¬ Astrologie et contestation

Par Jean-Pierre Nicola. 5 Février 1970
(Paru dans la revue « CARRÉ » n° 10-11, en 1976)

Comment ce qui n’est, aux yeux de la science officielle, qu’une immonde pelade, aurait assez de santé pour s’associer à un courant  rajeuni par mai 68, prétendre lui ressembler et assumer, avec lui, l’opprobre des bien-pensants de l’intelligentsia cartésienne ? Comment ce que les milieux du conformisme académique appellent un absurde dé­chet du passé peut-il se réclamer d’une évolution contemporaine ?

Je n’associe pas l’astrologie à la contestation pour m’offrir une vue de l’esprit.


L’astrologie est contestataire parce qu’il y a, pour les conservateurs du musée du siècle des lumières, des vérités réelle­ment indigestes dans la contestation et dans une connaissance arbitrai­rement répudiée

Un regard en arrière me ramène au souvenir d’une interview où j’exposais des travaux personnels identifiant les douze Signes zodia­caux aux types psychologiques définis par Pavlov. A la suite de ses expériences sur le conditionnement et le système nerveux supérieur, Pavlov expliquait les comportements en faisant appel aux différents états d’équilibre possible entre l’inhibition (fonction d’assimilation, de différenciation, de défense et de sélection) et l’excitation (fonc­tion de dépense, d’affirmation, d’association et de veille). Les ten­dances des douze Signes zodiacaux s’expliquent selon une structure identique utilisant les rythmes du jour et de la nuit, le jour étant un facteur d’excitation, la nuit un facteur d’inhibition. Ces rythmes quotidiens et annuels permettent la reconstitution d’un zodiaque indé­pendant des constellations. Ils s’appliquent non seulement au Soleil, mais à toutes les planètes en passant de la durée du jour à la durée de l’arc diurne, de la durée de la nuit à la durée de l’arc nocturne.

Le journaliste qui m’interviewait au nom d’une revue scientifique très sérieuse, dit-on, n’eut rien de bien pertinent à répondre, sinon qu’à son avis « j’aurais dû m’occuper de biologie ». A la publication de son article, rien de notre conversation ne transpire. Il avait, lui ou son supérieur en objectivité intolérante, éliminé mes explications par trop raisonnables, préférant assurer ses lecteurs que l’astrologie est impensable a priori et que le zodiaque n’existe pas, du fait de la précession des équinoxes entraînant le mouvement rétrograde des Signes.

Je tiens à ce souvenir, le premier à m’avoir averti de l’obstina­tion anti-astrologique dans les sphères du conservatisme appliqué à la science. Aujourd’hui, des faits édifiants sur ce qu’est et ce que vaut l’honnêteté intellectuelle à l’égard de l’astrologie, ne manquent pas. Au moment où un chercheur non-astrologue publiait des résultats statis­tiques favorables à l’influence des astres, malgré lui et sa position anti-astrologique, une autorité de la recherche scientifique écrivait sans fausse honte : « En astrologie, chaque fois que les résultats ont une valeur démonstrative, ils sont négatifs ». Dernièrement, Jean Rostand, anti-astrologue notoire, ajoutait : « Si la statistique se met à prouver l’astrologie, alors je ne crois plus à la statistique » (Nouvelles Litté­raires du 27 novembre 1969). Pierre Fisson, dans le Figaro Littéraire du 21 juillet 1969, dressait son réquisitoire : « En fait, l’astrolo­gie n’est rien d’autre qu’un succédané bâtard de la religion et les astrologues sont à classer dans la rubrique des petits charlatans avec les Mages de Compiègne ou de Marsal, les Christs de Montfavet et autres inspirés du même acabit. En fait, si l’astrologie ne vise qu’à être une forme de médecine psychologique, elle peut rendre service aux âmes faibles. Qu’elle prétende à davantage et là commence l’intolérable…».

Anti-communisme, anti-sémitisme, anti-féminisme, tout ce qui est « anti », tout ce qui est fanatisme, n’a pour raison ultime que l’into­lérable.

Ce recueil d’insultes, de diffamations, de mauvaise foi, pèsera lourd dans l’histoire des sciences dont le passif ne manque pourtant pas d’éléments. Les déclarations d’un sectarisme étonnant de la part de personnes qui, en raison de leur formation, devraient théoriquement donner l’exemple du jugement fondé, ne sont pas des phénomènes isolés ou accidentels. Elles reflètent une attitude délibérément hostile à l’astrologie. En France, il n’est pas possible d’écrire trois lignes sérieuses sur l’astrologie dans la grande presse, qu’il s’agisse d’hebdomadaires, de quotidiens, de revues culturelles. La conspiration du silence est prodigieusement organisée : polémistes, pamphlétaires, éditorialistes, de droite ou de gauche, ne savent où donner du style pour dénoncer les atteintes à la dignité et l’équité. Ils se gardent bien de saisir dans l’astrologie l’occasion du courage, de la curiosité et du respect des idéaux qu’ils professent. L’astrologie, qui a l’insigne honneur d’avoir intéressé Jean Kepler, Newton, Balzac, Galilée, C.C. Jung et, parmi nos contemporains des personnalités comme Maryse Choisy, Mau­rice Druon, René Huyghe, Lévi-Strauss, Gabriel Marcel, André Pieyre de Mandiargues, le Révérend Père Riquet, n’intéresse pas ceux dont le mé­tier est d’informer objectivement le public.

Le dialogue est interdit, la communication proscrite. Lorsqu’une émission de télévision s’organise autour de l’astrologie, les informa­teurs officiels évitent de s’adresser à des astrologues compétents. Et, si les interviews enregistrées ne cadrent pas avec le programme anti-astrologique de la phalange rationaliste, les responsables se sentent suffisamment adultes et bons pères pour jouer du ciseau dans la bande magnétique de façon à ne laisser de l’astrologie que le visage qu’ils lui ont fabriqué : un visage de putain fofolle, entichée de sciences paranormales et d’esprits frappeurs, idole d’escrocs enrichis aux dépens d’un peuple abusé.

Dans toutes les intolérances, le mépris ne connaît pas ses limites.

De droite à gauche l’astrologie est traitée en hippie, en paria, en gauchiste séditieux. Accusée de maints forfaits – n’est-ce pas elle qui détourne les fonds qu’il faudrait consacrer à la recherche ? – elle est dépeinte comme un délire pseudo-religieux. Les prétextes d’accusation se trouvent sur place. Il suffit de prendre le problème à rebours, de jeter l’astrologie à la rue pour la traiter de vagabonde, de la livrer aux spéculateurs pour proclamer qu’elle n’est que vénale, de lui refu­ser toute tribune pour affirmer qu’elle n’a rien à dire ! Il suffit de présenter les conséquences d’un anathème comme des causes premières, fatalement irrémédiables. Il est, par conséquent, important d’entrete­nir le silence autour d’astrologues capables d’informer le grand public des véritables aspects de l’astrologie et des véritables responsables de l’astrologie dénaturée. Le mépris se pare de morale et de scientisme : les astrologues sérieux ne sont que des délirants de petit acabit, des rebouteux pour âmes faibles, des avant-derniers dans l’échelle de la dégénérescence ! Là encore, les ténors d’une culture qui se dit libérale et humaniste ne se sont jamais proposés de rectifier la plus sordide calomnie. Du moment qu’il est question des astrologues et de l’astrolo­gie, les grands idéaux cèdent la place aux petits calculs.

Mais par delà une situation où le rapport de force permet aux chas­seurs de sorcières d’en prendre à leurs aises avec la liberté d’expres­sion et la vérité, par delà un rapprochement de fait entre l’astrologie et la contestation, il existe des raisons plus profondes à l’origine de l’excitation anti-astrologique.

Lorsqu’une classe parvient au pouvoir, son premier souci est de s’organiser pour le conserver en privilégiant les groupes qui acceptent sa tutelle et s’associent à sa lutte contre les réfractaires. Un pouvoir ne se maintient pas uniquement par des forces policières. Il est mieux assuré de sa « continuité dans le changement » s’il installe une philoso­phie, une science, un art, une morale qui le justifient ou lui laissent les coudées franches. Le fameux pouvoir à l’imagination réclamé par les contestataires de mai 68 dénonce une culture politisée dans l’essence, sinon dans l’apparence.

Telles qu’elles sont conçues, programmées, enseignées, les disci­plines universitaires contribuent au maintien du pouvoir d’une classe et non d’une collectivité. En séparant chaque discipline de son ensemble, de l’homme et de son milieu, notre culture forme des esprits aptes à recevoir comme naturelles toutes les expressions d’individualisme, de ségrégation, d’inégalité. Rompus à l’art de penser par catégories, les produits cultivés de la classe dominante ne peuvent concevoir et soute­nir qu’une société à compartiments hétérogènes.

En présentant dans les écoles, lycées, universités, le compartiment science comme l’unique salon de l’objectivité, les administrateurs du bon savoir estiment posséder un monopole particulier : celui de la rigueur et de la vérité. Spécialisée dans le raisonnable et l’anti-subjec­tif, la science installée dans son compartiment social s’aliène au pou­voir, n’exigeant de celui-ci que des privilèges conséquents pour ses meilleurs représentants. Par le jeu d’un marché involontaire, lorsqu’un Einstein découvre, au nom de l’éthique scientifique, les secrets de la matière, ses équations se transforment en bombe sur Hiroshima et les honorables déclarations des Einstein, Oppenheimer, venus ou à venir, ne changeront rien aux contrats tacitement établis entre la science et le pouvoir.

Les techniques de pointe servent les objectifs commerciaux ou mili­taires de la classe régnante, ce n’est pas l’astronautique qui me démen­tira. Bien sûr, la psychiatrie a des retards : un malade mental n’est pas rentable et quel député comptabiliserait son bulletin de vote, le soir de la fête électorale ? Bien sûr, l’astrologie n’intéresse pas la recherche pure ! Que faire, à la guerre, de l’influence d’une planète et des rythmes d’un Signe ? A défaut de guerre, il y a le commerce : dans les pays capitalistes, l’astrologie commerciale est la seule qui se soit développée, la seule, aussi, dont on a facilite l’épanouisse­ment.

Les travaux sur les armes bactériologiques sont allés trop vite… tandis que les progrès d’une connaissance se proposant d’aider chacun à comprendre un peu mieux sa vie, son caractère, ses rapports avec autrui, ne tiennent qu’à la bonne volonté des utopistes, des poètes et des insensés. Puisqu’il s’agit généralement de pacifistes, de chercheurs qui n’ont pas le sens des affaires, leur délire ne fait aucun doute.

Par son asservissement au pouvoir, la science paye son droit à l’exclusivité en matière de vérité. A ce tarif n’importe quel régime assez malin pour enluminer ses objectifs dominateurs est assuré d’avoir ses fusées, ses bombes et ses gaz, savants et calculateurs s’y emploie­ront au nom de l’objectivité étrangère – paraît-il – à la politique et à la part du coeur. Le marché est quelquefois humain. Il est possible que certains régimes fassent de généreuses concessions aux visées pro­gressistes des hommes de science. Il n’en demeure pas moins que les plus enragés de nos détracteurs figurent parmi les scientistes en attente d’un pouvoir stalinien qui pourrait renforcer leur caste, consolider leur monopole.

Pour le physicien tout ce qui n’est pas mesurable et observable n’existe pas. Cette affirmation a rendu la science titanesque dans le monde de la quantité, écrasante dans le monde de la qualité. Au nom de quel axiome a-t-on le droit de gémir sur le recul des valeurs d’âme et de personnalité ? Ce sont là des valeurs non-mesurables qui s’observent de moins en moins ! Quelles qualités peut-on stimuler dans une organi­sation sociale dominée par les critères de la quantité ?

Tous les savants ou présumés tels certifient qu’en science le témoi­gnage d’un seul ne compte pas… Règle fort utile qui a rendu l’homme étranger à lui-même, honteux de son bon sens (condamné par la logique des atomes), pas très fier de penser sans l’autorisation des spécialis­tes. La spectaculaire réussite des axiomes scientifiques illustre leur efficacité mais les dangers d’un succès bâti sur le rejet de la personne commencent à se mesurer. La science a prouvé que pour réussir et deve­nir le premier dauphin du pouvoir, il fallait pratiquer les axiomes du nombre, de la mécanique, de la balistique, de la statistique… Comment ne pas s’inspirer d’un si bel exemple et faire sa place au soleil en poussant un peu le soleil non-mesurable des autres ? Les critères de la science sont devenus ceux de la réussite systématique et ceux d’une morale nouvelle, mais les règles d’or du physicien sont-elles justes pour les hommes en quête d’une société humaine ? Certes pas, et c’est pourquoi il y a des contestataires et des astrologues.

Le qualitatif, que l’on appelle aussi le méprisable univers des « croyances », a ses places fortes. L’astrologie en est une. Elle ne me­sure pas l’influence des astres, elle s’attache aux significations hu­maines que chaque cycle planétaire représente dans les étapes du déve­loppement psychologique. Elle est qualitative dans ses prévisions qui désignent un genre d’événement et non pas son ampleur ; qualitative dans ses portraits qui tracent le profil d’un caractère et non son extension.

Le régime des classes et des privilèges va de pair avec une culture formée de cloisons, de compartiments et de catégories ; il implique une société où chacun cherche sa place sans se soucier des rapports d’ensemble et de sa place dans ces rapports ; il conditionne la proli­fération d’organisations hétérogènes indifférentes aux lois « subjectives et qualitatives », c’est-à-dire aux intérêts humains. Contraint à s’adap­ter aux distorsions imposées, l’homme, s’il ne vit pas dans sa spécia­lité, d’un oeil, d’une jambe ou d’une oreille, devient un arlequin malade, un émietté. L’âme émigre où il n’y a pas d’unité.

Quelques francs-tireurs rappellent que le malaise de la civilisa­tion prend sa source dans la philosophie du pouvoir et dans des concep­tions en porte à faux avec l’unité de la personne. Les essais de vision globale, vision spécifiquement astrologique, sont encore rares mais, dès qu’ils apparaissent, ils mobilisent l’attention parce qu’ils tran­chent heureusement avec le mode de pensée propre à un héritage décadent. Les jeunes contestataires ont adopté ces philosophies nouvelles, l’es­sence de la contestation étant le refus de l’Homme-Objet, le refus de la réduction à un organe, fût-il un organe pensant. Elle récuse le « je pense, donc je suis » pour le « je suis ce que je suis ». Il est certain que l’astrologie apporte des moyens de synthèse et de compréhension glo­bale. Comment ne séduirait-elle pas une jeunesse que l’on voudrait adapter aux quadrillages de la schizophrénie en culture ?

Où nous sommes entraînés à placer des mots dans un ordre de succes­sion qui devient le support d’un message intelligible, l’astrologie place des symboles aux significations simultanées sans qu’il y ait dé­sordre et confusion. Notre culture découle d’une logique de la continui­té, la pensée astrologique est une logique harmonique ou une logique de la simultanéité. La contestation ne croit plus aux mots, aux phrases bien enchaînées, aux mélodies de la rhétorique, à cet ordre de la conti­nuité en divorce systématique d’avec l’ordre de la simultanéité. Elle croit au langage des actes et aux actes accompagnés d’authenticité.

De son côté, l’astrologie se pense par ensembles : l’homme est un ensemble aux harmoniques organisées, incluses dans un univers ordonné. Des structures identiques dont les vivantes se sont nourries des moins vivantes ont des chances de se renforcer entre elles. Chaque être, se­lon la logique de la simultanéité, peut avoir ses résonances synergi­ques ou antagonistes avec le milieu dans lequel il vit et, ce, d’autant plus facilement que ce milieu est sa terre nourricière. L’astrologie soutient que les rythmes qui marquent les étapes de la maturation sont en relation avec les rythmes du milieu cosmique. Il paraît que ce n’est pas concevable et qu’il faut être délirant, obscurantiste, cancre de Platon et Christ de Montfavet pour souscrire à des hypothèses aussi indignes.

Nos officiels de la science, pour qui les mots ne sont que les voya­geurs d’un compartiment de la connaissance, ne sauraient accepter des axiomes qui donnent la primauté de la signification aux phénomènes et non aux mots qui les désignent. Bien que les faits soient pour eux le pain de l’objectivité, leur anti-astrologie n’est qu’une suite de rai­sonnements pédants qui trahissent leur goût des abstractions ennemies de la complexité de l’houille. Afin de discréditer l’originalité et l’authenticité de la pensée astrologique, ils présentent sa globalité comme un ersatz de religion et feignent d’ignorer que cette pensée est toujours en avance sur les recherches les plus audacieuses en matière de logique « nouvelle ».

L’anti-astrologie craint par dessus tout l’homme conscient de ses résonances avec un milieu nourricier étendu jusqu’aux limites – et peut‑être bien au-delà – du système solaire. Un être dont le milieu de réfé­rence est assez vaste pour être étranger aux notions étroites de classe et de nationalité, échappe aux mots dont l’efficacité est contrôlée par la culture. Il n’appartient pas au pouvoir et à ses services annexes.

« Comme il est donc flatteur, pour le pauvre individu humain, de croire qu’il a un destin et que ce destin est inscrit dans les astres ! » écrivait Jean Rostand dans le Figaro Littéraire du 19 janvier 1952. Il est évident que pour Jean Rostand le « pauvre individu humain » doit se contenter de rester au niveau du crapaud songeur. Une autre condition serait, semble-t-il, gênante pour ce grand soliste de la fadaise anti­-astrologique. Nous avons vu déjà jusqu’à quel puissant niveau d’objecti­vité ce littéraire mal orienté était capable d’aller dès lors qu’il sen­tait menacé son roman de l’homme anti-cocorico. Il est d’autres devins aussi doués dans le genre… J’en détaillerai les trouvailles et la stratégie à l’occasion d’un ouvrage consacré à l’anti-astrologie.

C’est à la vieille idée de dieu que les hommes de science anti-astro­logique déclarent souvent s’attaquer dans l’astrologie. Ils s’attaquent, en réalité, au sphinx des structures naturelles dont ils ont pris ombrage parce qu’il détient un langage qui se passe des mots et fuit le monopole d’une caste passée maître dans l’intoxication verbale.

Pour l’astrologue, l’ordonnance des choses a une signification et les cycles planétaires constituent une manifestation du langage de la nature. Si la nature s’exprime par ses éléments les plus ordonnés – les cycles –, c’est parce qu’elle dispose d’une logique qui accorde à l’homme un sens et une distinction autrement supérieurs en noblesse à la rosette du pis-aller que lui concède un biologiste monomane.

L’astrologue ne cherche pas à mesurer mais à comprendre les rapports de l’homme avec son milieu et c’est en quoi il est plus souvent en butte à des calculateurs qu’aux savants qui cherchent également à comprendre et à décoder un message. Le but ultime de l’astrologie est de comprendre et non de deviner mais d’aucuns, qui savent parfaitement de « quoi il retourne », ne veulent voir dans l’astrologie qu’un quelconque procédé de divination. Tout serait si simple.

Il n’y a dans l’astrologie aucune mystique en dehors de celle que chacun croit devoir lui apporter. Il s’agit seulement d’une sémantique différente de la logique des champions d’une classe, il s’agit seulement  d’une logique dont il reste tout à découvrir à la condition d’envisager la possibilité d’un code à déchiffrer, et non de décréter que tout est charabia en dehors de la syntaxe officielle. La façon dont la nature calcule, prévoit, organise, n’est pas forcément celle des patrons de la statistique, et l’arbitrage, en dernière analyse, ne doit pas devenir le privilège des salariés du pouvoir, mais rester à une réalité qui, elle, n’achète personne.

Codifiée à partir de signaux concrets, l’astrologie conteste la puissance des mots sans prise sur le réel et place l’autorité ailleurs que dans la spécialisation d’une classe. Celle-ci, à moins de prétendre incarner un « ordre universel » (ce qui s’est déjà produit), ne peut donc qu’entrer en conflit avec une logique concurrente. L’anti-astrologie masque, à la fois, la faillite du verbiage élaboré et la hantise d’un affrontement décisif avec une vérité qui menace de la déposséder de ses privilèges. Dans la stratégie d’une caste qui se maintient à l’ombre du pouvoir, il est donc normal de taxer la pensée astrologique d’infan­tilisme. Les contestataires ne sont-ils pas des jeunes égarés, des en­fants gâtés ?

C’est en raison de leur pensée globale que nombre de créateurs ont fait progresser les sciences. Quelle autre pensée est à même d’attein­dre une vision conforme du monde, le réel étant toujours une globalité ? Comme par hasard, ces créateurs n’étaient généralement pas hostiles à l’astrologie en laquelle il leur était facile de pressentir une dimen­sion familière à leur esprit. La sympathie qu’ils témoignèrent à l’astro­logie n’est que le corollaire inévitable d’une attitude intellectuelle et non le reflet d’une tumeur maligne.

Née de l’intuition de la globalité du réel, l’astrologie peut se justifier par une logique tenant compte des lois régissant les ensembles. Pour l’heure, il est démontré que :

– chaque Signe zodiacal est le moment d’un cycle en relation avec un en­semble dynamique (les rapports de force qui s’établissent dans un groupe humain peuvent reconstituer les types zodiacaux).

– le groupe des planètes du système solaire forme un ensemble organisé, chaque distance au Soleil (donc chaque cycle planétaire) étant en rela­tion avec toutes les autres distances au Soleil du groupe. La démonstra­tion restitue les distances au Soleil à moins de 1 % d’erreur pour neuf distances calculées, une erreur moyenne, pour toutes les distances, de l’ordre de 3/1000. Aucun astronome ne peut se prévaloir de cette rigueur d’astrologue.

– les significations psychologiques attribuées aux planètes sont liées aux étapes de la maturation (relation entre les âges et les différentes durées données par l’ensemble planétaire).

– l’interprétation d’un horoscope doit tenir compte de l’ensemble formé par le milieu familial, historique, social.

Le bilan de cet infantilisme n’est pas exhaustif.

Ce qu’une caste a fait de l’astrologie : une fille errante, une vé­rité que l’on tente de tuer avec les bons arguments et les bonnes mé­thodes de la raison éclairant le monde, est l’image de ce que cette même caste, par son allégeance au pouvoir, a fait de l’homme dans, la société de la quantité.

L’homme est né avec cette « fausse croyance » dans la peau ; il faut l’achever ou contester.