiens indifférents aux causes profondes de leurs résultats. Il en est qui courent en droite ligne, d’autres à travers champs pour finir dans un fossé ou contre un mur. En prenant les rapports extrêmes du cycle des contraires, nous obtenons l’opposition des théoriciens détachés des applications et vérifications concrètes et les empiristes fermés aux modélisations abstraites. Situation comparable aux marées basses, au bric-à-brac et immobilisme des Signes solsticiaux en négatif. L’astrologie contemporaine, à la française, réunit les deux : la construction de systèmes éthérés où les planètes ne sont que des mots sans dimension et une pratique de tireuses de cartes, d’interprètes des songes qui ne se demandent pas pourquoi ils voient juste ou faux, puisque de toutes façons c’est payant. Y a-t-il une ou des théories astrologiques qui ont résisté aux découvertes modernes ?

Claude Ptolémée, astronome-astrologue, a énoncé une théorie des « âges de l’homme » en additionnant les cycles ou épicycles de son système géocentrique, dépassé par l’héliocentrisme et l’intrusion des trans-saturniennes dans le septénaire traditionnel. Les astrologues conservent religieusement, certains rageusement, une « théorie des âges » qui n’a plus de fondement astrométrique, encore moins de pertinence psychologique. Après l’avènement de l’héliocentrisme, les planètes intruses ont déséquilibré les maîtrises, on s’est accommodé d’Uranus maître du Verseau, Neptune des Poissons, mais depuis Pluton les déménageurs n’arrêtent pas de domicilier les astres à qui mieux-mieux, sans référence astrométrique concevable. Un festival où l’on trouve Neptune, planète « humide » maîtrisant à la fois un Signe d’Eau, les Poissons et un Signe de Feu, le Sagittaire. A sa décharge, ce n’est pas le seul astre aux domiciles contraires à leur nature.

Dans sa quête d’une astrologie naturelle Kepler a tenté de justifier le nombre et l’harmonie des orbites planétaires en les associant aux solides parfaits, polyèdres énumérés par Platon (Tétraèdre, Cube, Octaèdre, Dodécaèdre, Icosaèdre). Il n’y a pas de sixième et septième solide parfait pour étendre l’Harmonie du Monde au trio des Transcendantes. Si Kepler en avait eu connaissance, il aurait certainement trouvé mieux que la loi de Bode. Les fruits de la recherche sont ceux de l’obstination plutôt que de la fantaisie. De nos jours, hormis quelques rares chercheurs, les astrologues préfèrent multiplier les planètes hypothétiques, mixer le plein et le vide, chercher les clefs de l’ordre du système solaire dans la généalogie des dieux de l’Olympe. Jean Carteret pensait qu’on devait marier Pluton à Proserpine, une planète qu’on finirait par découvrir, à son avis, au-delà de Pluton. Toujours selon un point de vue qui soumet la physique à la métaphysique, puisque dans la « dialectique » de l’astropsychologie Mars est couplé à Vénus, Jupiter à Saturne, Uranus à Neptune, tôt ou tard, Vulcain aurait dû apparaître entre le Soleil et Mercure privé de partenaire. En super métaphysicien qu’il était, J.Carteret avait établi les éphémérides de ces planètes nécessaires à sa cosmogonie. Le réel indocile ne l’a pas suivi. La constante jupitérienne du système solaire, produit des demi-grands axes, de leurs cycles et vitesses moyennes, marie Pluton à Vénus, imparfaitement Mercure à Eris déesse de la discorde, au-delà de Pluton. Et pour avoir des couples unis sous le sacre du R.E.T, il faut appliquer la formule OSF (oscillateur sans fil), calculer les rapports L/g aux données L, demi-grands axes, et g, gravités moyennes (cf. Ballet des coïncidences).

En astrologie conditionaliste chaque fois qu’un système symbolique est déchiffré, la richesse du réel féconde la pratique. Expurgé de ce système en tout ou partie, il engendre un nouveau symbole ou renvoie à un Archétype normalisé. Ainsi, la distribution du ternaire r.e.t dans les trois régions R.E.T du système solaire se schématise par la figure du Taï-Ghi-Tu, (Yi King). Il est facile de convertir les deux cercles inscrits dans un plus grand, image circulaire du R.E.T, en deux images du Yi King entrecroisées. Drapeau (Corée Sud), emblème, figure pédagogique, symbole inépuisable, il exprime l’énantiodromia d’Héraclite, transformation des contraires l’un en l’autre (énantio pour les opposés, dromos pour leur course).

Du fait de l’inclinaison de l’écliptique, les cycles que détermine la rotation/translation de la Terre permettent diverses représentations de la variation des rapports des contraires. Comparables au Taï-Ghi-Tu, en moins stylisé et plus réaliste, elles visualisent l’unité du zodiaque par la continuité des Signes. Leurs différences sont marquées par les durées de présence/absence croissante/décroissante selon les déclinaisons Nord/Sud et les latitudes géographiques. Le continuum d’alternances (définies par les phases), transformant le Bélier en Poissons, aux formules inverses, est inimaginable dans la représentation des zodiaques aux Signes compartimentés. Aucune continuité, ni de raison naturelle de transformation dans le passage du Taureau aux Gémeaux, des Gémeaux au Cancer, du Cancer au Lion changé en Vierge après trente degrés de longitude écliptique. Dans le réel astrométrique qui sous-tend et réunit ces symboles le dogme conservateur a cru voir une intention malveillante à leur égard alors qu’ils en sortent vivants et enracinés.

Sous l’empire du binaire, omniprésent dans la Bible, en biologie, informatique, physiques classique et quantique, j’ai réuni, dans la figure d’un losange les aspects majeurs et mineurs, dissonants et consonants, à ceux de Kepler, ainsi que tous les orbes possibles à tester (cf. Les aspects planétaires, Ed. Comac, 1997). Un internaute, cadre d’une obédience ésotériste, profitant du forum d’Astroariana n’a pas apprécié. Je cite de mémoire : Sans être versé en mathématique, on voit que ce losange est un carré. Effectivement, il faut être cancre en mathématique pour ne pas savoir que le carré est un losange qui a un angle droit (géométrie, classe de 5e). Cette bourde venimeuse trahit l’hostilité de principe envers tout essai d’approfondissement des symboles. Le symbolisme d’aujourd’hui, autrefois limite supérieure de la pensée investigatrice, fusionnant avec un futur en germe, est devenu le paravent de l’inculture et refuge d’une érudition stérile.

Outre la clef de la puissance unitaire du deux, l’édifice conditionaliste a régénéré la symbolique du cube pour les quartes du Zodiaque et des Maisons, la sphère et la pyramide pour les planètes. Les théories naissent, meurent, renaissent depuis l’interprétation magique du monde des premiers hommes jusqu’aux dernières en date des Homo sapiens sur la matière qui se dérobe à leur sagacité. Le conditionalisme n’existerait pas sans la Tradition, mais quelle Tradition ? Celle des C.Ptolémée, Cardan, Kepler ne demande pas de rejeter les acquis de la science. Le conditionalisme doit autant, sinon davantage, à Niels Bohr, Pavlov, Norbert Wiener, qu’à la physique d’Aristote.

J’ai insisté sur l’importance de la théorie avant la pratique, parce que les astrologues qui prétendent interpréter un thème sans théorie appliquent en réalité leurs préjugés sur les noms mythologiques, les recettes entendues, glanées dans les manuels classiques. Au mieux ou au pire, ils fondent leurs jugements sur une « expérience de départ » limitée à une trentaine de thèmes. Il faut le R.E.T en mémoire pour unir une dominante Jupiter – Saturne dans le grand « E » avec appel à Mars, au lieu de les opposer dos-à-dos. Au lieu de bricoler dans le flou la « signature » d’une planète, il ne faut pas oublier ses différentes facettes selon ses aspects et co-dominantes. Conjoint à Vénus ou Mercure, le Soleil est « R extensif », à Jupiter ou Uranus, « r intensif », à Mars ou Pluton (P, pouvoir extensif). Encore moins oublier le revers de la médaille, les « non-T », « non-E » , « non-R », les fonctions non-valorisées que l’on dégage du groupe en haut, au centre ou en fin d’une hiérarchisation.

On peut comparer ces outils conceptuels aux lettres d’un alphabet, à des notes de musique (en plus grand nombre) pour composer des phrases, des portraits, des mélodies en attente de paroles. Afin de posséder à fond leur clavier d’interprétation, je conseille aux élèves des exercices de style en écrivant une formule simple à deux termes : R. F+, puis de changer le deuxième terme qui exprime la force ou la faiblesse d’excitation ou d’inhibition pour avoir la quaternité : R.F+, R.F-, R.f-, R.f +, et brosser des mini-portraits théoriques, les désigner d’un nom quelconque ou d’une célébrité, les consigner dans un fichier et poursuivre avec les autres lettres nominatives des fonctions R.E.T en conservant celles des forces et faiblesses d’excitation/inhibition. Soit, une deuxième quaternité : E.F+, E.F-, E.f-, E.f+ , qui sera suivie par les quaternités de T, r, e, t, P, p, désignant la Transcendance extensive, les fonctions r.e.t. intensives, les pouvoirs extensif et intensif. On fait une économie de fiches en écrivant, pour les fonctions planétaires, la version harmonique en bleu ou au recto, la version dissonante en rouge ou au verso. Dito pour les vitesses et lenteurs qui, si l’on continue la mise en fiches, s’interprètent en mode adapté (recto) et inadapté (verso).

Au total : 32 fiches pour huit fonctions composées avec deux degrés de force, deux de faiblesse. Suivant le même mode de construction, en conservant les huit fonctions principales, on crée d’autres séries de fiches en prenant les vitesses V+, V-, L+, L-, les phases positives des rapports des contraires, SC (sens des contraires), SD (sens des dosages/combinaisons), SE (sens des ensembles/globalisation) et les négatives, Eg (égalisation), PP (phase paradoxale), UP (phase ultra-paradoxale). Au total 128 fiches, courtes ou longues, selon les connaissances, la patience, les aptitudes de l’élève, le degré de difficulté de compréhension et d’écriture d’une formule. Les élèves à court d’idées auront la ressource de piocher dans les livres, stages, conférences, cours, des auteurs et formateurs conditionalistes. De toute façon ce n’est pas du temps perdu ; chacun est libre de concevoir une démarche différente pour son recueil de fiches. A agrémenter de correspondances analogiques avec des citations, des photographies, dessins de personnages, animaux, plantes, ressenties en affinité avec le texte.

Après l’effort, la récompense en prenant plusieurs fiches au hasard. Assemblées deux à deux, on constatera que certaines présentent des convergences amplificatrices, d’autres des incompatibilités, à minima des contradictions embarrassantes. Incidemment, les élèves mettent le doigt sur le but de la consultation : trouver, en dialoguant, sur quel plan, dans quel référentiel résoudre ou assumer ses contradictions. En Sujet (travail sur soi), Objet (exutoire concret), Relation (engagement professionnel-social) Intégration (sublimation, dépassement de soi) ? Les référentiels, interfaces entre les conditionnements terrestres/célestes, méritent des fiches à part où l’on notera les solutions qui donnent du sens à la vie et à la consultation.

Le troisième exercice inverse les précédents. On a écrit des textes à partir de formules, on traduit des textes en formules, simples ou combinées. Les traités de caractérologie abondent, mais je crains qu’ils ne soient plus de mode et qu’il faille se les procurer d’occasion par les sites d’Internet. « La caractérologie », un Que sais-je ? succinct (Guy Palmade PUF, 1968), est bien fait. Ceux qui le trouvent, se passeront des autres. Beaucoup plus volumineux et plus classiques : « Le Traité du caractère » (Emmanuel Mounier, éd. Seuil, 1947), remarquable et indispensable aux passionnés ; « Le Traité de caractérologie » (René Le Senne, PUF, 1973), conseillé aux universitaires analytiques ; « La caractérologie » (Jean Toulemonde, éd. Payot, 1951), nombreuses références, agréable à lire et coder ; « Dictionnaire des caractères » (Jean des Vignes Rouges, Ed.J.Oliven, 1945), pratique, vivant, probablement introuvable ; « Types psychologiques » (C.G.Jung, Librairie de l’Université Georg et Cie, 1958, Genève), riche, ardu, difficile à coder.

On ne s’étonnera pas des typologies réfractaires. Leur résistance découle d’une construction déjà établie sur des assemblages systématiques choisis par leurs auteurs. Les éléments conditionalistes basiques sont comparables aux atomes, corps simples de la chimie moderne, alors que certaines typologies sont des molécules, de complexité plus ou moins difficiles à décomposer. Le couple extraversion-introversion est entré dans le vocabulaire courant en raison de sa simplicité de mécanismes (définition peu citée de C.G.Jung). En revanche, les quatre fonctions de sa typologie, couplées en Pensée – Sentiment, qualifiées rationnelles, Intuition–Sensation, qualifiées irrationnelles, sont affaire de spécialistes et forment un système d’opposés idéaux. Il suggère des appariements à écarter des modèles d’équilibre, d’harmonie dans les relations interpersonnelles, notamment conjugales (malgré l’attirance). Comme si astre, de la racine grecque astron (étoile), n’était applicable qu’aux astronomes, à l’exclusion des astrologues et vice-versa.

Ce genre de problèmes ne se pose pas avec la codification de textes libres, tels ceux des deux colonnes où l’on écrit dans l’une tout le positif que l’on pense de soi, que l’on suppose reconnu, dans l’autre le négatif que l’on se reproche, qui nous est reproché, à tort ou à raison. Les autobiographies, biographies, portraits littéraires offrent une matière copieuse aux déchiffreurs. Il arrive qu’un mot, une expression, une phrase suffisent à saisir l’élément d’un groupe dominant ou le groupe au complet. L’auteur qui écrit : Tout est une question de dosage et d’équilibre, dévoile, à son insu, une dominante probable sous un Signe SD (dosages et combinaisons). Parce qu’ils sont d’une bonne facture caricaturale, les Caractères de La Bruyère, les personnages de Molière, rendent l’exercice divertissant. Dans le même esprit, travailler en s’amusant, il y a les portraits des hommes politiques dressés par leurs adversaires, les publications satiriques, les proverbes à mettre en formules, sans être retenu par les contradictions. Grâce au Dictionnaire des personnages de tous les temps et de tous les pays de Laffont-Bompiani (Ed.Robert Laffont, 1960) j’arrête l’énumération d’une liste trop longue. Avec les exercices collectifs d’écriture de fiches et portraits, chacun(e) pourra remarquer qu’en dépit des différences de style, les formules imposent une unité de sens. Une astreinte profitable aux échanges d’idées, à l’adoption de fiches-modèles toujours améliorables. C’est dans cette intention pédagogique que j’ai convaincu les éditeurs d’ouvrages conditionalistes de ne pas supprimer les formules introduisant mes textes d’interprétation.

Les œuvres et caractères des auteurs, personnages réels, étant codés, il est temps de juger de la valeur des formules en les confrontant à celles déduites des thèmes de naissance. L’opération demande la contribution du « prof. » et le recours aux analyses des publications conditionalistes. Dans les stages, les thèmes des participants servent d’exemples de travail méthodique. La hiérarchisation des formules suivant le modèle du « Héros et son Ombre » favorise la discussion du groupe sur les critères de classement et les réflexions spontanées des élèves qui ont soumis leur thème à une interprétation collective. A défaut de participer à un stage, les élèves motivés organisent des réunions de week-end à trois ou quatre conditionalistes de proximité pour des discussions et des exercices. Il est recommandé d’étudier le plus grand nombre de thèmes et comparer les interprétations conditionalistes à celles d’autres écoles, ne serait-ce que pour comprendre les divergences.

Une incursion dans l’astrologie mondiale stimule la recherche de formulations inédites des configurations de crises ou de paix, mal justifiées par l’empirisme ou la référence aux correspondances mythologiques. Depuis la fin 2009, après les dissonances Saturne/Uranus, Saturne/ Pluton, une dissonance Uranus – Pluton se traîne au moins jusqu’à la fin 2016 dans les Signes du Bélier (Uranus) et du Capricorne (Pluton). Faut-il interpréter l’ambiance internationale comme un conflit entre le chaud et sec du dieu du ciel et le froid brûlant de l’enfer ? Il y a mieux à dire et déduire avec le R.E.T. Comme pour les aspects, les élèves lancés dans la prévision mondiale n’auront qu’à comparer les formules en cause, en exprimer les incompatibilités pour les aspects dissonants, les complémentarités pour les harmoniques. Dans l’exemple d’Uranus-Pluton dissonant, opposant l’unique au multiple, on soulignera l’impuissance des décideurs du niveau « r » intensif à convertir et diriger le multiple dans une voie unique. Difficulté à régenter les singularités rebelles aux normes réductrices. Avec les échecs des solutions drastiques, le fossé s’agrandit entre les classes sociales, la communication est coupée quand elle n’est pas organisée, conditionnée par les organes de désinformation. Le groupe grand « T » est divisé : querelles dans les grandes familles idéologiques. L’astrologue Jean Viaud, célébrité défunte d’un mensuel astrologique, en aurait auguré des hécatombes dans les Eglises, la disparition de sommités ecclésiastiques, des prime donne de la nomenklatura intellectuelle et des prophètes en place. On allonge la sauce avec les outrances des revendications identitaires, effervescences des factions, corporations, particularismes réfractaires à l’uniformité. Pluton « non-rR » contrarie le « r » intensif simplificateur de la fonction Uranus « rT ». Son pouvoir extensif « P », pouvoir des forces inconnues (enfin, on retrouve l’enfer) donne à craindre. Sachant, de surcroît, que les fonctions Uranus et Pluton ont en commun le « non-eE », le présage néfaste d’écroulements, dysfonctionnements entre les roues et le moteur se confirme. Du nanan pour la curée des catastrophistes en quête de renommée après la fin du monde. A ceux-là comme à tous les ténors de la parole, l’appartenance commune d’Uranus-Pluton au groupe « Logos – discours » offre une aubaine de mise en vedette sous des auspices désastreux. L’effet positif d’une dissonance peut être la prise de conscience des erreurs, méfaits qu’elle désigne. L’absence de Neptune, fonction « eT » du groupe « T », rappelle qu’il manque à nos sociétés technocratiques, aux sciences avancées, un peu plus d’humanité.

Voilà un angle de vue, une source d’inspirations par les racines qui n’apparaît pas dans les explications des prévisionnistes traditionnels parce que la source coule dans leur inconscient ouvert aux signaux fermés à leur esprit. Néanmoins, on apprend grâce à eux, qu’il n’est pas difficile d’énoncer des catastrophes ; plus difficile de savoir pourquoi et à partir de quoi.

De l’interprétation collective dirigée ou en petits groupes autonomes, on passe à la consultation en tête-à-tête, de préférence avec un consultant qui a besoin d’un avis d’astrologue-conseil sur un problème précis. La consultation par curiosité n’a pas plus d’intérêt qu’une conversation mondaine. Dans le dialogue avec un consultant, on découvre tout ce qui ne saurait se déduire du thème natal : le niveau spirituel, moral, culturel, le conditionnement social, aux formes variables selon les sociétés et les époques, des bagages terrestres. Les formules, mécanismes, fonctions basiques dégagées du conditionnement céleste, de l’ordre des signaux, sont impropres à définir les propriétés réductrices ou amplificatrices de l’ordre de l’humain.

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PLG : As-tu actuellement des projets qui te tiennent à coeur ou des travaux en chantier que tu souhaiterais évoquer ?

JPN : Je suis tenté de revenir avec détails et exemples sur les fondements inexistants, en dehors d’observations contradictoires, de l’astrologie mondiale et ses grands cycles. Du sport en perspective entre le théoricien critique et le praticien empiriste. Pour le temps qu’il me reste, je crois qu’il vaut mieux continuer mes recherches en cosmologie solaire, corriger les erreurs possibles du Ballet des coïncidences, peaufiner les hypothèses.

J’ai lu dans une revue de vulgarisation que les astrophysiciens commençaient à décrocher de la « matière noire » et de l’énergie sombre, jusqu’ici nécessaires à 95 % à leur cosmologie. La remise en cause de ces ingrédients, uniquement visibles dans leurs équations pour expliquer l’accélération de l’expansion de l’univers et les « déficits de matière dans les amas de galaxies » (je cite), entraîne de modifier la loi de Newton (transit de Pluton en Capricorne). Cette loi sanctifiée selon laquelle deux masses s’attirent en raison inverse au carré de leur distance « r », soit 1/ r² , « ne vaudrait plus qu’à l’intérieur d’un certain rayon » (dossier de Azar Khalatbari, Sciences et Avenir, janvier 2015).

Les questions que se posent les cosmologues sur la validité absolue de la loi de Newton, ne demandent pas d’aller dans les années lumières galactiques. La distribution des orbites planétaires de notre système suffit, depuis longtemps déjà à s’interroger, car si cette distribution révèle un ordre indiscutable, à priori ce n’est pas la loi de Newton qui l’expliquera. Beaucoup de chercheurs, amateurs ou professionnels, se sont attachés à trouver la raison du « pourquoi cette distance et pas une autre » de chaque planète, précisément parce qu’il y a l’espérance, chère aux chercheurs, de découvrir une loi inconnue en physique ou en harmonie des nombres.

L’astrologue-ingénieur Maurice Froger a trouvé la constante Jupiter, produit des orbites principales prises deux à deux de Vénus à Pluton. Ce qui l’a conduit à l’hypothèse d’une planète à 77 UA, partenaire de Mercure qu’il a appelé Minos. A cette distance, après le demi-grand axe d’Eris (67 UA), se place le périhélie de Sedna (77 UA), planètes naines aux fortes excentricités, en dehors du groupe homogène de Mercure à Pluton, bien que ce dernier commence la série des extradés. J’ai eu l’idée banale de joindre la tangente du cercle principal d’une orbite, donc d’un rayon égal au-demi-grand axe, au cercle du demi-grand axe suivant, ainsi de suite de Mercure à Pluton. L’idée moins banale est d’avoir additionné les angles extérieurs obtenus par les triangles rectangles consécutifs. La figure résultante est conforme à la classification astrométrique des planètes : de part et d’autre de Jupiter, à gauche de la figure, (choix conventionnel) de Mercure à Cérès inclusivement, on a les telluriques, rocheuses, petites et denses ; à droite, les géantes massives et gazeuses, à l’exception de Pluton qui boucle le cercle. Le « nain » aux lunes multiples se rapproche de Mercure et rejoint la gauche par ses propriétés équivoques. Les planètes Mercure, Cérès, Pluton, sont les plus petites, les moins massives du groupe, les plus excentriques, les plus inclinées par rapport au plan écliptique. Elles ont en commun d’être les plus proches du diamètre 0°- 180° du cercle, ce qui échappe autant à l’œil nu qu’à l’Union Astronomique Internationale (UAI). Au-delà de Pluton, Eris et Sedna ont des excentricités aberrantes par rapport à celles du groupe des orbites couplées autour de Jupiter (quatre à gauche, quatre à droite ) qui pourrait bien former un couple de 185°, un axe oscillant avec Mercure, à – 5° de son vis-à-vis.

Quel critère unit ces couples, lequel rend l’appariement incertain ? On peut penser aux cycles, inférieurs ou supérieurs à celui de Jupiter, à l’activité moyenne du Soleil (11 ans), aux telluriques unies aux gazeuses, mais Pluton partenaire de Vénus déroge, ou encore, argument géométrique, à la droite ou gauche de la figure, en attendant une justification physique.

La réponse la plus simple est l’appartenance commune à une sphère d’un certain rayon (voir plus haut) qui ne serait autre que celui de la constante moyenne 5,34 UA, proche du demi-grand axe de Jupiter 5,202 UA. Dans le Ballet des coïncidences qui n’en sont pas, à l’acte VI, page 369, une figure montre comment d’un seul angle on obtient deux distances, l’une par projection interne du rayon de la sphère dans le plan équatorial, l’autre par projection externe, sur ce même plan, de la tangente à l’angle d’inclinaison du rayon.

Marche à suivre pour les amateurs de travaux pratiques : on trace un arc de cercle supérieur à 90°, pour représenter la coupe d’une sphère de 5,34 UA avec le Soleil au centre, son plan équatorial et son axe polaire perpendiculaire. On choisit une orbite inférieure à 5,34, par exemple Vénus 0,724 UA que l’on divise par 5,34 pour avoir le sinus (cf. dictionnaire) d’un angle, soit : 0,723 / 5,34 = 0,1354… (quatre décimales suffisent). Ce rapport-sinus correspond à un angle 7,78 ° (arrondi). On trace un rayon d’un angle distant de 7,78° de l’axe polaire, par conséquent incliné par rapport à l’équateur de 90° – 7,78 ° = 82,22°. De la projection du rayon sur la ligne équatoriale on obtient, c’est normal, la distance au Soleil de 0,723 et l’intersection de la ligne équatoriale prolongée avec la réfraction du rayon à 90°, une distance égale à 5,34 que divise 0,1354 = 39,44 demi-grand axe de Pluton, ce qui est normal aussi, géométriquement parlant. Pour avoir la distance Soleil-Vénus on multiplie 5,34 par le 0,1354, sinus de l’angle 7,78° ; inversement, pour la distance Soleil-Pluton on divise 5,34 par le sinus du même angle. Conséquence, si 0,723 = 5,34 × sin.a et 39,44 = 5,34 / sin.a. Alors : 0,723 × 39,44 = 28,51 = 5,34 × 5,34 = 5,34². Un C.Q.F.D. jamais démontré pour le système solaire, qui renvoie à une fonction hyperbolique.

La relation est valable pour toutes les inclinaisons du rayon, mais ce n’est pas ce qui se passe : les couples en symétrie interne-externe, sont des privilégiés pour des raisons inconnues, comme le sont généralement les privilèges. Maintenant, poursuivons avec l’orbite de Mercure 0,387 UA. Le quotient 0,387 / 5,34 égal à 0,0725, correspondant au sinus d’un angle de 4,16°, entraîne une inclinaison sur l’équateur de 85,84° et nous rapproche dangereusement du pôle. On n’a pas froid dans le dos mais la réfraction renvoie le partenaire de Mercure à 73, 7 UA où la température ambiante doit être environ de 8,6 fois (valeur de racine 73,7) en dessous de celle à la distance d’1 UA, soit 45° Kelvin pour 1 UA à 394°, calculs approchés. La réfraction du rayon qui nous vaut le demi-grand axe de Mercure à l’intérieur de la sphère, intersecte avec la ligne équatoriale entre le demi-grand axe d’Eris (67 UA) et le périhélie de Sedna (77 UA). Deux partenaires au lieu d’un, et des partenaires beaucoup plus excentriques que lui. On commence à entrevoir pourquoi les extrêmes se touchent… près des pôles.

Les inclinaisons significatives étant symétriquement reportées, des projections et réfractions sur le plan équatorial apparaissent les diamètres des cercles concentriques représentant les orbites planétaires à une échelle graphique judicieuse. Il reste à joindre ces cercles par le tracé d’une spirale de 0° à 360° en suivant la sommation des angles calculés par les rapports-sinus des demi-grands axes consécutifs, une suite de triangles dont la hauteur graphique est égale à la base (cf. Acte VI du Ballet des coïncidences).

Le modèle est rigide. Le réel a plus de dimensions que l’écriture et le dessin. Il faut donc concevoir l’ensemble en mouvement, faire osciller la sphère, la transformer en « solaroïde » (à l’instar du « géoïde » terrestre), faire osciller le rayon, légèrement les pôles pour avoir une idée des irrégularités, particularités que sont les inclinaisons et excentricités, outre les masses.

Les cercles réunis par la spirale sont des anneaux, distribués en intervalles croissants, internes – externes dans le plan équatorial. Les planètes se sont formées dans ces anneaux.. Je ne crois pas que la gravité de Newton puisse expliquer leur formation par couples dans la bulle du solaroïde, ou alors on la connaît bien mal. C’est pourquoi, pour accréditer les angles et sinus symétriques, j’ai cherché leur raison numérique, si possible physique. Par la méthode « marsienne » des essais et erreurs, je l’ai trouvée dans le modèle des transitions orbitales de l’atome d’hydrogène, modèle dit de Bohr qui met en cause les carrés inverses des nombres entiers. Ceux de 1 à 4, à savoir 1/1, 1/4, 1/9, 1/16, suffisent à placer les angles des couples au bon endroit, en commençant par le couple Vénus-Pluton et en suivant. Evidemment, il s’agit des niveaux d’énergie impliquant des vitesses électroniques (de l’ordre de celui du vent solaire) et non pas du saut des planètes de leur orbite à une plus haute en cas d’excitation. La relation n’apparaît qu’avec la spirale réunissant les orbites par la sommation des angles corrélés aux rapports-sinus des orbites successives. Les critiques qui me lisent en se rasant sont condamnés à me relire et réfléchir en se laissant pousser la barbe.

Le fameux rayon « r » existerait donc aussi pour notre étoile mais en ce qui concerne la formation des planètes, j’ai perpétré l’hypothèse d’une interférence avec la lumière ou le vent solaire ionisant. Hypothèse admissible en physique moderne, plus contrariante si elle se concrétise par des chiffres car la réalité n’a pas le charme des images d’Epinal. Elle répond à côté du merveilleux, crée ces déceptions que l’on exprime par « Ce n’était que çà !? »

Pour le moment, voilà une relation microcosme – macrocosme d’une énormité qui demande, précisément parce que c’est trop beau (trop gros?) pour être vrai … qu’on y regarde à plusieurs et à plusieurs fois. Je ne compte pas sur l’aide des symbolistes accrocs aux métaphores, construisant l’astrologie sur la mythologie, comme si la mythologie ne s’était pas construite sur la cosmologie intuitive des poètes. Je pense ici à Jupiter, maître de l’Olympe, constante des couples planétaires, face à Mercure, son messager près de Pluton qui ferme le cercle des symétries. Ce nain vu du Soleil et de l’UAI, est un plus grand Soleil en tant que frontière entre le groupe cohérent des planètes et les objets épars qui en sortent.

Inutile d’espérer quoi que ce soit des astronomes installés dans l’obstruction systématique, des médias qui, de crainte d’avoir à contredire, n’ont pas le courage d’ouvrir un dictionnaire de langue française pour s’instruire de la différence entre Signes et Constellations. Et pas grand-chose à attendre des sociologues aux interprétations statisticiennes soucieuses de complaire aux rationalismes corporatifs. Mais les générations passent et trépassent. Ce qu’on appelle improprement « l’esprit cartésien » (Descartes n’était pas un ricaneur) ne sévit pas sous toutes les latitudes. Les indignés, les lucides, les réfractaires, écrivains, philosophes, historiens des sciences commencent à trouver louche, peu convaincant, l’obstination à bannir l’Astrologie et ses défenseurs prestigieux de l’histoire des civilisations, au prétexte futile des horoscopes de presse, comme si la science était angélique lorsqu’il s’agit de trouver des crédits pour ses recherches « désintéressées ».

Tous les hommes ne sont pas collés à leur étiquette sociale. C’est à eux qu’il faut s’adresser par la liberté d’Internet, par nos articles, livres, cours formateurs comme celui que tu diriges. De l’avis des astrologues les portes des Universités, côté « sciences humaines » seraient prêtes à s’ouvrir officiellement à l’astropsychologie non-fataliste. Encore faut-il que la « Grande Dame » (je cite A.Breton), sortie du ruisseau, ne soit pas un « cadavre exquis » impuissant à répondre à des critiques objectives.

Le dernier paragraphe de la Lumière (Ed.Seuil, 1981) un beau livre de Bernard Maitte, physicien et historien des sciences, résume le défi à tenir chez les hommes de bonne volonté, indépendamment de leurs titres, de toutes confessions et professions de (bonne) foi.

L’émancipation de l’homme, la possibilité pour la science de reprendre sa quête de compréhension, celle de s’enrichir d’apports nouveaux supposent que nous prenions bien en compte la nature de la connaissance scientifique et que la société favorise l’expression des différents courants de pensée. Comme l’a montré Einstein en empruntant au réalisme pour introduire le photon et au positivisme pour formuler la relativité, la fécondité ne naît pas du sectarisme et de la négation de l’autre. C’est dans la diversité que peut s’exercer la Liberté.

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Cours d’astrologie conditionaliste de Patrick Le Guen

Renseignements

http://www.cours-astrologie.net/

Les 19-20 mars 2015, le « Centre International de l’Histoire des Sciences » de l’Université d’Utrecht, en collaboration avec le département de philosophie de l’Université d’Oklahoma, se tiendra un colloque, sur le problème de « La marginalisation de l’Astrologie dans le monde moderne ». Colloque organisé par M.Hiro Hirai (département de philosophie, Université de Nijmegen) et M.Rienk Vermij (Histoire des sciences, Université D’Oklahoma).

J’ai écrit aux organisateurs pour être informé de la publication des communicants. M.Rienk Vermij m’a fort aimablement répondu qu’il ne manquerait pas de m’en aviser.