¬ Définitions

ASTROLOGIE
(Jean-Pierre

 

Nicola. Avril 2009)

Définition.

Est-il possible de donner une définition correcte, objectivement complète de quoi que ce soit ? Il faudrait commencer par définir l’objectivité. Dans leurs travaux pour nos dictionnaires, les Académiciens s’y mettent à quarante. Lorsqu’il s’agit de questions complexes, sujettes à polémiques, leurs définitions tendues vers l’immortalité varient comme l’objectivité, selon les époques et les modes, selon la définition de l’épistémè :

EPISTÉMÈ : nom féminin (mot grec, science). PHILOSOPHIE
Configuration du savoir rendant possibles les différentes formes de science à une époque donnée.
(Petit Larousse grand Format. Epoque : 2003).

Le sculpteur s’exprime en trois dimensions par la diversité des volumes. Visant la globalité comme les Académiciens visent l’immortalité (il s’agit sans doute de la même cible), il peut ajouter des couleurs, une part d’environnement et des idées nouvelles qui feront sa réputation bonne ou mauvaise selon l’épistémé artistique. En introduisant du son, des mécanismes, du mouvement dans un art perçu et connu pour l’immobilisation et le mutisme des formes, il risque beaucoup plus de changer son statut d’artiste que la définition de la sculpture. Le feu de la création l’aura entraîné dans un autre département de l’Art en repartant à zéro vers de nouveaux essais d’expression holistique.

Le peintre s’exprime surtout en deux dimensions, celle des surfaces, la troisième, génératrice des volumes, étant réduite à l’épaisseur du support, des pâtes, colles, objets, matières premières utilisées ou insérées dans ses œuvres a priori picturales. Le peintre soucieux de globalité supplée à la carence de la 3e dimension par de prodigieux efforts supplétifs. Les couleurs, les perspectives, les formes doivent suggérer l’espace, le mouvement, le temps. Réinventant l’espace en deux dimensions au lieu de trois, les peintres Florentins du XVe siècle sont les précurseurs de la géométrie descriptive (1). D’aucuns, chez les modernes, en viennent à creuser leurs toiles ou les surcharger de matériaux hétérogènes. Les innovations, géniales ou triviales, ne sont pas toujours du meilleur effet pour le critique et le curieux se demande s’il s’agit de peinture ou d’imposture.
Avec ces deux exemples qu’il faudrait développer en ajoutant la musique concrète, j’invite à repenser d’abord à l’existence d’un lien entre la création, la quête d’immortalité identifiée à celle de la globalité (la partie espérant le tout dont elle émane), ensuite, hypothèse plus originale, au fait que la carence d’une ou plusieurs dimensions pour exprimer la globalité appelle des surcompensations et requiert des exploits dérisoires ou sublimes selon les épistémês en cours et le cours de l’Histoire.

Portée par les mots et des images floues, la pensée, ronron intérieur aux épisodes éruptifs, ne dispose que d’une dimension. Elle n’en a peut-être aucune ; une seule suffit à sa douleur, ses parturitions en défis, prouesses et délires. Pour exprimer le pluridimensionnel, l’unidimensionnel ce n’est pas beaucoup. La surcompensation entraîne la multiplication des artifices, des fables et des stupidités à côté de la virtuosité des Belles Lettres, des Beaux-Arts et Métiers, des Sciences et des Mathématiques. Combien de métaphores, de trompe-l’œil, de façades qui ne correspondent à rien, sinon qu’à remplacer l’impuissance à saisir le réel par les expédients de la rhétorique ou le renfort de l’imaginaire ? Prendre les jambes à son cou exprime l’idée de courir très vite. Essayez donc.

S’il ne fallait parler que d’utilités, lier les mots uniquement aux évidences, la pensée perdrait son héroïsme de Chevalier de l’unidimensionnel à l’assaut des dragons, gardiens de la globalité prisonnière d’un dieu jaloux. Combien de chevaliers, philosophes, penseurs, savants, remplissent les poubelles de l’Histoire de la pensée ? Quoique linéaire, la pensée ne se réduit pas à un électroencéphalogramme. Parce qu’elle est unidimensionnelle, sous le joug de la frustration des dimensions absentes, elle en produit d’inédites, aux extravagances méritoires. Plus ou moins, mais « L’important c’est de participer » comme disent les sportifs.

La parole et l’écriture sont les premières manifestations externes de l’unidimensionnel interne et d’une prise relative sur les autres dimensions : de l’espace notamment. On conçoit l’importance, la volupté de l’emphase, l’ivresse d’une libération déchaînant éloquences, mensonges et divagations. La parole délivrée de sa cage corporelle, une globalité qui la comprend dont elle ne comprend pas grand chose, s’époumone en invectives, vociférations, chants d’allégresse, discours politiques, communications académiques, prophéties et comptines. Des revanches, du tapage, d’où percent quelquefois de merveilleux accents, intuitions d’un au-delà, passages brefs de l’indicible qui, généralement, ne changent rien au déroulement monotone de la pensée. Sa pente est le délire en tant que mode d’expression non-communiquante, non-normalisée, interdite. Néanmoins, pour remédier à son idiopathie, elle a des ressources immunitaires, et une sensibilité au quant-à-soi des autres qui contribue à la recherche de défenses mutuelles.

Une communauté unie par les mêmes craintes, les mêmes dispositions, établit solidairement les règles, codes, pratiques, qui protègent chacun et chaque groupe des dérives intra-muros. Les langues et leur sémantique, les dictionnaires, les cultures aseptisées, balisent les chemins de l’auto-cogito sans code de la route. Grâce aux définitions, ensemble ou séparément, tout n’est pas possible. Les délires inadmissibles sont enfermés, les admissibles classés et cloisonnés. On délire au théâtre, pas dans la rue, ni aux Sociétés Savantes, sauf lorsqu’il s’agit d’astrologie… Il est vrai, rarement. Sûrement quant au délire autorisé et encouragé.

Du côté des sciences dures (de la feuille), le balisage est d’autant plus sévère que la quête du « Tout-en-Un », avatar de la globalité, est reconnue, avouée, revendiquée comme le but ultime de la science, seule promise à l’atteindre à la barbe des Papes et des Religions qui prétendent la posséder de facto. La concurrence est écartée, illégitime, et le moindre faux-pas d’un membre des Chevaliers de la mesure est sanctionné d’opprobres, la pire étant la malédiction du ce n’est pas scientifique. Faisant fi de l’épistémè du moment, de grands découvreurs honnis par leurs coreligionnaires ont fini par le suicide. La science les récupère outre-tombe en restant discrète sur les dessous de son héritage. Le silence permet la récidive. Combien de cancers ont proliféré sous le manteau des « connaissances scientifiques » opposant aux faits sans théorie, parfois à un bon sens élémentaire, un neutralisme feignant d’ignorer la férule savante sur le public et les médias ? Mangez OGM, la science n’a rien trouvé d’imprudent à cela, pas plus que pour l’amiante lors de la construction du Clémenceau, ou pour les premiers essais nucléaires aux effets atmosphériques déclarés négligeables, tels de gros orages. Le négatif du passé passe à la trappe. La science se veut toujours recommencée, sans état d’âme. Pas bête. C’est la stratégie de n’importe quel animal en quête de reproduction.

Depuis l’évolution des mentalités vers la tolérance ou son vernis, il ne resterait guère que les astrologues à se mettre sous la dent. Ils n’ont jamais été les vedettes des persécutions physiques. Seulement traités de racistes et de fascistes par des astrophysiciens de renom assurés que les astrologues pacifistes ne leur intenteront aucun procès en diffamation. D’autres le feront. Dans ce mélo significatif des potentiels délirants de la pensée, les dictionnaires ont communément gardé leur sang-froid et conservé leur rôle de garde-fous. Pour l’astrologie, pas toujours, pas toujours.

Impossible d’extirper l’esprit de compétition de nos racines biologiques. La sélection naturelle commence avec la vélocité du spermatozoïde gagnant auquel il me semble difficile de ne pas penser lorsqu’on assiste à un 100 mètres enlevé de justesse. La mémoire d’un ovule fécondé, victoire remportée sur «une marée montante de plusieurs dizaines de millions de spermatozoïdes (2) » soutient les luttes individuelles contre bêtes, hommes et saisons pour manger, se loger, se vêtir, se reproduire. Les luttes pour l’identité sociale contre les systèmes régulateurs, religieux, politiques, scientifiques, et contre les définitions, sont encore plus âpres.

Si le premier arrivé est légitimé, couvert de gloire en fermant un œil ou deux sur le dopage, les tricheries qui font partie des courses aléatoires, il ne faut pas s’étonner du droit tout aussi légitime de contester le parcours, les règles des organisateurs et leurs favoris. Les définitions qui suivent, relevées dans quelques ouvrages, sont édifiantes quant aux balisages déformants. L’astrologie y est défigurée, plombée, amputée. Alors qu’elle est la première intuition élaborée de l’unité de la vie et la non-vie, qui songerait à parier sur elle dans la course toujours ouverte au Tout-en-Un, version savante de la globalité ? En admettant qu’Unus mundus existe, l’unidimensionnel de la pensée n’en donnera qu’une image plus ou moins adéquate, plus ou moins délirante. Et si le portrait modèle est séduisant, chaque partie se reconnaîtra dans le Tout, tirant la couverture à soi, ce qui est déjà le cas, au désespoir des prétendants au trône qui voudraient bien régenter à leur guise les honneurs et bénéfices d’une aventure collective (3).

Il ressort des faits, autant de l’analyse de leurs causes, que l’entreprise de démolition de l’astrologie, relève des délires stériles, conséquences des balisages bâclés par l’impatience d’éliminer une rivalité toujours présente. En dépit d’énormes moyens, plus de deux siècles d’anti-astrologisme n’ont servi qu’à favoriser l’astrologie mercantile médiatisée et à réduire les astrologues dans la ligne de Kepler à des publications confidentielles. Ils ne sont pas légion mais ils se reproduisent et laissent des traces. Leur petit nombre suffit à la facilité de répondre, documents à l’appui, aux contrevérités de détracteurs échauffés par un excès de testostérone plutôt que retenus par la rigueur intellectuelle (4) qu’on accorde généreusement à leurs titres.

 

QUELQUES DEFINITIONS BALISANTES

LES  DEFINITIONS laudatives des partisans de l’astrologie absolue tournent autour de « Reine des Sciences » « Art, Science, Sagesse » (Raymond Abellio) « Grande Dame » (André Breton) «… science immense qui a régné sur les plus grandes intelligences » (Honoré de Balzac). Les jugements réalistes écartent d’emblée la prédiction de l’avenir. Les pouvoirs de la grande Dame se concentrent sur les contenus philosophiques spéculatifs, sur des inclinations psychologiques, humorales, tempéramentales, voire un conditionnement céleste qui s’interprète en connaissance d’un contexte (hérédité, milieu social et familial, paradigmes dominants) amplifiant ou diminuant ses potentialités jusqu’à les supprimer. J.Kepler a interprété son ciel suivant ce point de vue d’interactions entre conditionnements célestes et terrestres. Il a également recommandé de ne pas « jeter l’enfant (l’astrologie) avec l’eau du bain (les abus des astrologues ) ». Faute de bûcher pour brûler les sorciers qu’ils se sont fabriqués, les Juges de la nouvelle Inquisition ont besoin de l’eau du bain pour noyer l’enfant. Quel que soit l’argument, l’appel à la circonspection, la démonstration d’un Kepler, il faut un coupable à un procès qui rappelle celui d’une BD de Morris et Goscinny où un aveugle, témoin à charge, a tout vu et un sourd tout entendu. Tandis que l’astrophysicien Ph.Zarka évacue l’astrologie conditionaliste parce «qu’elle relègue (je cite) la lecture astrologique de la totalité humaine à un idéal impraticable (5) », sur Internet un scribe de l’AFIS (6) transforme le «si» conditionnel qui exprime la réserve, en un surdéterminisme conditionnant, au sens d’empaquetage. Pour Ph.Zarka, le conditionalisme est à rejeter parce qu’il implique trop de facteurs non-astrologiques, et pour l’AFIS parce qu’il les exclut (7). Difficile de ne pas reconnaître l’origine psychologiquement archaïque (peur ancestrale de l’irrationnel) de l’anti-astrologie. On ne parle pas de stratégie, car la raison serait présente, mais de stéréotype obsessionnel (8)  lorsque, quelles que soient les circonstances, un comportement se reproduit sans réflexion, dans une totale inconscience de ses contradictions (ce qui est le propre de l’inconscience). Ainsi, l’anti-astrologisme fait état des fractures entre les écoles d’astrologie pour les réduire ensuite à l’école unique des horoscopes de presse et à la prédiction de l’avenir. La passion ne s’encombre pas de logique. A la vérité, les scientifiques/astronomes qui se fourvoient dans une chasse aux sorcières se discréditent et discréditent la science. L’AFIS devrait les dénoncer à l’UAI (Union Astronomique Internationale). Et inversement.

La réduction à la prédiction de l’avenir, outre celle de fausse science, est le trait constant des définitions par balisages détournant l’intérêt, la simple curiosité pour l’astrologie. Le premier extrait vient d’un Dictionnaire de Physique de 1789. Son auteur, Aimé–Henri Paulian présente l’avantage d’être savant de son temps et prêtre en même temps, ce qui permet d’établir un pont avec la condamnation de l’Astrologie par le Nouveau Catéchisme de l’Eglise Catholique en 1993. A travers les siècles la parole (supposée) de Dieu ne vieillit pas, la condamnation n’est pas nouvelle. Autre avantage, l’ouvrage de A.-H. Paulian est dédié au Roi. Ce qui montre que les têtes royales peuvent tomber, les révolutions passer : l’anti-astrologie reste debout, sans tête… face à l’Histoire.

1) – Dictionnaire de physique d’Aimé-Henri Paulian prêtre et savant (1789)

ASTROLOGIE. Ce mot pris littéralement signifie la science des Astres. On divise l’astrologie en naturelle, & en judiciaire. L’astrologie naturelle est une science qui apprend à prédire les événements futurs qui sont liés avec les mouvements des Astres : telles sont les éclipses de Soleil, de Lune, des Planètes, &c. Cette science est une des plus belles parties de l’Astronomie […] L’Astrologie judiciaire est une science, ou plutôt un amas de principes imposteurs tirés de l’aspect des Planètes, & de la connaissance de leurs prétendues influences, par lesquels on prétend prédire des événements moraux, ou deviner ce qui s’est passé. M.Pluche nous a très bien donné dans son histoire du Ciel, l’origine de cet art ridicule [….]. Cette doctrine toute insensée qu’elle est, n’a eu que trop de partisans jusqu’au siècle de Louis le Grand. Je n’en suis pas surpris ; elle tranquillisoit les criminels, en leur faisant rejeter sur l’impression inévitable de la Planète dominante, le mal qui n’étoit l’ouvrage que de leur dépravation.

ASTROLOGUE. Nom qu’on donne à quiconque s’applique à l’Astrologie judiciaire. Ces sortes de devins sont maintenant aussi méprisés, qu’ils le méritent.

COMMENTAIRES
Pour la forme, on appréciera le style vigoureux ; ses adjectifs, d’une incomparable véhémence, surclassent ceux des croisés de l’AFIS. Pour le fond, la première phrase est déjà discutable : astrologie se compose de la racine grecque astron (étoile) aucune objection, mais le suffixe -logie du grec logos a plus souvent le sens de « traité », « discours », que celui de science. Lorsqu’on veut éviter l’ambiguïté on emploie les suffixes -nome-nomie-nomique. La psychologie n’est pas une psychonomie. Par conséquent, les astronomes, praticiens de la science des astres, devraient savoir que l’astrologie, conformément au nom qui l’identifie, se distingue de l’astronomie et ne peut pas être critiquée pour ce qu’elle n’est pas. On ne reproche pas à un lion de rugir au lieu de braire, ni à un veilleur de nuit de dormir le jour. Aimé-Henri Paulian s’inspire d’un proverbe qui fera long feu : Quand on veut noyer son chien on dit qu’il a la rage … ou qu’il est pseudo-scientifique. Dans la suite de sa définition, l’abbé physicien, ne se résout pas à séparer l’Astronomie de la prévision d’un certain avenir, collectif et météorologique. Transfigurée en la plus belle partie de l’Astronomie, l’Astrologie devient naturelle par son interprétation, cette fois scientifique, des éclipses et des mouvements planétaires. Depuis, les astronomes ont rejeté toute forme de prévisionnisme, à part la prédiction assurée du retour de phénomènes gouvernés par le temps cyclique et la mécanique céleste. L’astrologie conditionaliste est naturelle, non pas à cause des prévisions météorologiques mais par son explicative fondée, non pas sur les mythes et symboles, mais sur un écosystème intégrant les cycles géosolaires aux cycles terrestres. Un milieu élargi, au moins jusqu’à Pluton, et un phénomène humain lié à la genèse du système solaire.

Afin de compléter le balisage anti-astro du prêtre-savant, ci-après l’extrait du Nouveau catéchisme de l’Eglise Catholique, publié par le COMAC dans les Cahiers Conditionalistes n°21-22 du 1er trimestre 1993, avec l’analyse, du plus haut intérêt, de Maurice Maupilier, éminent historien de la Chrétienté. Nous donnerons ailleurs l’intégralité de sa Lettre sur ce Catéchisme d’exorciste.

Divination et magie :
Toutes les formes de divination sont à rejeter : recours à Satan ou aux démons, évocation des morts ou autres pratiques supposées à tort « dévoiler » l’avenir. La consultation des horoscopes, l’astrologie, la chiromancie, l’interprétation des présages et des sorts, les phénomènes de voyance, le recours aux médiums recèlent une volonté de puissance sur le temps, l’histoire et finalement sur les hommes en même temps qu’un désir de se concilier les puissances cachées. Elles sont en contradiction avec l’honneur et le respect, mêlé de crainte aimante que nous devons à Dieu seul.

L’identité de vue de la religion catholique (anti-préservatif) et du scientisme est flagrante. Même délire de la pensée unidimensionnelle. Mais, tandis que l’irrationnel et le délire astrologique positif sont à l’origine de découvertes récupérées par la science, l’anti-astrologie, religieuse ou laïque, n’a produit et ne produit toujours que des imprécations stériles.

2) – Dictionnaire Universel des Sciences des Lettres & des Artspar M.-N. Bouillet. (1855)

ASTROLOGIE (d’astron, astre, et logo, discours, traité), prétendue science au moyen de laquelle on se flattait de prédire l’avenir. On doit distinguer avec soin l’A.naturelle, qui a pour objet de prédire le retour des astres, les éclipses, les marées, et même les changements de temps, les tempêtes, les sécheresses et les inondations, que l’on attribuait à l’influence des astres (je souligne) ; et l’A.judiciaire, par laquelle on prétendait pouvoir, au moyen de la présence des astres et de leur aspect, prédire les destinées des hommes et des empires. La 1re s’appuie sur les données de l’astronomie et de la météorologie ; la 2e, la seule que l’on désigne aujourd’hui sous le nom d’astrologie, n’est que le fruit de l’imagination ou de la fourberie ; après avoir exercé un empire absolu sur les esprits crédules, elle est enfin reléguée avec l’alchimie et la magie parmi les chimères.
Aussi ancienne que l’astronomie, l’astrologie paraît être née comme elle en Chaldée ; c’est pourquoi les anciens nommaient les astrologues Chaldéens ; ils les appelaient aussi Mathématiciens, à cause des calculs auxquels ils se livraient. […] Les plus célèbres astrologues sont : Cardan, Regiomantanus, J.Stoffler, Thomas de Pisan (père de la célèbre Catherine de Pisan, Come Ruggieri, astrologue de Catherine de Médicis, les Nostradamus, Phil et Matthieu Laenberg ; en outre, les plus célèbres astronomes, depuis Ptolémée jusqu’à Kepler, crurent à l’astrologie ; elle ne disparut qu’avec le triomphe du système de Copernic.

COMMENTAIRES
Le style est moins pittoresque que celui de A.-H. Paulian, mais M.-N. Bouillet le dépasse en outrance : « fourberie », « empire absolu sur les esprits crédules » ; l’alchimie et la magie, aujourd’hui reconnues comme des pratiques technologiques tâtonnantes sont taxées de chimères. Balisage anti-historique. De crainte d’être mouillés dans le prévisionnisme météorologique de l’Astrologie naturelle, manifestement astronomique, les astronomes se gardent de citer des textes aussi compromettants. Autre maladie honteuse camouflée, de grands astronomes, Cardan, Régiomontanus (connus pour leurs découvertes en mathématiques), Kepler, Ptolémée, sont cités comme de célèbres astrologues. Par conséquent, les fondateurs de l’astronomie moderne étaient des esprits crédules, vampés par une chimère. L’extrait se termine par un bide prévisionnel : le système de Copernic n’a pas fait disparaître l’astrologie populaire, prospère et providence des médias. Moins argentée, plus efficace grâce à Internet, l’astrologie de Kepler a désormais le moyen d’exiger des comptes de ses héritiers tripatouilleurs. Ils auront à expliquer pourquoi dans leur procès, le témoignage du système de Copernic se retourne contre leur accusation. Soyons secourables : parce qu’elle est mensongère. On doit la publication Des Révolutions des orbes célestes de Copernic au zèle de Joachim Rheticus, son élève, mathématicien et astrologue, auteur de prévisions astrologiques avec la coopération probable de son maître (9) . Des détails sous silence chez les négationnistes de l’astrologie, absents de nos dictionnaires où les astrologues, par un effet de la magie moderne sont changés en « philosophes ». Dommage, avec une retranscription correcte de l’étymologie, M.-N. Bouillet aurait dû être plus logique, sinon honnête.

3) – Dictionnaire des origines, inventions & découvertes par M. Maigne (10)
(ouvrage destiné aux Gens du Monde et aux Elèves des Ecoles)

ASTROLOGIE : C’est la prétendue science de ceux qui se croient en état de découvrir les événements futurs au moyen de l’observation des astres. Le domaine de l’Astrologie est aussi étendu que l’imposture et n’a d’autres limites que celles de la crédulité humaine. Elle a été cultivée chez tous les peuples de l’antiquité, surtout par les savants de la Chaldée ; les Grecs en attribuaient même l’invention à ces derniers. Les Arabes l’introduisirent dans l’Europe au moyen âge, où, proscrite par les uns, préconisée par les autres, elle se soutint jusqu’au XVIIe siècle, époque à laquelle les progrès du bon sens public réussirent enfin à en faire reconnaître l’absurdité. Le comte de Boulainvilliers, mort en 1722, est peut-être le dernier astrologue qu’il y ait eu en France.

COMMENTAIRES:

Définition digne d’une première page dans une anthologie sur le fanatisme. Peut-on dire que j’exagère lorsque je parle de délire ? Admirez ce superbe produit de l’esprit humain atteint d’anti-astrologisme aigu : Le domaine de l’Astrologie est aussi étendu que l’imposture et n’a d’autres limites que celles de la crédulité humaine. Les pétitionnaires du Manifeste de 1975 sont battus. On peut toujours faire pire. A part çà, contradiction intéressante à retenir, le « bon sens » décrié dans les ouvrages scientifiques comme une source d’illusions a néanmoins vaincu l’absurdité astrologique. Comme la définition précédente, celle de M.Maigne se termine sur un fiasco prévisionnel. En 2009, il n’y a toujours pas de scientifiques capables de reconnaître l’échec de l’anti-astrologie et d’en chercher les raisons. Peut-être par manque de bon sens ?

4) – Dictionnaire National ou Universel de la Langue Française par M.Bescherelle aîné (1861)(11)

ASTROLOGIE : (du grec, étoile + discours). Ce mot astrologie signifia d’abord la Connaissance du ciel et des astres, et était conséquemment synonyme d’Astronomie. L’abus qu’on fit de cette science porta ceux qui s’en occupaient à vouloir lire dans le ciel. Astrologie signifie maintenant l’Art de prédire l’avenir par l’inspection des astres. L’astrologie telle qu’on l’entend communément, ou astrologie judiciaire, est l’art prétendu d’annoncer les événements qui dépendent de la volonté de l’homme et de ses actions libres, comme si les astres exerçaient sur lui un empire réel, et le forçaient d’agir dans un sens plutôt que dans un autre. C’est une science vaine et absurde.
– L’astrologie naturelle, celle qui ne fait qu’annoncer des effets naturels, tels que les changements de temps, les tempêtes, les orages, etc., peut s’appliquer avec quelque succès lorsque ses prédictions sont le résultat d’un grand nombre d’observations antérieures ; mais cette branche de l’astrologie se rattache à la physique.

COMMENTAIRES
Bibliothécaire, grammairien, M.Bescherelle traduit logos par discours et reconnaît la synonymie originelle astronomie-astrologie. Un tronc unique qui explique le soin acharné des astronomes, honteux d’une vieille mère laide, fourbe et absurde, à rejeter les astrologues de leur matrice commune. Une affaire de coucou. Par rapport aux textes précédents, l’auteur innove en laissant entendre que le discrédit de l’astrologie découle des abus de « cette science » (?) dégénérée en mancie divinatoire. Il y aurait donc, en dehors des prétentions de l’astrologie judiciaire, une « science astrologique » respectable… oubliée, bafouée ? Autre nouveauté : l’amorce de la rupture définitive entre l’astronomie et l’astrologie naturelle. Cette branche s’affranchit pour entrer dans la classe noble de la physique. Une promotion. Quelles que soient les erreurs des « arts prévisionnistes » (la météorologie n’en est pas à l’abri), on prend moins de coups lorsqu’on ne porte pas le nom d’astrologue.

5) – Dictionnaire des mots et des choses par Larive et Fleury (1917) (12)
(à l’usage des Maîtres, des familles et des Gens du Monde)

ASTROLOGIE : (du grec, astre + discours). Art chimérique de connaître l’avenir par l’inspection des astres. L’astrologie jouit d’une grande vogue en France du temps de Catherine de Médicis et jusque sous Louis XIV.
ASTROLOGUE : Celui qui prétendait prédire l’avenir par l’inspection des astres.

COMMENTAIRES
MM. Larive et Fleury, auteurs, outre leur Dictionnaire Encyclopédique, d’un Cours de grammaire et de Langue française en trois années, ont bâclé le sujet. On note que ces érudits grammairiens ont traduit logos par discours, ainsi que M.Bescherelle. Plus cohérent que M.Maigne leur logique ne présente pas l’astrologie comme une fausse science mais comme un Art. Toutefois, on s’interroge sur la mutation du discours en Art. Un art peut-il être chimérique ? Combien y en a-t-il de cette espèce ? Une exposition des « arts chimériques » serait bien venue pour nous instruire de la différence entre les arts rationnels et les arts irrationnels.

6) – Encyclopédie ALPHA. Collectif. (1967) (13)
(Vade-mecum de l’homme du XXe siècle).

ASTROLOGIE : Croyance en l’influence des astres sur le déroulement de la vie humaine. D’après cet art divinatoire, il existe une correspondance étroite entre le microcosme (l’être humain) et le macrocosme (l’ensemble des astres).
L’astrologie est née vers le IIIe millénaire en Mésopotamie, où chaque astre identifié à une divinité exerçait une influence bénéfique ou maléfique. Aussi l’observation précise du mouvement des étoiles ou des planètes était-elle confiée à un corps sacerdotal qui déterminait de cette façon le calendrier des fêtes religieuses. Les présages étaient tirés du mouvement des astres ou de leur aspect, des rapports qui les liaient les uns aux autres, des phénomènes célestes et atmosphériques. Les tables sur lesquelles les astrologues consignaient leurs patientes observations servaient donc autant la science (astrologie sphérique) que la divination (astrologie judiciaire). Cependant, l’astrologie se distinguait de l’astronomie naissante par des données qui lui étaient propres : l’ensemble des observations était illustré par les douze signes du zodiaque à partir desquels s’établissaient les horoscopes.
[… deux paragraphes sur l’histoire de l’astrologie]
Après une éclipse au XVIIIe siècle et au début du XIXe, l’astrologie connaît à nouveau un succès qui se poursuit de nos jours, ainsi qu’en font foi, tant en France qu’à l’étranger, les nombreuses publications spécialisées et la vogue des horoscopes. On est évidemment bien loin de la science divinatoire des Mésopotamiens, cette « science des nombres » que ne dédaignèrent pas Tycho Brahé et Kepler, et à laquelle l’astronomie est redevable de ses premières découvertes (je souligne).

COMMENTAIRES
Deux siècles après Paulian 1789, après Larive et Fleury 1917, le style, le ton d’un document de 1976 ont changé. Descriptif impersonnel, ce balisage n’est plus un jugement de théologiens de la ratio scientiste. Les astrologues, faiseurs d’horoscopes de presse compris, qui n’apprécieraient pas d’être traités de croyants, conviendront que l’opprobre a disparue malgré Jean Rostand dans le comité de patronage. Le progrès en civilité est notable. Un croyant n’est pas accusé de charlatanisme et de fourberie. Pour le sceptique, il est abusé, naïf, benêt mais sincère. L’insulte ne paie pas. Elle n’a pas payé et l’auteur de l’article va jusqu’à informer ses lecteurs du secret de l’astrologie : d’après elle, il existerait une correspondance étroite entre le microcosme et le macrocosme. Ce qu’il oublie : la même croyance anime les scientifiques en quête du grand Tout-en-Un. En vain, la gravité leur échappe. Pour arriver au paradis de l’Unique, entre le microcosme et le macrocosme, un professeur de physique, Marceau Felden, a conçu une marche intermédiaire : le mésocosme :

Mésocosme : terme introduit pour améliorer la division classique entre microcosme (l’infiniment petit) et macrocosme (le reste). En effet, le mésocosme (qui va de la limite moléculaire supérieure au système solaire) est constitué par le monde observable de l’homme, celui dans lequel il vit. C’est donc celui de son expérience quotidienne correspondant à ce qu’on a appelé le réel au quotidien tandis que le mégacosme est réservé à l’infiniment grand c’est-à-dire à l’univers (14).

Ce niveau médian de la réalité rappelle que l’homme qui mange son pain quotidien ne se nourrit pas seulement de molécules, d’atomes, neutrons, protons, quarks, gluons et tutti frutti, mais aussi de pain. Les confrères de Marceau Felden ne l’ont pas suivi sur ce terrain, trop vulgaire, qui ferait un savant du premier quidam venu et du bon sens quotidien, un référentiel rival des micro et mégacosme. Une catastrophe pour les mandarins des savoirs hermétiques. Les astrologues ne m’ont pas plus suivi que M.Felden pour son mésocosme lorsque, dans La Condition Solaire, en 1964, une trentaire d’années avant son livre, j’ai publié le modèle R.E.T. ou Logoscope,introduisant la dualité entre et au centre de l’Unique et du Multiple, archétype connu des philosophes. Le résultat du Logoscope et de ses trois niveaux d’information (unique, duelle, plurielle) est une représentation et une explicative simple, directe, de toutes les significations astrologiques planétaires avec une ouverture vers les disciplines non-astrologiques. Une catastrophe pour les pontifes du symbolisme absolu mariné dans les psychanalysmes. Daniel Kunth, Philippe Zarka, coauteurs du dernier Que sais-je ? sur L’Astrologie font chorus : le RET-Logoscope qui m’a valu les félicitations d’une Université des USA (Hawaii) est liquidé dans une note bas de page : « l’astrologie conditionaliste fondée par Jean-Pierre Nicole (sic) mêle psychologie, astronomie et théorie de l’information (15) .» Il est évidemment préférable de rabâcher que l’astrologie n’a pas évolué depuis 3 000 ans. Devant des procédés aussi partisans, des contrevérités aussi grossières, quel croyant, nigaud ou imbécile, peut se fier à l’objectivité des astronomes lorsqu’il s’agit d’astrologie ? Et si leur passion les égare en ce domaine, pourquoi pas en d’autres ? Les erreurs des astrologues n’ont guère de conséquences collectives, elles amusent les médias à chaque fin d’année, et ils en redemandent pour s’amuser l’année suivante. Les erreurs des techno-scientifiques sont plus graves pour la planète et les espèces vivantes du mésocosme.

J’ai souligné les remerciements de l’Encyclopédie Alpha rendus à l’astrologie à la place des astronomes, discrets ou évasifs sur leur dette à Tycho Brahé et Kepler. L’auteur leur rend hommage en respectant leur mémoire, un acte de décence rare chez les historiens de l’astronomie lorsqu’ils sont astronomes. Les derniers en date, Ph.Zarka et D.Kunth, ont repris le refrain de Paul Couderc sur Kepler astrologue par nécessité alimentaire. « Kepler (1571-1630), découvreur des lois du mouvement des planètes, vendait des horoscopes, probablement par nécessité plus que par conviction (16)  » écrivent les non-nécessiteux d’Uranie. Comme en témoigne Françoise Hardy (17) , pour financer mes publications indésirables, survivre « en tirant le diable par la queue », j’ai également vendu des horoscopes. La nécessité imposée aux astrologues marginalisés est sans rapport avec leurs convictions. Si le ghetto qui leur est réservé dans la société « rationnelle » engendre des vocations d’escrocs et fakirs, il inspire aussi des oppositions légitimes aux arbitraires des castes intellectuelles dominatrices.

7) – Le Petit LAROUSSE grand format. (2003) (en couleurs)

ASTROLOGIE. n.f. Art divinatoire fondé sur l’observation des astres, qui cherche à déterminer leur influence présumée sur les événements terrestres, sur la destinée humaine.
ENCYCL. L’astrologie occidentale, dont l’âge d’or fut le XVIe s. (Cardan, G.Della Porta, Nostradamus, etc.) vient des Chaldéens et, au-delà, des hindous. En usage depuis des millénaires, l’astrologie chinoise repose sur douze signes annuels portant des noms d’animaux. Il y eut aussi une astrologie aztèque très développée.

COMMENTAIRES
Balisage succinct pour une astrologie artistique assimilée aux mancies divinatoires. On doit apprécier, cependant, les progrès en précaution et suspension du jugement. L’astrologie n’est plus l’abominable doctrine fataliste indispensable à la liberté d’aboyer des pitbulls de l’AFIS, elle cherche non plus une influence prétendue mais présumée. La partie encyclopédique détonne par un survol qui tient d’un tour de passe-passe. On pouvait s’attendre à mieux.

8 ) – Le Nouveau PETIT ROBERT de Paul Robert. (2009) (18)
(Dictionnaire alphabétique et analogique de la Langue Française)

ASTROLOGIE. n.f . Art de déterminer le caractère et de prévoir le destin des hommes par l’étude des influences astrales, des aspects des astres, des signes.’ horoscope. ’ Hist. Connaissance des correspondances célestes et terrestres. ’ hermétisme.
Hermétisme. ▪ Ensemble des doctrines ésotériques des alchimistes.

COMMENTAIRES
L’essentiel en peu de mots. La détermination (au sens de description) du caractère est sur le même plan que la prévision du « destin » et non sa prédiction. La relation étroite avec l’hermétisme et l’alchimie est indiquée. Historiquement, l’astrologie fait donc partie intégrante du premier grand système de pensée et des expérimentations des alchimistes précurseurs des techno-sciences. En étudiant les mathématiques I.Newton voulait « voir ce qu’il y avait de vrai dans l’astrolo-gie judiciaire (19)  ». La mort dans l’âme, après des années de résistance, les dévots qui en firent le dieu de la pensée rationnelle sont contraints de se taire ou de s’incliner : la Loi newtonienne de la gravitation universelle où les corps s’attirent sans contact à des distances infinies est inspirée de l’hermétisme (20) . Pour ne plus avoir à avaler un boa de cette taille, les scientifiques doués d’un minimum de bon sens, ont accepté la réhabilitation de l’alchimie opérée par certains historiens des sciences. Le Grand Art : « Loin d’être le domaine exclusif de fanatiques ou de charlatans, l’alchimie a été à l’origine de nombreuses méthodes de synthèse chimique (21) . » Dans son enquête sur Newton, les alchimistes et la science, la revue La Recherche précise, en première de couverture : Comment ils ont inventé la physique, la chimie et la médecine (22) . La réhabilitation de l’astrologie viendra plus tard. En attendant, à l’instar de l’alchimie, dans le prolongement de la Philosophie naturelle, les concepts de l’astrologie conditionaliste sont susceptibles d’expérimentations et d’applications concrètes impensables par les tenants de l’astrologie symboliste.

Le prochain boa à avaler sera la démonstration conditionaliste d’une adéquation entre les symétries du RET, conformes aux significations astrologiques des planètes, et les symétries obtenues par les données astrométriques (rapports des demi-grands axes des planètes principales avec leurs gravités moyennes) (23) . Au centre de ces symétries, d’une part astrologiques, d’autre part astrométriques, se place « Mars » auquel revient la fonction « duo-duelle » du mésocosme, fonction de l’Homme entre les extrêmes de l’Un et du Multiple, du connu et l’inconnu, Unus mundus et Poly monstrus que l’on désigne par Dieu et Diable, réunis pour le meilleur et pour le pire dans les ambivalences de la nature humaine. La fonction Mars, « existence d’Existence » au centre du RET-Logoscope, indispose les symbolistes qui n’acceptent qu’un centre, le Soleil, et relèguent Mars à l’agressivité, composante mâle et guerrière d’un aspect unique du duo-duel formé par Mars-Vénus. Le Deux en Un a d’autres façons de se manifester et la définition marsienne (plutôt que martiale) du duo-duel rejoint l’hermétisme et les philosophes de la Nature où les forces contraires, oscillantes, interchangeables, en perpétuelle transformation (tel le cycle annuel jour/nuit) sont au cœur de la globalité (couple Mars-Lune). Toutes les fonctions planétaires, globalité du modèle RET, sont symétriques par rapport à Mars. Sa formule explicitée par l’importance affective du vécu et de l’expérience sensible (24) , apparaît primordiale. Dans leur désir d’atteindre une objectivité théorique absolue, les scientifiques ont choisi de dresser la moitié expérimentale du mésocosme humain contre sa moitié affective ; refoulée, donc incontrôlée, celle-ci s’exprime dans l’outrance de leur opposition au « subjectif » et « l’ irrationnel ». La Nature étant duo-duelle, toutes les tentatives, croisades et excommunications, d’une partie contre l’autre, cerveau droit contre cerveau gauche, hémisphère Nord contre hémisphère Sud, sont vouées à l’échec. Quelles que soient les victoires d’un camp dans le ton d’une imposture d’époque, il y aura toujours un hic, quelqu’un d’ici ou là, pour relancer le conflit ou l’offre d’alliance. Le duo-duel n’oppose pas de front deux communautés aux convictions idéalement soudées. Il sévit au sein de chacune, car la science n’est pas la propriété de quelques astrophysiciens mal dans leur peau d’héritiers d’une mère folasse, et l’astrologie n’appartient pas aux eunuques d’une Grande Dame emprisonnée dans un éternel Moyen Age.

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ADMIRONS LE CHEMIN PARCOURU du Grand Albert (25) au Petit Robert. L’astrologie s’est détachée des louvoiements occultistes qu’évoque, à tort ou à raison, le nom du Grand Albert. Depuis Paulian, Bouillet, Bescherelle, Larive et Fleury, contre les jugements péremptoires, Le Petit Robert a choisi le balisage sans contre-indication incitative. La voie est libre, à chacun de suivre ou ne pas suivre. Avec Josette Rey-Debove et Alain Rey à la direction, les mots ont des chances d’être à leur place. Pour ce qui concerne la définition de l’astrologie, l’art est préféré à la science, avec omission d’adjectif. Ni vrai, ni faux, un art n’est justifiable d’aucun tribunal. Selon son domaine d’application, il peut être supérieur à la technique et à la science, parce qu’il se qualifie par le « Sujet », « l’homme de l’art », l’interprète en astrologie, le praticien en médecine.

Nous discuterons ailleurs de la part de science et de technique qui revient à l’astrologie comme à n’importe quel art, d’enseignement transmissible, indépendamment du talent de l’artiste. Pour l’heure, le bilan des définitions balisantes se résume au constat d’une déchirure, un fossé entre les dernières définitions de l’astrologie par des dictionnaires ou encyclopédies (26) littéraires et la sentence des astrophysiciens :

Issue d’un mariage contre nature entre une religion astrale et une rationalité rigoureuse héritée des Grecs, l’astrologie semble indestructible depuis des siècles. Ni science naturelle, ni science humaine, ni religion, ni philosophie, elle ne propose aucune lecture pertinente du ciel et des astres mais un discours symbolique qui s’adresse à la psyché (27).

Tout est réfutable, historiquement réfuté dans ce réquisitoire olé olé. Seul intérêt, il montre un divorce consommé entre les gens de Lettres et les alliés du monde des sciences au rationalisme intégriste. Que s’est-il donc passé ? Avant de répondre à titre littéraire, je laisse à Etienne Klein, scientifique, professeur à l’Ecole Centrale, le soin d’exposer la situation :

Elle va nous sauver, disent certains. lle nous a trahis et nous mène tout droit à l’apocalypse, clament les autres, aussi absurdement. Les avis contemporains sur la science ne font pas dans la nuance.
Je sais qu’il y a eu l’horreur d’Hiroshima et de Nagasaki, que le climat change, que la mer monte, que nos vaches sont devenues cannibales, que nous serons bientôt étouffés par la pollution et les emballages, et que tout cela est (vite) mis sur le dos de la seule science. Je vois bien que l’idée de progrès, toujours associé à la science, a exhibé ses « produits de vidange » et qu’en somme le progrès, c’était mieux avant, comme on le dit du Tour de France ; qu’une certaine « rationalité », étendue à toutes les activités humaines, est devenue l’alibi d’une domination socio-économique des plus brutales et qu’elle conduit tristement à rechercher en toutes choses la voie la plus efficace à court terme …

Et …en introduction à son Galilée et les Indiens (28) ? E.Klein allonge la liste. Trop longue pour être reproduite. Inutilement. Car l’happy end est inévitable : à la fin de l’ouvrage, sans l’intervention de Zorro, la science est sauvée, le passé trépassé rejeté :

Nous ne devons certainement pas faire tout ce que notre technoscience nous permet d’envisager. Des choix sont à faire, les plus démocratiques possible, et les plus éclairés aussi. Mais une chose est sûre : nous ne préserverons pas la biodiversité avec la biologie de Pline l’Ancien, ni ne stabiliserons le climat avec la physique d’Aristote.

Voilà qui est clair : il n’y a qu’à continuer, en enrobant le terrorisme scientiste d’un peu plus de démocratie et de diplomatie. Examinons celle de M.Klein. En conditionalisme, un concept aussi important que le duo-duel est celui de la « proportion » ou du dosage (attribué aux Signes au centre des quartes du zodiaque du fait du rapport des arcs diurne/nocturne entre l’égalité des Signes équinoxiaux et les extremums de ces arcs dans les Signes solsticiaux). Un principe/postulat ne dose pas. Il est écrit : Tu ne tueras pas … sauf les infidèles. Pas tous, pour que le principe demeure applicable. On ne doit pas vendre son âme au diable… sauf, s’il y met le prix. Auquel cas, d’aucuns réfléchissent. Le « combien » quantitatif chasse les impératifs des lois, axiomes, commandements. Il gère le duo-duel. Par la pluralité de leurs combinaisons, ces deux concepts existentiels ne peuvent se ramener à une dualité statique. Etienne Klein est 75% duo pour l’avenir de sa science, 25 % duel pour sa critique. En revanche, au jugé, il est 99 % duel envers un passé qui n’a pu faire autrement que de précéder et préparer par erreurs et tâtonnements le triomphalisme des physiciens du présent.

Cette maligne proportion de duo-duel n’épargne pas l’astrologie. Elle constitue l’un des arguments de principe d’élimination : l’astrologie vient du passé, donc elle n’a pas évolué.Moralité, aucun dosage : 100 % duel, on ne lui doit rien. L’essentiel est de s’en persuader et d’en persuader l’épistémé, comme l’ont fait Etienne Klein et Marc Lachièze-Rey dans un livre commun :

[…] la mystique du nombre, même si elle a engendré un peu d’ordre dans les concepts, n’a guère fourni autre chose qu’une numérologie vague et arbitraire ; et la mystique des cieux, son équivalent céleste, n’a débouché que sur une astrologie rendue caduque par les sciences astronomique et astrophysique, et dont l’avatar contemporain n’offre qu’un discours bien pauvre, même sur le plan symbolique (ce qui est un comble) (29).

J’ai souligné cette phrase. Elle devrait figurer dans les recettes de magie du Petit et Grand Albert : Comment rendre l’astrologie invisible. J’ai écrit (document en fin d’article) aux auteurs, tout en sachant que ma lettre irait rejoindre Pline et Aristote au panier. En bonne compagnie, après tout. La raison du plus fort est toujours la meilleure ; malgré leurs plaintes sur l’incompréhension des masses (un comble pour des physiciens), la science près du pouvoir tient le haut du pavé. Qui pourra jamais remédier aux dominations successives des castes rivales ?

Au dernier paragraphe de son introduction à Galilée et les Indiens où il énumère la taille et la grosseur des tomates qui accablent les technosciences, Etienne Klein envisage le divorce : « Depuis quelque temps déjà, je pense, dit-il, qu’un divorce se profile (sic) entre la science et la société, mais sans en distinguer précisément les causes (30). »

Je ne crois pas que cela changera les malentendus d’un couple boiteux, voici néanmoins mon point de vue d’habitant du mésocosme où la langue pratiquée est celle du bon sens.

♦ L’avènement de la relativité restreinte (1905), générale (1915), rapidement suivi d’une avalanche de découvertes sur le macrocosme (expansion de l’Univers, big bang, quasars, pulsars, exoplanètes) et le microcosme (mécanique quantique, biologie moléculaire, informatique) ont déstabilisé le mésocosme et perturbé la communication de ses habitants avec son élite savante, faute de langage compréhensible aux oreilles non mathématiciennes.

♦ Une, deux révolutions passent, une cascade lasse, on court aux abris. Les sciences se sont spécialisées, fragmentées, et si les experts de spécialités différentes ne se comprennent pas entre eux que peuvent bien comprendre de leurs problèmes les moins initiés, sous-initiés, moyens connaisseurs, de culture insuffisante du jour au lendemain ?

♦ Le commun des mortels n’entend des débats qui agitent les grosses têtes que l’écho de leurs coups et n’en connaît les raisons, à leurs yeux étranges, que par le survol des publications inégales en qualité et rigueur dans la vulgarisation. Ces magazines ont des besoins financiers qui les amènent, pour accrocher les lecteurs, à des titres sensationnalistes, contradictoires d’une parution à l’autre : le big bang bondit et rebondit tantôt en arrière, tantôt en avant… le mystère de la masse noire s’épaissit ou s’éclaircit en changeant d’éditeur. Le public aime l’image, on lui en donne avec des pages d’abstractions secourues par les visions d’artiste, mais il finit par mettre la science sur le même plan que le show-biz, mêlant confusément la vie rebondissante des atomes aux frasques, mariages, veuvages et cocuages de la vie des stars, toutes étoiles confondues, d’Hollywood aux Césars et césarin(es) de la politique.

♦ Par associations d’idées, irrationnelles mais réelles, les polémiques assorties de propos venimeux entre théoriciens interprétant une découverte sous des angles contraires, ne sont pas perçues comme une touchante recherche de vérité mais comme un conflit d’ambitions et d’intérêts personnels. Il est désormais connu que les scientifiques ne se font pas de cadeaux. L’individualisme exaspéré de notre temps les concerne autant que les politiciens, les banquiers, les chefs d’entreprises, les sportifs et les astrologues.

♦ Depuis que l’on sait que le réel microcosmique reste une énigme, qu’Einstein n’a pas tout compris (admis ?) de la mécanique quantique, que la science a des limites, comment croire à son infaillibilité ? Si le réel sondé avec de gigantesques moyens technologiques est inaccessible, que valent les jugements des négateurs sur des questions qu’ils n’ont traitées que par la malice et les conditionnements de leurs Universités ? En ce qui me concerne, si je dois reconnaître l’inanité de l’astrologie (pourquoi pas ?), il faudra d’abord que l’hypothèse ait été soumise à des recherches d’un coût au moins aussi élevé qu’un accélérateur de particules. Pour l’instant, le coût moyen des anti est celui de la salive, de l’encre, du papier… et de l’argument d’autorité ! La relation, plus que probable, entre cycles géosolaires et horloges biologiques, de leurs résonances du fait d’une structure commune, ne se mesure pas avec des statistiques aux items culturels. On n’a pas découvert l’ADN en posant des questions aux chromosomes ou en testant leurs professions.

♦ Trop de science tue la science. La mécanique quantique, en déglinguant le bon sens et la logique du siècle des Lumières, a ouvert la porte aux récupérations mystico-physiciennes. Des savants de renom s’y sont engouffrés, précipités pour clouer le bec aux matérialistes de leur sérail. Le paranormal, les religions orientales, la spiritualité s’ébattent joyeusement dans les sciences dures grâce à la « non-séparabilité (31) » des photons. Malgré les controverses, les points d’interrogation sur les protocoles d’expériences, les interprétations différentes, les astrologues « psy » se sont empressés de célébrer cet aspect de la mécanique quantique qui justifierait le magico-symbolisme en abolissant les distances. Le piège des mots s’est fermé sur eux (32). De son Petit voyage dans le monde des quanta , Etienne Klein conclut :

[ … ] le statut épistémologique [de la non-séparabilité], objet d’incessantes discussions, demeure obscur. Une chose toutefois est certaine : cette non-séparabilité qui choquait tant Einstein, ne viole nullement le principe de causalité (je souligne). Cela signifie qu’on ne peut se servir des corrélations [de ce type] pour transmettre de l’information instantanément entre deux points séparés dans l’espace.

Ni matérialiste, ni spiritualiste, en astrologie conditionaliste, avec des dosages variant selon les individus et les espèces, le principe d’adaptabilité, d’ordre biologique, est plus pertinent à explorer que celui de causalité, d’ordre mécanique.

♦ A propos du déclin de l’astrologie, dans un chapitre d’Archimède à Einstein (33), Pierre Thuillier prévient :

… tout échec grave de notre civilisation scientifique et technique est susceptible d’engendrer une crise de confiance, de réveiller ou d’accroître les vieilles angoisses et donc de ressusciter plus ou moins durablement le pouvoir des astrologues (et des « mages » en général). Simple éventualité, certes, mais dont la vraisemblance pourrait être confirmée par des observations tout à fait courantes.

Ces lignes d’un épistémologue de haute volée jettent une lumière cruciale – et cruelle – sur les inconséquences de l’anti-astrologie des moins futés. En associant le retour de l’astrologie et son audience croissante à l’inquiétude, l’angoisse, l’insécurité des temps modernes… ces militants paradoxaux dénoncent les méfaits de la « civilisation scientifique et technique » qu’ils croient défendre. Un échec patent qui rend prudent le militantiste d’un rang supérieur. L’argument inepte et rabâché de la précession des équinoxes n’existe plus dans l’Astrologie de Kunth/Zarka. A l’inverse des débutants en anti-astrologie, pour ne pas se tirer sur les pieds et faire des trous dans leurs choses-sûres (34) , ils sont pudiques sur l’inquiétude collective profitable aux astrologues. Une esquive des causes, d’une sagesse en défaut chez l’astronome Paul Couderc mobilisant, dans son Que sais-je ? 1951, l’Education Nationale et la démocratie, contre l’astrologie :

Nous n’avons pas le droit de nous dérober, de rester passifs ni neutres. Dans une démocratie, informer le public sur la nature et la valeur d’une fausse science si antique et si malfaisante, fait partie des fonctions de tout éducateur et de tout homme de science, si désagréable que puisse être la corvée.
Les instituteurs sont cités en premier lieu, car l’enfant doit être averti et mis en garde (je souligne). Dans les Ecoles du Premier degré, l’avertissement, tombant dans un terrain vierge, peut faire lever des générations allergiques (P.Couderc souligne) à l’astrologie qui résisteraient mieux que la nôtre au virus de l’art spéculatoire et à l’abracadabra de ses formules. L’Education Nationale, dont l’efficacité est compromise par cette marée du déraisonnable, devra mettre explicitement au programme des Ecoles la dénonciation de l’astrologie et des commerces associés ou concurrents.
Les Ecoles Normales d’Instituteurs me semblent les milieux qu’il faut armer pour cette lutte etéveiller à l’action en première urgence (je souligne ce vibrant appel aux armes).
Il ne faut pas se dissimuler que le progrès sera lent … [etc.]

Tellement lent qu’en citant une enquête de sociologues, le progrès constaté du Que sais-je ? 2004, est une franche reculade : la « croyance » a contaminé les classes « moyennement » cultivées du secondaire, celles qui corrigent les devoirs des enfants :

Paradoxalement, ceux qui s’intéressent à la science croient davantage (61 %) que ceux qui s’en désintéressent (48 %), le degré de croyance étant maximal (je souligne) pour les personnes de culture scientifique moyenne (niveau d’études secondaires) mais vouant un grand intérêt à la science (35).

Comble de dérision, de nombreux ouvrages d’astrologie sont consacrés à l’éducation des enfants selon leur Signe et celui des parents. Ne manque que le Signe de l’instituteur. Paul Couderc qui, de son vivant, faisait partie des astronomes peu respectueux de la mémoire des morts (Kepler) au-delà du Styx reçoit la monnaie de sa pièce. Son testament, spirituel si l’on peut dire, est pris à rebours. Ses continuateurs, D.Kunth et Ph.Zarka, quoique résolument dans la tradition anti-astrologique, ne sont pas loin d’une résignation fataliste mitigée de nostalgie. Au passage, je recommande l’achat du P.Couderc, une pièce exceptionnelle de collection d’anathèmes, de prédictions ratées sur l’efficacité de la propagande anti-astrologique, un monument d’intolérance scientiste à montrer aux jeunes générations.

La prohibition incite à boire. Le fanatisme indispose. Deux stratégies maladroites qui s’ajoutent aux raisons de défiance ou d’indifférence à l’égard des campagnes contre les « fausses sciences ». Il n’y a pas lieu d’espérer de changement dans la politique de leurs généraux décousus. Comme dirait P. Couderc, il faudra encore de longues années de « progrès » à reculons pour qu’ils admettent une erreur dans leurs plans de bataille. Pour gagner du temps, j’ai proposé, il y a trois décennies, et je propose encore, de combattre l’astrologie en l’enseignant. Ma suggestion n’est pas suicidaire, mais une offre de confrontations qui permettra de connaître toutes les écoles, toutes les opinions, de respecter les vérités historiques et de fournir au public des informations objectives (un mot qui plaît aux « objectifs » de l’anti-astrologie) pour les meilleurs choix possibles entre les délires ou les balisages des protagonistes. Je ne souhaite pas de vainqueur décisif, ni de débats télévisés, les organisateurs de ce genre de spectacle ayant l’habitude de biaiser les astrologues, au sens scientifique et équivoque du terme.

♦ La planète bleue, la Terre, tourne à l’alerte orange sur fond rouge. Déforestation, extinction des espèces, fonte des glaciers, couche d’ozone en passoire, malbouffe, famine, etc. A qui la faute ? Philosophiquement, au duo-duel ontologique, qui implique que toute médaille a son revers et que le progrès avance tout en reculant dans les esprits. Au plan pratique, des réactions, insuffisantes pour les écologistes, ont commencé, au moins par l’énoncé de nouvelles lois : les pollueurs doivent payer, les casseurs doivent casquer. Selon cette logique biblique, il reviendrait aux technosciences de réparer, tant bien que mal, ce qu’elles ont détraqué, et aux sommités scientifiques de sermonner durement (dès leur petite enfance dirait P.Couderc) les politiques, les économistes qui ont un pouvoir de décision. Au lieu de faire pression (au besoin par des pétitions engageant les Prix Nobel) sur les grands responsables de la planète, le Mammouth se gratte les puces et de sa trompe pointe les horoscopes. Disproportion comique entre la toute-puissance de la science et ce qu’elle en fait – tout en se déclarant fondamentalement neutraliste – aux heures graves. Cette attitude est d’une incroyable puérilité. L’homme de la rue attend autre chose de ses héros savants. Il sait que les horoscopes n’y sont pour rien dans la mise en pièces de la couche d’ozone et l’extinction des espèces. Leurs lecteurs et lectrices ne leur accordent pas plus d’importance que les mots croisés, les jeux, les recettes culinaires. Avant de paniquer, les éléphants qui ont peur d’une souris people, devraient lire Jean-Marc Levy-Leblond, scientifique physicien (physique théorique), épistémologue (expérimentateur), écrivain, philosophe et professeur émérite de l’université de Nice.

Une flèche d’un bon sens et d’une lucidité décapante :

Les astronomes se désolent du succès des astrologues et multiplient les démonstrations scientifiques de l’absurdité des horoscopes. Les chimistes s’achar-nent à établir l’inanité moléculaire des prétentions de l’homéopathie. Les médecins prouvent à répétition le manque de fondements biologiques des médecines dites « parallèles » (et qui seraient plutôt obliques). Rien n’y fait.
Mais ces tirs de barrage ne manqueraient-ils pas leur cible ? Quel lecteur régulier (ou lectrice régulière) des horoscopes de la presse populaire croit vraiment que son sort est fixé sans échappatoire par les astres ? Déjà au Moyen Age s’était fait jour une vue moins naïve de l’astrologie, arguant que les planètes n’exerçaient pas une influence causale sur les destinées humaines, mais que leurs figures offraient, comme tout ensemble de signes, un miroir où chacun pouvait apprendre à lire ses propres inclinations. Et puis, les formes de discours neutres, permettant l’établissement de communications humaines sans préalables, ne sont pas si nombreuses : avec les aléas météorologiques, les signes astrologiques offrent un tel terrain minimal et commun. « Beau temps, n’est-ce pas ? » ou « Vous, vous êtes sûrement Gémeaux ? » ne sont-ce pas là les deux formules d’une drague au premier degré (36) ? …

L’adaptation, définie par I.P.Pavlov, est une réponse accordée en intensité et qualité à la qualité et l’intensité du stimulus. Les neurosciences doivent beaucoup aux recherches et résultats d’I.P.Pavlov sur le système nerveux, le conditionnement, ses névroses et ses causes. Sa typologie construite sur la variation en intensité, mobilité, équilibre, des deux processus fondamentaux de l’activité nerveuse supérieure, l’excitation et l’inhibition, est rigoureusement applicable aux types zodiacaux, à partir d’une axiomatique simple. Elle en a fourni une explicative, sans rapport avec la symbolique des Eléments, avec la variation des arcs diurnes/arcs nocturnes, en relation avec celle des déclinaisons. Une variation des signaux que le récepteur amplifie et transforme en signaux et symbolisations abstraites selon son niveau de sensibilité et ses moyens de transformations. En cela, l’humain très inventif, peut se réclamer de ne rien devoir à ses neurones et tout à son esprit. Sauf problème. J’ai également corrélé les fonctions planétaires à trois niveaux d’excitabilité qualitatifs, fort, moyen, faible, à leurs échanges et combinaisons. L’adaptabilité, selon la définition de Pavlov, aide à comprendre la richesse et les limites de l’astrologie. Si, comme l’observation l’atteste, le « signal » astrologique est de l’ordre des intensités faibles à très faibles, il ne peut concerner que des récepteurs adaptés, voire pré-adaptés par l’évolution, à des intensités du même ordre, excluant les signaux forts et trop forts (inhibition protectrice, supraliminaire de la réflexologie). Il est bien connu des praticiens astrologues que l’effet astrologique relève du subtil, et qu’il se vérifie dans les situations, les états de déséquilibre où il suffit d’un rien pour que tout bascule. Je n’irais pas jusqu’à parler d’un écho pour une avalanche, de l’effet papillon, ou de la goutte d’eau qui fait déborder le vase, mais il y a de çà. L’argument des voitures aux masses attractives, de l’accoucheur d’une gravité plus forte, sur l’enfant qui vient de naître, que celle de toutes les planètes, n’est certes pas de l’ordre du subtil, ni de l’honnêteté intellectuelle. On ne compare que ce qui est comparable. Dans leur classification des planètes, les membres éminents de l’UAI (Union Astronomique Internationale) ont omis les critères qui éliminent les accoucheurs, probablement parce qu’ils n’ont pas connaissance de leur période de rotation et du nombre d’enfants qui gravitent autour d’eux. L’argument de l’accoucheur me rappelle l’histoire de l’ivrogne noctambule qui a perdu ses clefs quelque part dans la nuit. En peine de les trouver, il les cherche sous la lumière d’un réverbère parce qu’on y voit plus clair. Réponse inadaptée.

Les gravités planétaires gagnent par leur cohérence et pérennité ce qu’elles n’ont pas en intensité. Si la gravité de Mars ne pèse guère, les astromètres de l’anti-astrologie devraient ajouter que la disparition de l’astre ne changerait rien à l’équilibre du système solaire, à la vie sur Terre et à l’intensité gravifique des Tours de la Défense. Qu’ils osent donc le dire.

L’autre réponse apparemment inadaptée, commentée par Jean-Marc Lévy-Leblond, est celle des tirs de barrage qui manquent leur cible. La réduction de l’astrologie aux horoscopes de presse fait partie du pilonnage facile pour des tireurs peu doués. La réponse est inadaptée du point de vue du problème à résoudre. Du point de vue de l’astronome corporatif elle est, au contraire, adaptée à la volonté conservatrice d’une communauté qui ne court pas le risque d’une solution déstabilisante pour ses acquis. Dans le cas de l’astrologie, la gifle serait de taille. Je traiterai ultérieurement de cet aspect « adapté » de l’inadaptation. Il demande la prise en compte de l’état et de l’historique du couple « stimuli-réponses ». L’opération d’amenuisement de la grande idée astrologique à ses amusements horoscopiques, s’apparente à une recette de l’humoriste Cami (37) pour attraper un lion. Au lieu d’un fusil, il suffit d’une lorgnette et d’une pincette. On s’approche du lion, on le regarde par le bout de la lorgnette qui rapetisse l’image : il n’y a plus qu’à prendre délicatement l’animal avec la pincette. Bonne chasse, les anti. Lisez votre horoscope d’abord.

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Je suis de ceux, signalés par les enquêtes sociologiques qui, tout en adhérant à l’astrologie par la pratique et la théorisation conditionaliste, sont « paradoxalement » attentifs aux théories, découvertes et discours des sciences plus ou moins bien vulgarisées. A ceci près que ce n’est pas de la science instituée que vient la séduction mais de l’esprit scientifique. La nuance est énorme : dehors le paradoxe lorsqu’on ne confond pas la science corporatiste et l’esprit scientifique. L’histoire s’oublie mais ne s’efface pas : l’esprit scientifique a été incarné par des novateurs, en rupture avec le corps scientifique conservateur. Si, ce qu’il y a de réalité démontrable dans l’astrologie, doit être libéré de la prison des symbolistes et du bûcher des scientistes, ce ne peut être qu’avec le secours et les expérimentations d’esprits scientifiques. Les frondeurs ne viendront pas d’une promotion d’astrophysiciens. Plutôt de la biologie où on ne raisonne pas en termes de causalité linéaire identifiant le vivant à une matière morte.

Il ne resterait pas grand chose des pages critiques de Kunth/Zarka s’ils avaient adopté un point de vue différent que celui d’êtres humains assimilés à des robots attirés par la gravité des montagnes et des gros bâtiments. Les robots n’ont pas connu l’histoire de l’apparition de la vie sur Terre. L’homme n’est pas monolithique, les cellules vivantes ne sont pas comparables à des produits manufacturés. La vraie question est de savoir jusqu’où s’étend la biosphère, en déduire, si possible en mesurer les limites, comme on peut observer les différents modes d’adaptation des espèces à la gravité terrestre (38) (source des formes et des tailles) et, pour chaque espèce, tenir compte des sensibilités individuelles. Voir autrement, c’est penser en garagiste devant un handicapé moteur. Et ne pas traiter l’astrologie sous un angle qui crève les yeux dès lors qu’une hypothèse de relation entre un récepteur-sujet et un émetteur-objet est posée, c’est fournir la preuve que l’anti-astrologie n’est pas une pseudo-science mais une anti-science. Même pas un art.

Par rapport à tout ce qui a été balisé contre l’Astrologie, la définition du Nouveau PETIT ROBERT est une sorte d’intervention angélique dans un procès en sorcellerie. Avec la permission du jury, j’ajouterai ceci :

ASTROLOGIE : Premier système d’approche de la globalité fondé sur la pensée analogique et ses correspondances entre le vivant et le non-vivant, équivalent à une résonance présupposée entre cycles d’ordre physique et rythmes d’ordre biologique. En raison de sa dimension philosophique rivale des sciences et religions, l’astrologie a suscité et suscite toujours des polémiques.

En sus de cette définition de neutralité bienveillante, je conclus par la présentation conditionaliste du COMAC (39) réunissant le symbole et le signal :

Astrologie Libre Expérimentale Polémiste, Heuristique

A L E P H
א

Première lettre de l’alphabet hébreu et, en Algèbre : symbole utilisé par Georg Cantor (1845-1918) mathématicien allemand qui, avant d’être consacré, a connu l’incompréhension du conservatisme de ses pairs au point de finir en asile psychiatrique… ce qui ne menace ni les astrologues symbolistes ni le confort intellectuel du collège scientiste. Cantor a décrit sa croyance en la vérité de sa théorie en des termes quasiment religieux :

« … Ma théorie est aussi solide que le roc et toute flèche dirigée contre elle se retournera rapidement contre celui qui l’a lancée. Pourquoi ai-je une telle conviction ? Parce que j’ai étudié tous ces aspects pendant des années, examiné toutes les critiques que l’on peut faire aux nombres infinis et, par dessus tout, parce que j’ai, si l’on peut dire, tiré les racines de cette théorie de la cause première de toutes les choses créées. »
Georg Cantor. Joseph Dauben (40)

Les générations suivantes passeront outre les convictions philosophiques et métaphysiques de Cantor et ne tiendront pas grand compte de ses références à Saint Thomas d’Aquin ou aux pères de l’Eglise : quoique que l’on puisse sans préjudice méconnaître les racines profondément religieuses auxquelles Cantor ancrait sa théorie, il n’empêche que ce sont ces idées qui lui ont permis de poursuivre son étude des nombres transfinis en dépit de l’opposition des autres mathématiciens, opposition qui semble au contraire avoir renforcé sa détermination (je souligne). C’est sa force morale, plus que tout autre qualité, qui fit que sa théorie des ensembles survécut à ses doutes initiaux et acquit une puissance révolutionnaire qui bouleversa la pensée scientifique du XXe siècle.

Ainsi que l’esprit scientifique, l’esprit mathématique n’est pas à meilleure enseigne en cas d’innovation face au dogmatisme conservateur. Il apparaît, qu’à l’exemple de Cantor et de bien d’autres créateurs, pour innover dans l’anti-astrologie, avoir des chances de réussite contre le déluge de l’irrationnel, l’appel à un Saint ou Sainte n’est pas négligeable. Je suggère, aux adversaires de l’astrologie, Sainte Rita, patronne, notamment en Italie, des causes douteuses, ou bien Sainte Cagade, patronne, dans le Midi, des entreprises qui finissent mal. Tandis que, pour bien finir, cet avertissement :

Les critiques de cette page ne concernent que les arguments polémistes des scientifiques, astrophysiciens, astronomes, qui ont adhéré, de fait ou d’esprit, à l’anti-astrologie du rationalisme intégriste.

 

LIVRES CITES :

– D’Archimède à Einstein. Pierre Thuillier. Biblio essais. Fayard. Paris 1988.

 L’hérédité racontée aux parents. J.M.Robert. Ed. Seuil. Paris. 1978.

 Où est passé l’amour. Lucy Vincent (Odile Jacob. Paris. 2008)

– Le retour des astrologues. Club de l’OBS. Paris. 1971).

– Astrologie. Daniel Kunth et Philippe Zarka. Que sais-je ? (rien) Ed. PUF. Paris. 2005.

 Dictionnaire de physique. Aimé-Henri Paulian. J.J.Niel Imprimeur-Libraire. Avignon. 1789.

 Dictionnaire Universel des Sciences des Lettres & des Arts. M.-N. Bouillet. Librairie de L.Hachette et Cie . 1855.

 Des révolutions des orbes célestes. Copernic. Traduction, notes d’A.Koyré. Librairie A.Blanchard.
Paris. 1970.

 Dictionnaire des origines, inventions & découvertes. M.Maigne. Ed. Aug.Boyer et Cie Libraires- Editeurs. Paris.

– Dictionnaire National ou Universel de la Langue Française. M.Bescherelle aîné. Garnier Frères.
Libraires-Editeurs. Paris 1861.


– Dictionnaire des mots et des choses
. Larive et Fleury. A.Houssiaux Editeur. Paris 1917.

 Encyclopédie Alpha. Editions Grange Batelière. Paris. 1967

– La physique et l’enigme du réel. Marceau Felden. Ed. Albin Michel. Paris 1998.

– Kepler astronome astrologue. Gérard Simon. Ed. Gallimard. Paris 1979.

– Le désespoir des singes… et autres bagatelles. F. Hardy. Ed.R.Laffont. Paris. 2008.

 Le Nouveau Petit Robert. Ed. Robert. Paris.2009.

– Uranus. Ed. COMAC. Tourves. 1998.

– Newton. Richard Westfall. Ed. Flammarion. Paris 1994.

– Eléments de cosmogonie astrologique. COMAC. Tourves. 1992.

 Biographie Universelle. Abbé de Feller. Ed. Gauthier Frères. Paris. 1833.

– Les admirables secrets d’Albert le Grand. Nouvel Office d’Edition. Paris. 1965.

– Encyclopédie d’Astronomie. Ed. Atlas.

 Encyclopaedia Universalis. Paris. 1985.

– Galilée et les Indiens. Etienne Klein. Ed. Flammarion. Paris. 2008.

 La quête de l’Unité. E.Klein/Lachièze-Rey. Ed. Albin Michel. Paris 1996.

 Petit voyage dans le monde des quanta. E.Klein. E. Flammarion. Paris. 2004.

– D’Archimède à Einstein. Pierre Thuillier. Ed.Fayard. Paris. 1988.

 Des cailloux dans les choses sûres. Didier Nordon. Ed. Belin. Paris. 1997.

 Impasciences. Jean-Marc Levy-Leblond. Ed.Bayard. Ed.Seuil. Paris. 2003.

 Forme et croissance. D’Arcy Thompson ; Ed.Seuil. Paris 1992.

 La Recherche.

– Cahiers Conditionalistes. Ed.COMAC

 

DOCUMENT ANNEXE :

 

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Jean – Pierre Nicola St Denis sur Huisne, 26 Juillet 1999.
Journaliste Honoraire
Sociétaire de la SCAM et de la SGDL

 

à

MM. E.Klein / M.Lachièze-Rey
c/o M.Michel Cazenave
Editions Albin Michel.
22, rue Huyghens, 75014 Paris.

 

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Objet : A propos de La quête de l’unité (l’aventure de la physique).

 

Messieurs,

Je n’en suis qu’au chapitre 2 et je ne résiste pas à la hâte de vous dire combien je trouve votre livre agréable par l’arrondi (le fondu-enchaîné ?) de ses contrastes, sérieux et léger, précis et panoramique. C’est simple : enfin une oasis dans l’aridité des écrits philosopho-scientifiques. Un livre qui redonne du sens au plaisir de lire.

Je pense sincèrement ainsi… OUI MAIS, vous sacrifiez benoîtement à la mode scientiste anti-astrologique. La page 38 « ‘astrologie caduque… discours bien pauvre, même sur le plan symbolique’ montre que vous n’avez rien lu. Vous n’avez pris aucune peine de vous documenter en suivant d’autres voies que celles des dominants, vainqueurs des sioux et des chaldéens. A quand La quête de l’Inique ? Un beau livre à écrire… mais les éditeurs sont sélectifs, et l’astrologie underground, même chez Albin Michel, est sans intérêt : elle ne rapporte pas. Les délires sur éclipse chez Hachette font les lectures rentables.

Pour votre information, sans présumer de leur destin, je vous adresse quelques documents, dont une lettre récente à Science et Vie (en série) VRP de l’anti-astrologie ad hoc. La brochure « Représentation, Existence, Transcendance du Logoscope » n’est encore qu’un essai, un plan d’ouvrage qui sera édité par notre association de sioux-chaldéens. Dans la bibliographie conditionaliste en 3e de couverture, je vous recommande Le Livre d’Uranus qui traite du passage du Multiple à l’Unique. Il implique l’élimination du niveau médian, « expérimental » ou des perceptions. La réduction du niveau médian (duel) à l’unique, qualifiée de fonction Jupiter élimine le multiple (associé à l’inconnu et à la transcendance dans le sens d’au-delà de l’expérimental). La semi-réduction du niveau Multiple au duel, qualifiée de fonction Neptune, élimine l’Unique. Toutes ces fonctions ont des fonctions symétriques (inverses), et chaque niveau a son homéostasie. Est-ce de l’astrologie caduque ? Ses adeptes ne sont pas prêts de le croire. Précision : ces fonctions « Universelles » n’ont pas été créées par les planètes, ce sont elles qui les ont créées en référentiels Sujet (pour les significations) et en référentiel Objet (pour les fondements astrométriques). Quant au « comment » des relations entre référentiels, à d’autres de les trouver ; à 70 ans, en échange du mépris scientiste, j’ai suffisamment donné.

Dernier document, à propos des nombres entiers en atomistique et dans le système solaire : photocopie d’un bilan de recherches personnelles sur les demi-grands axes des planètes principales (moyenne pour les astéroïdes).

Avec mes meilleurs sentiments.

Jean-Pierre Nicola

 

1 – Cf. D’Archimède à Einstein. Pierre Thuillier. Biblio essais. Fayard. Paris 1988.
2 – L’hérédité racontée aux parents. J.M.Robert. Ed. Seuil. Paris. 1978.
3 – Exemples de volonté de monopolisation du savoir : dans un numéro des Cahiers Rationalistes (n°335) l’astrophysicien Evry Schatzman, interdit aux astrologues d’user du langage scientifique : «  Mais alors, écrit-il dans son homélie, messieurs et mesdames les astrologues, ne nous importunez pas de vos prétentions scientifiques, laissez au vestiaire le beau vocabulaire, les mots dont vous ignorez le sens. » Récemment (janvier 2009), Daniel Kunth, astrophysicien directeur de recherche au CNRS, soutient aux lecteurs du quotidienLibération que pour construire les thèmes de naissance, les astrologues n’ont d’autres recours que les Tables (éphémérides) des astronomes mises à la disposition du public (complaisamment ou à quel prix ?). Les créateurs de logiciels n’ont pas besoin des Tables de M. Kunth, il leur suffit d’utiliser les équations astrométriques qui font partie d’un patrimoine collectif, autant que le « beau vocabulaire » d’E.Schatzman. Un astrologue adoptant le même point de vue de propriétaire du ciel, pourrait rappeler à Daniel Kunth et ses compagnons de croisade que trois lois fondamentales de la mécanique céleste, ont été notoirement découvertes par Johannes Kepler dans sa recherche d’une explicative naturelle de l’astrologie.
4 – Sur l’agressivité des mâles et l’esprit de compétition dans la société cultivée, lire : Où est passé l’amour de Lucy Vincent (Odile Jacob. Paris . 2008) : Les hommes sont perpétuellement dans des rapports de rivalité : leur quête éternelle pour placer leurs spermatozoïdes au détriment des autres hommes est même constitutionnelle ! Le raisonnement du surmâle transparaît chez les sociologues lorsqu’ils interprètent l’intérêt pour l’astrologie selon le sexe. Que ce soit pour la lecture de l’horoscope, la fréquentation des cours, stages, conférences, la consultation ou l’enseignement, la femme est majoritaire dans un taux variant de 60 à 80 %. Selon le sociologue Claude Fischler, l’explication n’est pas à chercher dans une forme d’intelligence (sensibilité à la globalité) qui serait différente de la raison militante, mais dans le fond secret féminin mythologique et magique né de la femme au foyer depuis l’antiquité. Ce beau texte de spermatozoïde machiste mérite la citation : Alors même que la femme échappe de plus en plus à sa solitude ménagère, qu’elle est projetée hors du home dans le monde du travail, du loisir, le fond secret féminin mythologique et magique, né dans l’isolement de la femme au foyer, se transmet à la femme indépendante, passe de la ménagère à la travailleuse, de la mère à la fille, vient ravitailler le néo-ghetto de la condition féminine… (Claude Fischler. Le retour des astrologues. Club de l’OBS. Paris. 1971). Il y a d’autres textes de la même veine chez les scientifiques rationalistes. L’astrologie magicienne révèle le fond mythologique de la femme et le fond préhistorique du sociologue.
5 – Jugement sans appel extrait du dernier Que sais-je ? sur l’Astrologie par Daniel Kunth et Philippe Zarka. Ed. PUF. Paris. 2005.
6 – AFIS (Association Française pour l’information scientifique) : « Promeut la science contre ceux qui nient ses valeurs culturelles, la détournent vers des œuvres malfaisantes ou usent de son nom pour couvrir des entreprises charlatanesques ». Nul ne peut se vanter d’échapper à l’AFIS. Ce pitbull édenté prend vite la mouche. Les astrologues contemporains qui « usent » du nom de la science se comptent sur les doigts de la main, une seule.
7 – Je cite : «  La doctrine conditionaliste souligne le caractère inéluctable de la condition humaine. Un vrai danger pour le libre arbitre, un frein pour les initiatives, et une entrave à la liberté de penser ».
8 – Dans sa typologie, I.P.Pavlov a mis en relation les formes pathologiques, semi-pathologiques, de la lenteur du processus d’excitation avec les idées obsessionnelles, la paranoïa, les tics et tocs, stéréotypes du comportement ou de la pensée. En astrologie conditionaliste, l’inertie d’excitation (L+) est corrélée aux Signes où les arcs diurnes vont en décroissant (quarte d’Eté pour le Soleil). Dans les manifestations positives, les Signes du Cancer, Lion, Vierge, concernés par ce processus, ont été décrits, bien avant Pavlov, tenaces, attachés à leurs habitudes, routiniers (Cancer, Vierge), ambitieux tendus vers un objectif unique (Lion). Cf. Bibliographie conditionaliste.
9 – Cf. Des révolutions des orbes célestes. Copernic. Introduction, traduction et notes par A.Koyré (Librairie scientifique et technique. A.Blanchard. Paris. 1970).
10 – Editeurs : Aug.Boyer et Cie. Il n’est pas fait mention de date. D’après le texte : entre 1855 et 1900.
11 – M.Bescherelle. Bibliothécaire du Louvre, membre de la Société de Statistique Universelle, de la Société Grammaticale, etc. Son dictionnaire a été édité par Garnier Frères. Libraires-Editeurs. Paris.
12 – Alexandre Houssiaux, Editeur. Paris.
13 – Ouvrage publié sous le haut patronage de L.Armand., P.Auger, M.Genevoix, A.Maurois,, J.Piaget, J.Rostand, A.Sauvy. Editions GRANGE BATELIERE. Paris.
14 – La physique et l’énigme du réel. Marceau Felden. Ed. Albin Michel. Paris. 1998. Les italiques de cet extrait du glossaire sont de l’auteur.
15 – l’Astrologie. (Note page 10). Daniel Kunth. Philippe Zarka. PUF. Paris. 2005.
16 – Déclaration fausse. Voir Kepler astronome astrologue, par Gérard Simon, spécialiste de J.Kepler. Editions Gallimard. Paris. 1979.
17 – Le désespoir des singes …et autres bagatelles. Françoise Hardy. Ed.Robert Laffont. Paris.2008. Extrait : « A moins de donner des consultations à des tarifs exorbitants, l’astrologie ne nourrit pas son homme et Jean-Pierre Nicola aura en permanence tiré le diable par la queue, tout comme les astrologues qui se sont ralliés à lui. »
18 – Nouvelle édition : texte remanié et amplifié sous la direction de Josette Rey-Debove et Alain Rey.
19 – Cf. Uranus. Ed.COMAC. 1998.
20 – Newton. Richard Westfall. Flammarion. Paris. 1994.
21 – Article de William Newman. Newton, les alchimistes et la médecine. La Recherche. N° 416.Février 2008. Ed. Société d’éditions Scientifiques. Paris.
22 – Ibid.
23 – Cf. Eléments de cosmogonie astrologique. COMAC. 1992. Article Mises à jour des Cahiers Conditionalistes n°29. COMAC. Tourves. 2004.
24 – En accord avec sa formule existence d’Existence, dans la théorie des âges, le cycle de Mars, autour de deux ans, est en relation avec le stade de la marche, la confrontation avec les objets et les conduites expérimentales.
25 – ALBERT le Grand (saint) • Théologien et philosophe allemand (v. 1193 ou 1206 – 1280). Surnommé le Grand en raison d’une vastes érudition, mal assimilée selon ses critiques. Pour celui qui a rédigé son concentré biographique dans le Petit Robert des noms propres, quoique Grand, Albert n’a pas réussi « vraiment à accorder théologie et philosophie ». Il a trop embrassé. L’Abbé de Feller, auteur d’une Biographie Universelle (Gauthier Frères. Paris 1833) le plaisante : «  Il étendit la logique au-delà de ses bornes, en y mêlant mille subtilités barbares, et beaucoup de choses étrangères. [….] On a dit qu’Albert le Grand avait une tête d’airain, qui répondait sans hésiter à toutes les questions ; comme si une tête artificielle pouvait faire des raisonnements suivis. Mais s’il s’agit précisément d’une tête automatique d’où sortaient quelques sons articulés, on ne peut douter que la chose soit possible, depuis les deux têtes parlantes que l’on a vues à Paris en 1783. » Le duo-duel n’épargne pas Sainte Mère l’Eglise. L’Abbé de Feller ne pouvait pas savoir qu’Albert, qu’il compare à un automate, serait canonisé ; sinon, tels les balisages contemporains, il aurait été d’une moquerie plus jésuite. A sa décharge, il récuse la réputation de magicien : « On lui a attribué de ridicule recueil de secrets, auxquels il n’a pas eu la moindre part. On y trouve même des indécences et des recherches aussi vaines que peu dignes d’un religieux. Tel est, entre autres, celui qui parut à Amsterdam, en 1655, in-12, sous le titre De secretis mulierum et naturae. » Je n’ai pas ce livre dans ma bibliothèque. Par contre, je possède Les admirables secrets d’Albert le Grand, qui lui ont été attribués, édités par le Nouvel Office d’Edition en 1965. Grâce à l’introduction de Claude Seignolle, j’ai appris que la Place Maubert devait son nom à une déformation de Magister Albertus, le Grand Albert. Je n’ai pas testé les recettes pour devenir invisible, vivre en paix avec tout le monde, faire danser une fille en chemise, etc., mais de ce livre d’humour (involontaire ?) parodique, d’imagination sur l’aspiration humaine à tous les pouvoirs, j’ai retiré un talisman moral contre la bêtise des sauveurs de l’Homme et de la Raison par le délire scientiste.
26 – Les excommunications ont également disparus de l’Encyclopédie Astronomie des éditions Atlas, d’Encyclopaedia Universalis (éditeur à Paris) et sur Internet, Wikipédia édite un article d’astrologie conditionaliste, en invitant les détracteurs à répondre. Bien entendu, cette encyclopédie libre a provoqué le tollé des censeurs qui réclament des « experts ». Experts en censure.
27 – L’Astrologie. Daniel Kunth. Philippe Zarka. Opus cité.
28 – Galilée et les Indiens (Allons-nous liquider la science ?). Etienne Klein. Ed. Flammarion. Paris. 2008.
29 – La quête de l’Unité. Etienne Klein/Marc Lachièze-Rey. Ed.Albin Michel. Paris. 1996.
30 – Galilée et les Indiens. Opus cité. J’ai souligné.
31 – L’expérience, le concept, les débats autour de la « non-séparabilité » sont d’une vulgarisation difficile. En principe, pour ne pas se tromper, il vaut mieux éviter d’en parler. Je tenterai de donner dans un autre article une idée de cet aspect de la « réalité » quantique car la polémique est âpre. Pour l’heure, voici le raccourci extrait du Petit voyage dans le monde des quanta (E.Klein. Ed.Flammarion. Paris. 2004) : «  … dans certaines situations particulières deux photons qui ont interagi dans le passé ont des propriétés que leur distance mutuelle, aussi grande soit-elle, ne suffit pas à séparer. Ils constituent un tout inséparable même lorsqu’ils sonttrès éloignés l’un de l’autre : ce qui arrive à l’un des deux, où qu’il soit dans l’univers, est irrémédiablement intriqué avec ce qui arrive à l’autre photon dans un autre lieu de l’univers,comme si un lien quantique, immatériel et instantané, les tenait ensemble. » J’ai souligné les mots les plus aptes à réjouir les adeptes de la spiritualité (et de l’astrologie) quantique. Ce condensé permet d’illustrer le divorce entre profanes et initiés. Les premiers se demandent s’il y a eu une expérience de non-séparabilité entre un photon envoyé sur Sirius, un autre lieu de l’univers très éloigné (8,6 années-lumière) et un autre, casanier, resté sur Terre, attaché au passé, ou un plus grand voyageur qui a quitté son compagnon de laboratoire pour Bételgeuse à 520 années-lumière. L’initié a la réponse. C’est une question de principe, dira-t-il. Il faut admettre que les lois de la physique sont universelles. Ce qui se constate sur Terre selon ces lois est considéré comme applicable à tout l’univers. L’exemple illustre la relation entre la dose et le principe. La non-séparabilité étant admise par des expérimentateurs terrestres (pas tous), au nom du principe de généralisation, la dose des distances est uniformément réduite aux kilomètres congrus qui séparent n’importe quels laboratoires terrestres. Bonne nuit les années-lumière.
32 – En note de l’ouvrage cité, E.Klein précise : « Bien que consacré par l’usage, le terme de « non-séparabilité » n’est pas idéal, pour deux raisons judicieusement relevées par Jean-Marc Lévy-Leblond. D’abord, ce terme est construit sur le mode négatif alors qu’il conviendrait de rendre positivement compte de cette propriété du réel quantique. Ensuite, il est trompeusement concret (je souligne) puisque la séparation, dans la langue ordinaire concerne l’espace ordinaire, alors qu’il s’agit ici, dans le domaine quantique, de l’espace abstrait des états : (suite dans l’ouvrage cité, page 117 ). Jean-Marc Lévy-Leblond a donc récemment proposé de remplacer le mot de « non-séparabilité » par celui « d’implexité. » Un changement de terminologie auquel les astrologues pour qui les distances ne comptent pas davantage que le plein et le vide ne feront guère écho.
33 – D’Archimède à Einstein (les faces cachées de l’invention scientifique). Pierre Thuillier. Biblio Essais. Ed.Fayard. Paris. 1988.
34 – Allusion à Des cailloux dans les choses sûres (diffusion Belin. 1997) de Didier Nordon, chroniqueur à la revue Pour la Science. Enseignant (mathématiques) à l’Université de Bordeaux, son livre « épingle les scientifiques et les politiques qui extraient de la science plus qu’elle ne dit ».
35 – L’Astrologie. Opus cité.
36 – Impasciences. Article : les torts de la raison. Jean-Marc Levy-Leblond. Ed.Bayard. 2000. Ed.Seuil. 2003. Paris.
37 – Pierre Henri Cami (1884-1958). Humoriste, créateur du style « camique », très apprécié de Charlie Chaplin qui voyait en lui le plus grand humoriste du monde. Jacques Prévert, Raymond Devos figurent au nombre de ses admirateurs.
38 – Extrait de Forme et croissance de D’Arcy Thompson. Seuil. Paris.1992. : « La gravité ne concerne pas seulement les actions, mais elle module également la forme de toutes les créatures, jusqu’à la moindre d’entre elle. » Que devient l’argument des « gravités planétaires trop faibles » pour agir sur la vie terrestre, une fois démontré, comme je l’ai fait dans Eléments de CosmogoniAstrologique, que toutes les gravités moyennes des planètes principales (Pluton compris) sont liées entre elles ?
39 – Centre d’Organisation des Méthodes d’Astrologie Conditionaliste. COMAC. Spérel. 83170 .Tourves.
40 – Les mathématiciens. Bibliothèque Pour la Science. Diffusion Belin. Paris. 1996.